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7 octobre 2012

CINEMA- DANS LA MAISON : L'ELEVE DEPASSE LE MAITRE

ma maisonInspiré par la pièce Espagnole de JUAN MAYORGA ("Le garçon du dernier rang") FRANCOIS OZON a saisi l'occasion de parler "indirectement", comme il dit, de son travail, du cinéma en usant de ses talents de metteur en scène pour faire pénétrer le spectateur "dans la maison" afin qu'il participe "à sa façon", dit-il, à clarifier les zones blanches du scénario qui joue sur la confusion du réel et de la fiction en laissant volontairement une impression de floue sur les raisons qui poussent l'élève à vouloir intéger la famille de son camarade de classe à partir de ce qui au départ devait être un simple devoir ("Raconter votre week-end"):" dans le scénario tout est fait pour que le spectateur participe, pour qu'il soit pris au jeu de l'histoire afin de solliciter son imaginaire, ...pour que, à travers la relation professeur-Elève, il soit à la fois d'un côté et de l'autre, qu'il ressente le basculement des points de vue (comme il explique:"il joue aussi avec la musique assez rythmée composée par PHILIPPE ROMBI pour "rendre accro" le spectateur) afin que l'on ne se focalise pas sur ce cancre  du dernier rang à l'école.

La présence de FABRICE LUCHINI dans le rôle du professeur déprimé (il est aussi un auteur littéraire raté qui apprécie guère l'art contemporain)) qui encourage son élève à continuer son récit pour en faire une sorte de feuilleton sur la vie de la famille de son camarade, ajoute à la complexité de cette histoire qui devient du voyeurisme en pretendant qu'il aide son jeune protégé à parfaire son style en provocant les évènements pour les rendre plus attractifs!. Luchini dit que pour ce film il a accepté d'être obeissant, de ne pas se laisser aller à ses improvisations habituelles, de ne pas rajouter des phrases au texte du scénario. Ozon qui connaissait son lascar, lui a écrit les leçons en l'obligeant à se contenter de dire ce qui était écrit et non pas faire du Luchini. Il est resté constament derrière sa caméra pendant le tournage, même si sa caméra est mobile, tout est cadré au millimètre, il ne travaille pas comme le faisait Godard qui travaillait le texte au montage, mais lui aussi voit le film avant de le tourner car tout est scénariser à l'avance; il pourrait presque se passer des étapes traditionnelles : tournage- montage- mixage, tant sont film est parfaitement élaboré à l'avance: "mon idée pour ce film était de rendre passionnante la banalité du quotidien d'une famille, rendre extraordinaire le banal, faire monter la tension par la mise en scène" .Luchini reconnait les qualités d'OZON: "Il a quand même réussi un film qui parle de la création et qui n'est jamais arrogant. Il fait des choses ambitieuses, mais qui n'excluent pas, il a le sens du public, il invite; c'est un seducteur.Son cinéma est séduisant et intélligent".

L'élève qui dans le roman est un narrateur invisible , Ozon a fait en sorte que ses apparitions soient de plus en plus concrètes pour faire surgir le personnage dans la réalité. " mes parents étaient professeurs, je savais comment parler des étâts d'âme d'un professeur, de ses déprimes, des consignes parfois abérantes de l'éducation nationale, de la corvée des corrections des copies le week-end". Luchini dit qu'être obéissant comme il l'a été pour ce film demande moins d'énergie, "on m'a juste demandé d'être un peu vivant et drôle et d'être un dépressif efficace. J'apprécie la clarté de l'efficacité pour ne pas devenir des machines. Le cinéma est moins physique que le théâtre qui demande à un acteur d'être un " atlète effectif" comme disait LOUIS JOUVET. Il faut savoir ne pas jouer les mots, ne pas commenter ce qui se passe".

Dans ce film, EMMANUELLE SEIGNER fait ce que le metteur en scène lui dit de faire; elle est comme l'a voulu Ozon: maternelle, douce, tendre naïve, indolente; c'est une femme qui aime à se laisser porter par les choses. Tout le contraire de ce qu'elle est habitellement ( perverse). Sa consoeur KRISTIN SCOTTE THOMAS qui tient le rôle de la femme du prof confirme: "Ozon sait les gestes que vous devez faire au millimètre". Son mari de prof qui a dit à son protégé qu'il doit aimer ses personnages, qu'il faut aller au bout du désir, va finir par regretter son emballement .

A travers la relation de cet érudit de littérature et de son apprenti écrivain, le réalisateur développe l'idée de la question: d'ou vient l'inspiration? Un créateur c'est quoi?. Il aborde aussi le problème du Voyeurisme qui devient un mal assez répendu aujourd'hui (il n'est qu'à voir le succés des magazines peopel, le succès de "L'amour et dans le pré" à la télé, etc), le problème de la solitude (Ozon dit que dans son film la solitude du prof et celle de son élève font qu'ils ont tous les deux besoin l'un de l'autre pour faire exister la fiction: "ils chosissent la fiction à la réalité car c'est là qu'ils se sentent vivant".

Dans son difficile roman "Ecoutez-voir" Elsa TRIOLET s'intérrogeait déjà sur les concepts de roman, d'écriture, de littérature : "je voudrais, disait-elle, qu'en parlant de Madeleine surgisse ses propriétés dont je ne parle pas....Je me veux symbolique comme le papier peint et je reste un personnage de roman dont les intentions sont suspectes.....quelques épisodes d'une vie suffisent pour savoir qu'elle finira mal ou qu'elle aura un happy-end" On pourrait reprendre pour la fin du film où l'éleve dit "à suivre" cette phrase de Triolet: "l'auteur vous laisse ce qu'il possédait.Tout maintenant dépend de vous".

Dans la Maison a obtenu le prix FILPRESCI décerné par les critiques du monde entier au festival International du film de Toronto

Durée: 1h 45

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