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1 septembre 2012

CINEMA- MONSIEUR LAZHAR : EXPLICATION DE TEXTE

 

philippe-falardeauSi on cherche un Film qui donne envie de faire une bonne rentrée cinématographique "MONSIEUR LAZHARD" est tout indiqué. Il est l'oeuvre d'un jeune réalisateur Québécois de 44 ans: PHILIPPE FALARDEAU avec un Comédien dont on ne parle pas encore assez  MOHAMED FELLAG.

Les Thèmes traités à travers ce long métrage de 1h 35mn sont nombreux, variés et tous importants à cerner. Dire qu'il est adapté d'une pièce de théâtre d'EVELYNE DE LA CHENELIERE est loin d'être suffisant car FALARDEAU l'a décortiqué avec une grande minutie et beaucoup de talent, de délicatesse et de sagesse.

33830mazhar fellag"Comment filmer le verbe?, fut la question qui m'a accompagné durant la réalisation de ce film". Philippe Falardeau est diplômé des sciences politiques et réalisations internationales ce qui n'empèche pas d'avoir aussi de  l'humour:"mon cheminement s'est fait de manière aléatoire, par pure coincidence; c'est comme un être debout dans un hall de gare, des trains à destinations différentes s'arrêtent et il faut monter dans l'un d'entre eux, sans que l'on sache si on fera le bon choix, mais il faut se fier à notre instinct....Il faut insister sur l'importance de l'instinct". Les tîtres de ses 3 précédents films (il avait fait aussi plus de 20 court-métrages documentaires) en disent long sur sa diversité de réalisateur-scénariste: "La moitié gauche du frigo" (2000),"Congorama" (film de cloture à la quinzaine des réalisateurs de Cannes 2008), "Ce n'est pas moi, je le jure" (adaptation du roman de Bruno HEBERT, meilleur film d'Atlantique):

"J'avais envie d'écrire un film qui célèbre la richesse de la langue Française. Un film qui montre que l'on peut passer à travers les évènements dramatiques grâce aux "mots". Eduquer n'est pas seulement apprendre le calcul ou les bonnes manières, c'est aussi apprendre à parler des tabous comme la mort par exemple. J'aime explorer la parole car on ne maitrise pas du tout les mots qui peuvent renfermer comme libérer.... FELLAG est un acteur, un homme de scène qui amène sa dimenssion littéraire, son amour de la langue Française. Physiquement, il a ce côté rassurant, malgré sa tête d'étranger. On accepte qu'il soit un pilier pour les enfants. L'idée que l'homme qui vient d'une communauté arabophone ne soit pas un térroriste potentiel est importante....j'ai rencontré des professeurs qui, à un moment donné, m'ont donné envie d'aller plus loin grâce à leur méthode d'enseignement qui piquait ma curiosité";

L'histoire de ce film est celle d'un Algérien qui a immigré au Canada après que sa femme, institutrice qui malgré la menace intégriste avait voulue rester pour finir l'année scolaire, a été assassinée. Au canada, il apprend qu'une institutrice s'est pendue dans une classe d'école du primaire. Il postule pour le poste que tout le monde refuse en disant qu'il a enseigné 19 ans en Algérie, malgré qu'il risque d'être expulsé si la commission ne lui reconnait pas le tître de "réfugier politique". Deux raisons guident son inconscient: Pour lui sa femme a fait un acte conscient de courage en continuant d'exercer son mêtier, en connaissance de cause, comme une combattante qui a lutté non pas parce qu'elle y était contrainte mais pour préserver l'avenir des élèves de sa classe. Le scuicide de cette enseignante qui était aimée des élèves est pour lui comme un désaveux de courage; il est en colère parce qu'il pense que ce geste violent risque d'avoir des répercussions sur les éleves qui sont eux aussi des innocents. Il ne comprend pas cette façon de mettre fin ainsi  à son mal être intime, c'est pourquoi, en quelque sorte, il décide de devenir un enseignant qui va aussi faire un travail d'éducateur avec une classe d'élèves qui viennent de tous horizons ( des parents viendront lui demander de se contenter d'enseigner et de ne pas s'occuper de l'éducation de leur enfants). Il va surmonter le fossé culturel qui le sépare des enseignants canadiens en cachant à eux comme aux élèves ce qu'il cache en lui. L'important pour lui c'est les autres; il pense que c'est dans l'enseignement que se trouve la solution (la paix?) viendra si on sait communiquer: "c'est toute la question de la codification des rapports entre les enfants et les adultes en milieu scolaire. La question est extrêment délicate et constitue le pivot dramatique du film....Je considère l'enseignement comme un acte de Résistance. Pour moi les enseignants font partie des héros modernes. Mon film est une ode à cela et pas une critique du système d'enseignement".

Dans son film il traite du "mal être" en précisant:" il ne suffit pas de dire "le mal être" pour que les symptomes s'estompent mais déjà en parler fait du bien". Il évoque l'intégration de "l'autre", la capacité de la société à intégrer l'immigrant; il parle de l'éducation ( pour lui, il faut que chacun soit à sa place; l'enfant est un élève, le maître  doit oublier ses tracas personnel pour enseigner et accompagner les enfants à comprendre. La pression qui pèse sur ses épaules ne doit pas s'erxercer sur les enfants).

Le deuil, la mort sont abordés de manière directe, mais l'amour de la langue Française du maitre (il parle de "la peau de chagin" de BALZAC) montre que le réalisateur s'intéresse à la façon dont on enseigne le français et à la façon dont on enseigne la grammaire "les changements même subtils ont besoin d'un pilier solide (le maître)" ; Lorsque Lazhard est intérrogé par la commission de l'immigration qui lui dit que l'Algérie semble avoir fait un retour à la normale, Lazhar à cette réponse: " rien n'est jamais tout à fait normal en Algérie"; aux élèves il leurs expliquent qu'il sont en période de mutation, entre la chenille et le papillon. Comme dit le réalisateur c'est la bataille de la vie: il faut avancer et rire pour exister et s'en sortir , c'est ce qui ressort de ce beau film. On comprend que FALARDEAU nous dise qu'il a passé 3 ans sous les néons de la Bibliothèque à lire et à rédiger des dissertations pour colorer sa vision des choses.

Au final je trouve que ce film est une belle réalisation, belle et utile pour la période.

Pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore bien les talents divers de FELLAG notamment ses talents d'humoriste allez donc faire un tour sur You TUBE. Il y a aussi ses livres "Rue des petites Daurades" (2001), "l'allumeur des rêves (2007) et "le mécano du vendredi" (lattes).

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Commentaires
D
Bonjour Alex, très beau film en effet avec un Fellag excellent. J'aurais adoré avoir un prof comme lui (courtois et posé). Bonne journée.
L
Ce rapport direct de la mort à la vie me semble vivifiant et salutaire das ces temps ou le morbide s'empare progressivement de toute chose...j'irai voir...
G
ça me plait comme histoire, notamment dans la combattivité pour l'éducation, malgré un contexte compliqué.<br /> <br /> Et puis il faut garder à l'esprit que plus on investit dans l'éducation et la culture (ce qui inclut sport, l'art en général, ou tout autre activité ludique) ça diminue considérablement le risque de criminalité. Les ados apprennent ainsi à réfléchir, à critiquer, et à se battre dans le bon sens.<br /> <br /> L'éducation devrait être un axe de lutte permanent et privilégié.
M
salut alex! je ne connais ni fellag ni falardeau, et ce film né de la réunion de ces 2 personnalités me semble tout à fait excellent pour inaugurer ma rentrée cinéma. <br /> <br /> j'adore également son titre "la moitié gauche du frigo" bien intrigant, j'observerai le mien pour savoir si inconciemment on range son frigo comme son cerveau
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