Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
y a quoi à chercher ?
17 août 2012

CINEMA- LA SERVANTE : LE NOIR ET BLANC LUI VA BIEN

critique-la-servante-kim13 oui

Décidément cet été, pour combler les vides, on a décidé de nous faire redécouvrir quelques grands films. Pourquoi dans ce cas s'en priver? encore que dans le cas de "la servante" qui sort cette semaine le nombre de salles doit être limité. Mais enfin, ça donne l'occasion de parler des beaux films, de compléter nos manques...

KIM KY YOUNG est un réalisateur sud Coréen qui a eut une drôle de destinée comme ses films; sur les 32 qu'il a tourné dont deux remakes de La servante, il parait qu'il en reste trés peu de visible. La version originale de "la servante" avait elle-même beaucoup souffert (c'était un gruyère). Grâce à la fondation de Martin SCORSESE, avec le cinéma coréen, il a pu être restauré en version numérique (les trous étant bouchés avec une version espagnole), ceci pour la petite histoire. KiM avait fait des études en médecine et sa femme était médecin; dans beaucoup de ses films il parlait du FEU comme d'une obsession et son dernier film s'intitulait : une expérience qui vaut la peine de mourir"!. Comble de l'ironie, lui et sa femme ont péris dans l'incendie de leur maison en 1998 (il avait 79 ans).

Très certainement que pour tourner la servante, il avait revu quelques films d' HITCHCOCK, mais pour cette histoire il s'est inspiré de la théorie de FREUD pour expliquer comment des adultes peuvent régresser dans l'enfance et devenir ultra violent. Le sujet lui avait était inspiré par la lecture, dans un journal, d'un fait divers où une servante jalouse avait tuée un enfant de 5 ans pour se venger de son patron. Il s'etait aussi rappelé que pendant ses études il avait apprécié de pouvoir observer comment certains insectes femelles dévoraient les males après l'accouplement. Pour chacun des personnages il décida donc de les traiter comme s'il avait un bistouri à la place de sa caméra dans les mains.

A cinquante ans il avait décidé de sortir du réalisme ambiant du cinéma de rue Coréen d'alors. Faut dire que le contexte politique s'y prêtait un peu. La Corée du Sud était sortie de la guerre, mais après une crise économique elle venait de connaître son coup d'Etat  militaire, et lui jugeait que la société était en train de devenir absurde avec les promesses insensées sur le modèle américain. Jusqu'alors la famille Coréenne vivait de manière simple et là il observait que les couple étaient en train de s'embourgeoiser. Comme il était un homme engagé, il décida de réagir à travers la servante en rappelant au final aux spectateurs-voyeurs que cette histoire pouvait leurs arriver à eux aussi et que  rien ne vaut la vie familliale traditionnelle (à condition d'écarter tout intrus). Autre mise en garde plus politique :  la violence manifestée par la servante diabolique n'est qu'une juste revanche sur le male dominateur de la société qui s'embourgeoise. Restait à transposer tout cela en images. Un fois encore le noir et blanc s'imposait. restait à bâtir le scénario de cette descente en enfer avec des séquences qui entretiennent le suspens en faisant grandir l'angoisse, la révolte des spectateurs.

Donc au départ une famille simple, unies, heureuse, le père et la mère travaille, elle est toute la journée avec sa machine à coudre, lui est un professeur de piano qui divertit les ouvrières après leur travail (elles ont le choix entre la musique ou le sport, beaucoup optent pour la musique car le professeur est jeune et beau). le pianiste finit par céder aux avances d'une fille mais en concevant ce rapport comme une aventure sans suite , sauf que la démoiselle se scuicide pour ne pas avoir à supporter le déshonneur. Et là, tout bascule car l'amie de la scuicidée décide de la venger en profitant des circonstances (le professeur  et sa famille aménagent une maison plus grande à un étage, et sa femme réussie à le convaincre de prendre une servante pour s'occuper du ménage et de la cuisine). Cette amie, mal intentionnée, réussie à séduire le prof en se  faisant donner des cours de piano particulier chez lui et elle lui propose de prendre quelqu'un qu'elle connait comme servante. Partant de la tout va s'enchainer dans l'horreur jusqu'au chantage et au meurtre.

La maison est là pour symboliser l'ascension sociale de l'homme ( Il est au premier étage avec son piano et fume beaucoup dans une piece spacieuse et joliment vitrée. Le rez de chaussé est le bas niveau des femmes; la mére dans la piéce qui lui sert d'atelier et la servante dans la cuisine, avec les rats). Les pièces sont remplies d'objets hétéroclites, de tableaux,etc. Ce décor souligne le côté baroque, dementiel de ce lieux de vie qui accentue la paranoia qui s'instaure.

Kim maitrise parfaitement les effets symboliques du décor (l'escalier symbolise l'ascension sociale dont rêve la servante mais c'est un endroit qui lui est interdit et quelle maitrise pas comme sa cuisine) comme avant lui CHARLIE CHAPLIN et d'autres. Il place l'éclairage pour accentuer les effets, il cadre avec des gros plans,  joue du travelling. La  mise en scène réalisée par Kim est digne des réalisateurs  de la nouvelle vague.

Le film a tellement choqué à sa sortie que dans la salle on entendait des femmes crier "tuez cette salope!" et que l'actrice qui incarnait la servante a du arrêter de faire du cinéma pour éviter d'être continuellement agréssée dans la rue.

Au final, ce film de "Mr Monster" se présente comme un thriller de l'horreur et pas comme un simple drame familial comme on en voit encore de nos jours se produire . La force de Kim est d'avoir su jouer en mélangeant le grotesque, l'érotisme avec des instants de violence extrême. Mais clin d'oeil du réalisateur dans la scène finale, c'est l'Homme qui raconte à sa femme le faits divers qu'il vient de découvrir dans son journal (pour illustrer son générique au départ il avait montré un enfant qui triture un fil en l'entrelaçant entre ses doigts pour obtenir des figures complexes). On a qualifié ce film de baroque et de démentiel et de film sociologique (qui traite des faits sociaux et l'évolution de la société humaine de façon à préparer les spectateurs coréens  à prévoir l'avenir); comme dirait un philosophe c'est la philosophie des non philosophes. Dans tous les cas c'est une oeuvre artistique à redécouvrir dans les écoles du cinéma car il sert l'histoire.

Durée 111 minutes. Ames sensibles s'abstenir. On vous laisse répondre à la question: les humains sont -ils capables de commettre des horreurs quand on leur fait miroiter l'amour?

*

Publicité
Publicité
Commentaires
y a quoi à chercher ?
Publicité
Publicité