Cinéma -littérature : THE INDEPENDANTS:PSYCHOLOGIE HUMAINE

PAPADOPOULOS Alexandros pour l'état civil est un américain qui a dans ses bagages une maîtrise du cinéma (Ucla). Devenu un réalisateur-scénariste plus connu sous le nom de ALEXANDER PAYNE, il engrange les prix depuis 1996 bien qu'il espace ses longs métrages (5 en 15 ans). Il a le don pour bien choisir les acteurs en fonction du scénario. Pour son précédent film " SIDEWAYS" ( meilleur scénario 2005) il avait refusé qu'on lui impose CLOONEY alors qu'avant pour "Monsieur SCHMIDT" il avait choisi le célèbre JACK NICHOLSON pour jouer un ancien courtier en assurance qui perd ses repères (meilleur acteur avec un golden globe): "C'est le pied pour tout le monde quand une star est l'acteur qui correspond le mieux au rôle que vous avez écrit.....Pour "The Indépendants" dés le début j'ai choisi CLOONEY, je sais que la célébrité, le statut de star existe mais c'est pas ça qui compte dans mes films. George Clooney est l'acteur le plus séduisant du cinéma et de la télé, il ne pouvait pas jouer le roi des acteurs besogneux à la télé dans SIDEWAYS; je ne voulais pas qu'on le voit comme ça".

Après Sideways (2004) il a écrit un scénario pour un film qui verra peut-être le jour en 2013 s'il trouve les 70 millions de dollars pour cette comédie satirique qui aura,dit-il, "une dimension science- fiction"? avec peut être avant "Nebraska", une comédie road movie?:" je ne pense qu'à tourner des films toute la journée, chaque jour". Sauf quand survient, comme il y a sept ans, un divorce, un déménagement, une opération..... Il s'était relancé en produisant une série télévisée américaine "Hung"(2009) avant de se lancer dans "the indépendants". On lui avait proposé d'adapter ce roman qui connaissait une très bonne critique en Amérique. Il est d'abord parti à la découverte de HAUI HART HEMMING (voir photo) qui a grandie à HAWAII. Elle non plus n'est pas une personne sans bagage (2 diplômes d'universités américaines) mais  c'était là son premier roman qui a pour fond de décor l'HAWAII contemporaine qui a encore ses grands propriétaires et ses descendants de la royauté Hawaïenne mais aussi une population plongée dans la précarité et l'urbanisation qui menace les terres des ancêtres. Au début elle dit avoir été surpris par ce cinéaste qui abordait son film comme s'il faisait un documentaire. Lors du tournage Payne lui a confié un petit rôle de secrétaire et a utilisé sa famille comme figurants dans une scène de fête de famille. Pour la musique il a fait appel à des musiciens locaux; autant de petites attentions qui mettent en confiance dans ce pays qui est souvent perçu comme un paradis par les riches américains.

Au final on peut dire qu'il a encore une fois été judicieux dans tous ses choix et qu'il a bien adapté ce livre en démontrant, caméra en main, qu'il était toujours fasciné par l'existence des hommes ordinaires qui sont confrontés à des évènements imprévus. Clooney tenant le rôle d'un père soudainement dépassé par le poids des responsabilités, par des enfants qu'il n'a pas vu grandir alors qu'il découvre que sa femme en fin de vie le trompait, un homme mur qui avait tout pour être heureux (gros propriétaire sur l'île) et qui ressent soudain une forte frustration alors qu'il a la responsabilité d'une famille qui part en vrille avec des enfants qui se marginalisent dans l'adolescence. Sa dernière chance de redevenir un vrai père de famille passe par l'apprentissage de la notion d'amour vraie qu'il découvre . Payne et Hemming, avec qui il a travaillé le scénario en détail, font partager au spectateur ce travail de psychologie humaine en évitant la tragi-comédie mais avec des moments d'humour pour maîtriser l'absurde et le terrain trop émotionnel. Ils se servent de la précision chirurgicale du dialogue pour déstabiliser le spectateur trop tranquille qui viendrait à rêver de pouvoir vivre dans cette île de verdure et d'eau douce. Même riche, il arrive qu'on se trouve à pleurer et à rire pour survivre. 

Ce film, déjà projeté en Amérique, a obtenu le golden globe du meilleur film dramatique et G. CLOONEY est toujours en course (avec DUJARDIN) pour le trophée du meilleur acteur (un classement ex aequo  semble souhaitable): "Tout le monde répète qu'on ne l'a jamais vu comme ça, vulnérable, pas sexy, incarnant un personnage en situation d'échec..... Il est beau et intelligent de plus il ne se prend pas au sérieux. J'ai décelé de la douleur chez lui. C'est cette fragilité cachée que j'ai voulu exploiter" (G PAYNE).

Encore un film qui donne envie de découvrir le livre d'un auteur qui promet.

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