Deux jeunes cinéastes Chiliens - SEBASTIAN SILVA et PEDRO PEIRANO- ont écrit une histoire sur un couple de personnes agées avec l'envie de donner le premier rôle à celle qui est restée à plus de 90 ans une légende du théâtre Chilien. La difficulté était de laisser le couple dans son lieu de vie habituel, un appartement bourgeois au 8 ième étage dans Santiago du Chili, avec leurs vieux chats. Transformer un logement avec beaucoup de bibelots et tableaux en studio n'est pas une chose aisée. Le tournage des séquences a dû se faire avec une équipe réduite et avec de longues prises pour suivre les personnages dans leurs déplacements (y compris les chats) ce qui a nécessité avant un repérage minutieux pour mutiplier les angles et un recourt aux gros plans pour donner à voir les émotions à travers les yeux des personnages, pour comme dit le réalisateur "ouvrir des espaces infinis et aérer le film" qui ne compte que quelques scènes à l'extérieur (la fontaine et le jardin public qui rendent le sourire à cette dame qui est enfermée le reste du temps entre quatre murs).
Le thème est en deux partie: La première qui donne à voir les difficultées quotidiennes d'une dame de 90 ans qui a du mal à rester une personne valide et indépendante (douleurs physiques) et qui plus est souffre par moment de pertes de mémoire et de repères. A ces aléas du quotidien il faut ajouter les aléas extérieurs (pannes d'ascenceur) qui obligent à rester enfermé et coupé du monde. La présence des chats apparait alors comme une compagnie qui remonte le moral.
La deuxième partie c'est l'arrivée impromptue d'une jeune personne à problèmes avec son amie après une longue abscence car cette fille vient avec l'intention de déloger ses parents pour solutionner sans doute ses problèmes d'argent (loyer, achat de stupéfiants, vie d'actrice marginale frustrée et de femme homosexuelle). Ressortent alors les aigreurs accumulées au fil des ans entre cette mère qui n'a rien fait pour s'occuper de son enfant et cette fille devenue une adulte brisée qui a fini par haïr sa famille qui l'a laissée aller à l'abandon. La confrontation va s'averer rude, cinglante, éprouvante avec des courts moments drôles. Petit à petit se dévoile la vraie nature des personnes. Le manque d'affection ne justifie pas tout mais expique bien des choses.
BELGICA CASTRO, son mari ALEJANDRO (passionné de chats) et CLAUDIA CELEDON incarnent une de ces familles du Chili d'aujourd'hui. C'est un film de 1h 29 qui a été tourné en 2010 et présenté dans plusieurs festivals en 2011. Ce film confirme l'attirance de la nouvelle génération du cinéma chilien pour les films où la politique est faite par sous entendu et le passé laissé à l'histoire.
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En relisant ce commentaire j'ai repensé à un reportage de ARTE sur la vie de l'écrivain SUISSE ANNE MARIE SCHWARZENBACH que m'a faite découvrir Laure KALANGEL sur son blog : http://laurkadelsol.blogspot.fr/
Cette fille de riche industriel suisse avait souffert du rejet de sa famille à cause de ses penchants sexuel pour les femmes. Comme l'écrit Laure " cette histoire illustre aussi le déracinement historique de toute cette génération après l'effondrement des valeurs qui a résulté de la première guerre mondiale". Dans "les vieux chats" il semble que ce déracinement et la perte des valeurs aient résulté de la dictature PINOCHET.