CINEMA-LES ADIEUX A LA REINE: MAIS QUE FAIT LE ROI?

BENOIT JACQUOT a adapté au cinéma le roman histoire de CHANTAL THOMAS qui avait obtenu le prix Fémina (2002). Cette écrivain universitaire de 67 ans est une spécialiste de l'histoire du 18e Siècle avec un faible pour Sade et Casanova. Déjà ce premier roman était en décalage avec la réalité, il se présentait comme les souvenirs, 20 ans après, d'une lectrice de 50 ans de la Reine lors des derniers jours passés à VERSAILLES après la prise de la Bastille. C'est une sorte de portraits post mortem avec des évènements qui font que cette écriture de mémoire n'a que peu à voir avec l'histoire. Cela forme une interprétation partielle des évènements  et de l'histoire de France tout en conservant une certaine vraisemblance.

 Dans sa version libre du roman histoire JACQUOT explique qu'il a "fui les citations et banni toute référence cinéphilique pour fabriquer un ton le plus vraisemblable possible. J'adore les films en costumes mais pas l'imagerie". Sa liseuse sera donc une sorte de  jeune reporter qui témoigne d'un évènement et de sa passion pour la reine alors que la marquise de Polignac est plus perverse. Ce trio de lesbiennes est au final assez peu vraisemblable surtout pour l'Autrichienne qui même si elle n'avait pas la dévotion chrétienne de son mari de Roi et si elle s'inquiétait peu du danger pour la noblesse et le clergé elle se souciait avant tout d'elle même et de ses enfants.

L'effacement du ROI dans ce film fait que l'on a du mal à s'imaginer que dans la réalité Louis XVI avait fait de Versailles un endroit où il a mené une sorte de résistance pacive protégé par des Gardes du corps, pensant sans doute qu'avec le temps il viendrait à bout de la révolution en commençant par refuser tout arrêté qui remettait en cause le clergé et la noblesse.Sa dévotion à Dieu et à l'église était ce qui guidait sa conduite. Comme dira Jaures c'était là "une âme mal débrouillée et plus compliquée qu'on ne l'imagine. Il avait parfois de la duplicité dans sa faiblesse mais aussi parfois de la grandeur dans sa bonhomie". Quand la foule envahie Versailles et met à mal ses gardes du corps il apparait au balcon de sa chambre pour supplier la foule d'épargner la vie des Gardes du Corps. Et comme la foule scande "le Roi à paris" il repond:" Oui je reviendrai à Paris mais à condition que ça soit avec ma femme et mes enfants!" (ce qu'il fera le 6 octobre suivant en étant précédé par une foule de gens qui porte des branches d'arbres symbolisant la certitude que désormais la Révolution en marche serait unitaire et démocratique). Jusqu'au bout il pensait faire accepter l'idée qu'il devait rester au dessus de la révolution même si devant l'Assemblée il s'engageait avec la révolution en refusant les maux de la discorde entre le peuple et lui:"le temps reformera ce qui pourra rester de défectueux dans la collection des lois qui auront été l'ouvrage de cette assemblée".

Si on garde ça en mémoire en allant voir le film de Jacquot on peut rentrer dans cette fiction de thriller amoureux où "les protagonistes traversent des étapes psychologiques contrastées, riches en émotions fortes"

La vie dans cette prison dorée qu'était Versailles à l'époque (lieu froid, humide avec des odeurs nausabondes des latrines, surchargés de nobles qui font le pied de grue pour approcher le roi ou voir déambuler ces fantômes blancs qui portent les robes à la Reine) est en proie à la peur panique. Comme dit THOMAS : "les histoires de sacrifices laissent un goût amer quand elles ne sont pas soutenues par une profonde conviction religieuse"

Jacquot est quelqu'un qui aime bien filmer l'amour, la sensualité féminine, l'éveil des sens; ici il ajoute l'effet dynamique de la caméra à l'épaule. Son austérité habituelle a fait place pour l'heure à une débauche de nudités que l'on imagine parfumée au Jasmin (pomade parfum de la Reine).

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Comments

[dasola]

Bonsoir Alex, qu'est ce que j'ai aimé ce film vu ce week-end. Billet à venir. Bonne soirée.