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30 septembre 2012

CINEMA- DESPUES DE LUCIA: LA OU LA VIOLENCE PASSE

150_150273 michel franco

Le réalisateur mexicain MICHEL FRANCO, 33 ans, formé au film académy de New-york, s'est inspiré d'une expérience personnelle pour nous livrer un second film après "daniel y ana" (un frère et sa soeur sont kinappés et voient leurs vie se briser en quelques heures):"Je m'interroge depuis qu'un proche de moi ne parvenait pas à surmonter un deuil: qu'est-ce qui se passe quand on n'accepte pas la mort d'un être au point d'en oublier de faire attention à ceux qui reste?".

Dans sa façon de filmer son premier long métrage on avait noté l'influence du cinéma de MICHAEL HANEKE ce qu'il n'avait pas nié: "je ne sais pas si c'est une influence ou si j'ai beaucoup volé mais c'est un de mes réalisateurs préférés. J'aime son aspect analytique et la confiance qu'il accorde aux spectateurs".

Remarqué au festival de Cannes, ce jeune avait été retenue pour la cinéformation qui aide les jeunes à se professionnaliser et qui projette leur film au festival. C'est là qu'il avait terminé l'écriture du scénario de "Despues de Lucia" et qu'il avait appris à modifier sa façon de filmer "je ne tourne plus comme avant une scène en fonction d'une règle immuable préétablie, mais selon ce qu'elle nécessite sur le moment; je ne suis plus prisonnier de mes propres dogmes, mais libre d'expérimenter. J'ai même tourné quelques scènes avec plusieurs caméras, ce qui me semblait sacrilège au paravent".

Pour ce film il a utilisé des non professionnels mais, précise- t-il," tous avaient la sensibilité nécessaire pour donner de la crédibilité à leurs rôles et pour comprendre le processus de réalisation du film".....Cela m'a demandé un travail d'écoute pour être spontané; j'ai passé beaucoup de temps avec ce groupe d'enfants pendant la préparation; arrivé au tournage ils étaient assez confiants pour improviser, assez forts pour prendre ce risque calculé dans l'espoir de créer des scènes spontanées crédibles"....Il était important pour moi que les scènes les plus brutales se déroulent hors champ de façon à ne pas dramatiser car cela aurait créé de la distance entre nous et l'action à l'écran. J'avais l'avantage d'avoir pour écrire la plus grande partiie des personnages, en sachant exactement qui allait les interpréter; le processus devient alors plus interessant et les personnages restent justes et à la mesure des interprètes".

FRANCO explique le choix de ce second film par les évènements violents qui ont lieu au  Mexique : "Nous vivons aujourd'hui une sorte de guerre civile. Cela se fait de manière très violente mais ce n'est pas le seul cas, mon histoire pourrait se passer n'importe où ailleurs. Les récents évènements en Norvège, aux USA, partout, montrent une société grangréné par la violence...tout le monde parle du "BULLYING" (Harcellement scolaire), de la même manière qu'on parle de la consommation des drogues. Dans les écoles des jeux, apparament inofensifs, dissimulent de gros enjeux de pouvoirs". Je n'ai pas voulu faire une simple étude du bullying, analyser à grande échelle ce phénomène; le harcellemnt scolaire, en lui même, ne m'interressait pas. On m'a demandé de faire des interventions dans les classes des lycées, mais je ne suis pas un militant social; je crois qu'en observant de près un cas concret particulier on peut mieux comprendre le cadre général...La violence n'est pas seulement à l'école, elle est partout, dans la rue, au travail , à la maison". (il a décidé de l'étudier sous toutes ses formes).

Dans ce film, grand prix du jury d'"un certain regard" (Cannes 2012), il parle de l'impossibilité de communiquer entre un père qui a du mal à faire le deuil de la disparition de sa femme et une adolescente qui ne veut pas l'ennuyer avec ses problèmes personnels, si ce n'est par le mensonge et le repli sur soi. Pour Franco le mensonge relève aussi d'une grande violence, car il peut entrainer la culpabilité, voir la vengeance; il donne une vision très sombre de la société et donc trés violente. Pour aider le spectateur à supporter l'insupportable et comprendre ce qui se passe, il raconte son histoire en donnant deux points de vue: celui du père qui n'a rien vu venir et qui s'intérroge sur ce qu'il est arrivé à sa fille dans son nouveau lycée et le point de vue de cette fille qui subie passivement son calvaire sans rien dire à personne. C'est d'un réalisme cruel comme l'est la violence engendré par un groupe d'élèves qui n'ont pas le sentiment d'être des monstres de cruauté, parce que à l'extérieur la violence est partout.

On s'interroge sur cette impossibilité de communiquer quand on est confronté à la barbarie d'autres et qu'on sert de souffre douleur, si on  refuse soi même de céder à la violence. Ca pose aussi la question :peut-on aider quelqu'un qui ne veut pas être aidé?

La jeune comédienne TESSA-LA incarne Alejandra et a reussie à faire pleurer le public qui a assisté à la projection de Cannes sans apparaitre ni comme une sainte, ni comme une martyr; elle veut seulement épargner un autre souffrance à son père. Comme dit le réalisateur".:"ce sont ces bonnes intentions qui vont les mener au désastre". je veux, dit-il, que mon cinéma ressemble à la vie et la vie n'est pas unidimensionnelle. Je voulais donner de la profondeur à mon film sans qu'il soit froid et distant". Il y parvient avec des longs plans fixes, rigides qui maintiennent une nécessaire distanciation avec le public et une mise en scène viscérale qui ne relève pas du reportage documetaire des faits divers.

Durée du film : 1h 45 mn; gageons que les parents qui iront le voir avec leurs ados auront beaucoup de choses à se dire à la sortie.

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Commentaires
M
un thème malheureusement d'actualité
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