CINEMA- PURE : REQUIEM POUR UNE VIE MANQUEE

"pure" le film de la suédoise LYSA LANGSETH a été recompensé à plusieurs reprises dans son pays, ce qui montre qu'il s'agit-là d'un sujet qui touche non seulement par ses qualitées cinématographiques mais aussi par le mal vivre actuel des gens. Dans une interwiew elle explique que c'est à 13 ans qu'elle a découvert en regardant à la télé une pièce de STIG LARSSON quelle s'est demandée si on avait le droit d'écrire comme ça quelque chose d'aussi horrible et drôle à la fois:" j'ai adoré cette pièce et j'ai compris que l'on pouvait écrire ce que l'on voulait et que c'était encore mieux en inventant des choses que personne aimerait vivre en réalité". De la decouverte d'une passion pour le théâtre elle en a fait son métier en aidant à plusieurs mise en scène de pièces et en 2004 en mettant en scène sa propre pièce " l'AIME" qui, dit-elle a reçu un accueil contreversé de la part du public avec des couples qui se sont disputés voir qui ont divorcé. 

Dans cette pièce l'héroïne Katarina faisait un long monologue sur un monde imaginaire qui n'est que dans sa tête qu'il était impossible  de reprendre au cinéma et donc pour son premier long métrage il lui a fallu re-écrire le scénario, mais les questions restent les mêmes: notamment celle de jusqu'où peut-on aller pour sortir d'une situation et entrer dans une autre meilleure? "celui ou celle qui ne sait pas se transformer est condamné à mort" dit-elle. 

Comme Stig LARSSON elle crée des personnages politiques et psychologiques, l'un influençant l'autre et vice-versa: " je n'aime pas les personnages tout noir ou tout blanc; ils sont ennuyeux....Mon héroïne est compliquée, difficile à vivre, ce n'est pas quelqu'un de parfait....La musique est pour elle comme une drogue, une sorte d'échappatoire...le chef d'orchestre est un personnage ambivalent, froid et intelligent qui sait être manipulateur, tout le monde se plie à sa volonté et par ce fait il est habitué à obtenir ce qu'il veut" Au vue de sa façon de raconter on pourrait penser que "Pure" est un film néo-libéral qui ressemble au grand réalisateur d'avant qu'était INGMAR BERGMAN et qu'il vante les mérites de l'individualisme dans le travail et dans la vie pour réussir. Mais quand on écoute LYSA c'est pas aussi simple. Pour elle, c'est le mensonge qui façonne l'être humain "c'est à dire en grande partie l'image que l'on a de soi même, une image façonnée depuis l'enfance et notre position dans la société."

Issue d'un milieu défavorisé son héroine aspire à sortir de sa condition et de se recréer une vie nouvelle. Elle se découvre une passion pour la musique classique à travers le "réquiem" de Mozart. Mais c'est un milieu fermé qui fonctionne avec ses codes et ses conventions. Il faut être d'un autre monde que le sien pour faire partie de ce groupe d'élite culturelle.

La réalisatrice soutient l'idée qu'il n'est pas besoin d'être de ce groupe qui forme un monde à part pour devenir une passionnée de la grande musique même si l'opéra reste le terrain de chasse de la bourgeoisie: " la musique classique reste un monde à part, il faut des codes pour se l'appropier....Avant on s'habillait pour exprimer une idée, aujourd'hui c'est mélangé; c'est une liberté qui prone le mensonge". -Qu'est-ce que le pouvoir et l'identité? se demande la réalisatrice.

L'autre grande question de ce film est lié au tître lui même "PURE". L'héroine aspire à la pureté mais elle ne sait pas ce que c'est, elle ne sait pas la formuler.- Quest-ce que la pureté, comment la formuler? demande la réalisatrice. Est-ce que c'est être élitiste que de considérer qu'une chose est meilleure qu'une autre et de vouloir s'en rapprocher?. Pour elle la pureté est une qualité qui tend à la perfection que l'on atteindra jamais mais qui peut aider à chercher autre chose que la simple réussite matérielle.

Je pense qu'il ne faut pas craindre d'être pris pour une élite que d'aller voir ce film qui est un film de créateur qui cherche et qu'il n'a pas toutes les réponses aux questions qu'il pose.

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Ps: la vignette qui illustre ce commentaire est le dernier tableau (70cm de Diametre) de ma carrière de peintre amateur (1975). Je l'ai choisi parce qu'il y a au centre un bandeau de 4 lignes qui est un extrait d'une partition musicale de MOZART (malheureusement invisible sur la photo).