CINEMA- MILLENIUM - MADE IN USA

DAVID FINCHER a assis sa réputation de bon metteur en scène avec des films comme "L'Etrange histoire de  Benjamin BUTTON", "ZODIAC"(2007) et aussi avec un clip sur une chanson de MADONA (Vogue) qui montrent une réelle recherche esthetique avec une mise en scène rigoriste, soignée. Avec "MILLENIUM" il donne l'impression de galvauder son talent avec une relecture d'un best seller suédois de STIEG LARSSON qui a atteint les 50 millions d'exemplaires dans le monde, et qui a déjà connu, en 2009, une version cinéma. On dirait que pour satisfaire le jeune public américain et conforter l'appetit financier des producteurs, Fincher a pratiqué, avec ce livre, une galvanoplastie cinématographique (reproduction en relief par électrolyse). On retiendra surtout le bon choix des comédiens avec la prometteuse ROONEY MARA qui à fait beaucoup d'effort pour incarner le personnage de cette informaticienne surdouée, Punk, associale mais doué pour démêler les intrigues compliquées.

Fincher a mis 7 mois pour tourner son film en multipliant comme à son habitude le nombre de prises de vue pour avoir un meilleur choix au montage car, à l'inverse de son compère CLINT, il n'est pas un metteur en scène qui se fit à son instinct. Pour les décors il a choisi la ville de STOCKHOLM et la scandinavie hivernale  agrémentée par la musique qui dans ses films occupe une place trés importante.

"millenium" version USA ne fera certainement pas parti des "incontournables" du Thriller mais plus comme un remacke américain de l'original suédois avec le même flot de sang, de torture, le viol et la vengeance.

Reste à comprendre pourquoi le genre polar au cinéma, comme en littérature, est plébicité par le public.

Il y a plusieurs explications à cela. Pour les psychologues, comme il est écrit cette semaine dans un magazine féminin ("Femme Actuelle") la mort, la violence, le mal, l'inhumain sont des aspects qui nous atteignent psychologiquement en nous procurant une sorte de satisfaction intérieure, celle de pouvoir jouer sans risque avec nos bas instincts qui transgressent la morale, les interdits en nous donnant l'occasion d'explorer nos fantasmes cachés. Le polar donne en même temps le désir de chercher, de comprendre, l'envie de se faire enquêteur soi même pendant que se déroule l'intrigue. On devient une sorte d'archétype de SHERLOCK HOLMES qui excellait dans le travail scientifique et psychologique. (A la télévision, des series comme "Esprits criminels" remportent des succés d'audience qui se renouvellent de saison en saison).

C'est aussi un sentiment de révolte ludique contre le caractère mécanique et la standardisation de la vie moderne, on s'évade de la grisaille de la vie quotidienne, on se laisse avoir peur pour oublier le caractère de plus en plus aventureux et incertain de la vie quotidienne (on se distrait par un excès d'aventures dont on est sur qu'à la fin on trouvera la solution). Ce moment d'évasion rend la vie rationnelle; quand on sort d'un film qui se révèle ne pas être trop compliqué à comprendre mais suffisament difficile pour que l'on reste en place jusqu'au bout, on se sent à la fois vidé et soulagé, revigoré? dans la perspective des lendemains dont on ne sait pas de quoi il seront fait.

Stieg LARSSON était un écrivain journaliste Suédois connu pour ses idées anti -fasciste, anti -raciste (il a co écrit "l'extrèmisme de droite" 1991 et "les Démocrates suédois: le mouvement social") avant de se lancer dans un roman policier de 3000 pages "Millénium" auquel il comptait ajouter une dizaine d'autres épisodes (décédé en 2004 crise cardiaque). Connaissant les Américains et la réticence des producteurs à financer quelque chose de trop marqué politiquement, même à travers une fiction, on risque d'être un peu déçu par le "millénium" de David Fincher si on a lu le Tome 1 et vu la version suédoise .

*