CINEMA- LES HOMMES LIBRES: LA MEMOIRE REPAREE

Il y a comme ça des moments de l'histoire que l'on passe sous silence sous pretexte que l'on est pas prêt a affronter cette réalite, puis que l'on oublie. Après avoir été plongé longtemps dans l'ignorance d'un des épisodes de l' histoire de la dernière guerre mondiale avec la france occupée, ISMAEL FERROUKHI  a découvert à  travers un article de journal (le nouvel obs)  l'existence d'une communauté maghrebines de IOO OOO personnes réparties dans plusieurs villes industrielles du pays avec une partie qui a fait de la résistance comme l'imam de la mosquée de paris qui a hébergé des aviateurs anglais, des résistants mais aussi des enfants juifs. La plupart était des enfants de kabyles venue en france à partir de 1919, décidés à vivre en France qui avait colonisée leur terre et placé les pays d'afrique du nord sous protectorat français. Le travail pour la reconstruction de la france ne manquait pas et l'industrie avait besoin d'une main d'oeuvre pas chère. Ces travailleurs taillables et corveables à merci étaient pour beaucoup illétrés, mais la présence de français syndicalistes dans les usines a, peu à peu, aidé a former ces travailleurs qui restaient " des hommes invisibles" ( étranger sans nationalité) à revendiquer et devenir des militants syndicalistes.

Lorsque la guerre a éclatée et que la france a été occupée par l'armée allemande, cette communauté s'est partagée, comme les français, entre la neutralité, la collaboration et la résistance. ismaël Ferrouckhi a opter pour un film qui se sert de la vérité historique comme support à la fiction afin de réparer la mémoire des spectateurs. Il s'est appuyé sur la lecture de documents de l'époque et sur les informations données par deux historiens: un expert du Maghreb et un théoricien de l'Islam en France. L'actuel recteur de la moquée de Paris ayant refusé les autorisations de filmer dans la mosquée, Ferrouckhi a trouvé un lieu qui lui ressemble au Maroc (un ancien palais) pays qui sous le règne de MOHAMED V avait refusé de donner la liste des ressortissants juifs au gouvernement de Vichy.

Pour son histoire il s'est appuyé sur deux héros incarnés par des acteurs de talent :TAHAR RAHIM qui montre comment YOUNES jeune traficant du marché noir qui dans un premier temps accepte de collaborer avec les nazis afin de proteger les siens, va, petit à petit, évoluer au contact d'un chanteur réputé pour sa musique arabo-andalouse, des amis résistants et l'Imam incarné magnifiquement par MICHAEL LONSDALE. Côté ambiance la couleur est froide dans les rues et chaude dans les cabarets,et les hôtel musulmans Pour la musique qui doit incarner le rapprochement immédiat entre les trois religions monothéistes ( chrétienne, musulmane et juive) le choix s'est porté sur ARMAND AMARD dont les trompettes devaient, comme il dit, refléter l' état d'âme du personnage principal.

Pour son film qui est aussi un hommage à l'IMAM KADOUR BEN GHABICT , fondateur de la mosquée de PARIS, Ferroukhi ne nie pas que, peu être, sans même s'en rendre compte, le film de MELVILLE "l'armée des ombres" ait pu l'influencer.

 Il donne là une leçon d'histoire sans apriorisme sur ces "hommes invisibles" qui ont refusé de se laisser avilir pour vivre en "hommes libres" ici et là bas.