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21 mai 2012

CINEMA- SUR LA ROUTE : VOYAGE INITIATIQUE D'UN PAUME

road moviesJe me suis longtemps demandé  quel genre était vraiment le "road movie" issue des années 60 ?. Aujourd'hui avec le film de WALTER SALLES que lui a trouvé FRANCIS FORD COPPOLA, je commence à y voir plus clair. "LA ROUTE" est l'élément essentiel, pas simplement le décor de fond non, un lieu de vie à sens unique qu'on parcours à toute vitesse sans beaucoup profiter des rencontres imprévues, du paysage; juste quelques stations d'essence et des aires de repos qui permettent de souffler quelques minutes, le temps que le moteur refroidisse et que le coeur déstresse. On vide, on remplie et on repart. On appelle cela de la restauration rapide du physique et du mental.

JAK KEROUAC, l'auteur du roman autobiographique, était parti trois semaines avec comme carnet de voyage un rouleau de papier de 36mêtres. Né en 1922, ce canadien Français du MASSACHUSSETT avait un temps fait plaisir à papa, maman en remportant un tître de champion du foot-ball américain avec l'Unversity of Columbia. L'Amérique avait du mal à sortir de la dépression, comme le montre le fameux livre de JOHN STENBECK " les raisins de la Colère" (1940) qui fera l'objet d'une adapatation  au cinéma non moins fabuleuse de JOHN FORD. Il se convertit en agent d'assurance pour finir, en 1950, par écrire un premier roman inspiré par la lecture d'une nouvelle de THOMAS WOLF "avant la route". Avec pareil tître on savait qu'il y aurait une suite qui en 1952 s'est traduite par le voyage de trois semaines sur les routes qui mènent vers le mexique. Le livre sera publié en 1957:"La route est pure, elle rattache les hommes des villes aux grandes forces de la nature...des restaurants bordent la grande route, des postes à essences, faubourg des ville qu'elle traverse....amitié, amours de passage se nouent...C'est la route de la vie....".Le JAZZ  qu'il a découvert à Harlem est la musique qui berce ses nuits. Devenu alcoolique comme son père, il plonge dans la drogue et devient un paumé parmi les paumés après avoir essayé un temps une initiation au bouddisme. Il gardera toute sa courte vie cette nostalgie des grands espaces (il est mort à 47 ans en 1969 après trois mariages défectueux). Son livre lui a survecu en lançant la mode "BEAT" ces vagabonds qui voyagent la plupart du temps clandestinement à bord des wagons marchandises lorsque le voyage en stop avait échoué. BEAT qui deviendront des BEATNIKS, ces ados, cheveux longs, mal foutus qui trainent nu pieds comme des sortes de moines bouddhistes que la drogue transforme en clochards.

COPPOLA avait racheté les droits du livre en 1968 et avait essayé, sans succès, d'en confier l'adaptation à Jean Luc GODARD puis GUS VAN SAM. C'est donc le Brésilien WALTER SALLES qui en a hérité il y a 5 ans (il avait lu le livre en version originale en 1970 et l'avait beaucoup apprécié :" tout ce qu'il racontait était le contraire de ce que je vivais au Brésil (sous le régime des militaires). J'étais fasciné par la quête de liberté de Dean,Sal et Carlo; leur soif de tout expérimenter...L'émotion du roman ne m'a jamais quitté mais ma passion pour le livre ne me semblait pas un passeport suffisant pour en faire un film". Pendant  5 ans il a refait, entre deux tournages, la route du héros puis, avant de commencer à filmer, lorsqu'il a eu trouvé le financement, il a demandé aux acteurs retenus de partir avec lui pendant 6 mois, le temps que chacun construise son rôle dans ce voyage initiatique pour essayer de réinventer le monde américain, de le transformer en un monde nouveau.

Aujourd'hui tout le monde parmi la jeunesse n'a pas encore compris que la Drogue et le sexe ne donneront jamais naissance au monde de liberté dont ils rêvent. "Sur la route" n'est pas un film nostalgique; on ne sort pas indemne de pareille expérience et la finance continue tranquillement sa dictature mondialiste:

"j'espère que mon film fera comprendre aux jeunes d'aujourd'hui qu'il ne sert à rien de vivre par procuration...Il faut vivre à la première personne et écrire sa propre histoire. C'est ça qui permet d'être libre et de changer le monde"

Ce film de 2 h 20 est aussi en compétition à Cannes. A partir de Mercredi vous pourrez là encore le découvrir sur grand écran et porter votre appréciation sur ce pari risqué.

*

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Commentaires
M
livre culte, cela m'a toujours étonnée qu'il ne sorte pas en film! voilà qui est fait! vu l'état de notre société, et le nombre de paumés qu'elle engendre, c'est peut être justement le bon moment de le réaliser
G
J'ai jamais lu ce bouquin mais un copain me l'avait conseillé, au retour de mon voyage en Islande. J'étais en pleine dépression à cause de mon taf et du manque d'amour de ma copine qui me largua peu après. Mais l'Islande a été une révélation : les grands espaces, des rencontres, et surtout une rencontre : être là avec soi-même, pour soi-même, dans un décor sauvage et pur. Je me souviendrai toute ma vie de ce moment, et de l'endroit précis où c'est arrivé.<br /> <br /> On a tous besoin d'une "route" pour se trouver.<br /> <br /> L'alcool et la drogue n'aident pas : ils peuvent être un vrai plaisir (encore que cela dépend franchement de leur niveau de toxicité), et doivent le rester sans se mettre en danger. Ils ne doit pas être vecteur d'illusion, parce que la frustration et le dégoût peuvent être terribles.
y a quoi à chercher ?
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