CINEMA- CARNAGE : REGLEMENT DE COMPTE ENTRE PARENTS

Après avoir étudié la sociologie (université de Nanterre)YASMINA REZA s'est lancée avec bonheur dans l'écriture théatrale pour étudier dans des pièces les comportements humains actuels avec lucidité et humour."LE DIEU CARNAGE"(2007) a été joué dans plusieurs pays avec toujours du succés. Le public a apprécié cette façon, mine de rien, de se moquer de l'âme humaine qui a l'hypocrisie pour art de vivre, particulièrement dans la "haute société" qui se targue d'afficher sa politesse courtoise, sa générosité et sa gentillesse.

Les dialogues sont d'une précision qui font mouche à chaque fois et qui font beaucoup rire. Etre cinglant et drôle à la fois avec des répliques assassines n'est pas donné à tout le monde.Yasmina a sans doute hérité de cela par ces origines juive-Russe-Iranienne. le tître de sa comédie explique que lorsque des personnes, bien sous tout rapport, se révèlent être des adorateurs du dieu carnage, le plus petit différent tourne trés vite à un affrontement féroce en faisant ressortir la mesquinerie des êtres qui se prétendent humains.

ROMAN POLANSKI est de son côté un cinéaste reconnu et un touche à tout connu (courts et longs métrages, 12 pièces de théâtre, 3 opéras.....)avec une liste impressionnantes de récompenses même s'il a connu aussi quelques échecs cinglants. A 78 ans il continue à se mettre des défis artistiques "pour ne pas s'ennuyer" dit-il " j'aime me confronter à la difficulté". Adapter au cinéma "le Dieu Carnage" n'était pas des moindre après ses déboires avec la justice américaine. Surtout que même si, parait-il, il a de l'humour, tous ces films ne sont jamais des comédies où on rit beaucoup. Il se définit comme un artisant plus qu'un artiste et explique son dévolu sur cette pièce par "le fun qu'elle lui avait procuré et le fait qu'il s'agit d'une satire des valeurs bourgeoises conventionnelles, du politiquement correct et de l'hypocrisie des politesses mondaines avec ses sourires factices" en précisant:"j'ai deux enfants et je sais ce que c'est d'essayer d'arranger ce genre de problème". 

ROMAN POLANSKI a fait de son "CARNAGE" un film de 80mn. Il s'est assuré avec la présence de JODIE FOSTER et KATE WINSLET un jeu d'actrices confirmées; JHON RELLY et Christophe WALTZ jouent les maris; Tout ce beau monde s'est renfermé dans un appartement de MANHATTAN pour comprendre pourquoi leurs fils se sont battus alors que jusque-là c'était deux familles qui n'avaient eu aucun problème de violence pour leur enfants?. Avant le tournage il a exigé que chacun des 4 acteurs apprenne tout le texte par coeur.Il a apprécié que les quatre se soient très bien entendus en éprouvant du respect l'un pour l'autre. Cette complicité a levé les dernières craintes de ce réalisateur dont on connait la méticulosité et la grande maitrise technique :"c'était un film qui se déroulait en temps réel dans un lieu restreint. Je n'avais pas peur de ces contraintes d'espace confiné. C'est au contraire séduisant, même si c'est pas facile....J'ai pas triché, il n'y a aucune ellypse"....Ici c'est le texte de théatre qui a primé"..."j'ai utilisé 400 effets numériques (pource qu'on voit par les fenêtres par ex) car je trouve que les nouvelles technologies sont des outils fantastiques". Lorsqu'une de ses comédiennes lui demande qu'il lui explique ce qu'il attend d'elle, il répond :"il faut découvrir tout un univers dans un grain de sable". Il est quelqu'un de pessimiste par nature qui explore le mal sous toutes ses facettes à travers ses films jusqu'aux méandres de l'oppression psychologique en recréant des univers souvent absurdes, presque KAFKAIEN, avec, ici et là, des audaces formelles qui lui sont personnelles.

Comme le fait remarquer KATE WINSLET "Dans une comédie comme "Carnage" tout repose sur le timing"..." c'est très éprouvant pour les nerfs de se mouvoir dans un espace aussi restreint...avec la caméras qui est statique (Polanski aime tourner en gros plan);parfois je sortais pour respirer un peu d'air frais et je revenait sur le plateau revigorée".

Si une crainte demeure pour ce film, c'est que le public ne trouve pas autant d'occasions de rire que dans la pièce de théatre.

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