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11 novembre 2012

CINEMA- RENGAINE : UPPERCUT AU RACISME

rachid_djaidani_

Il est des êtres qui, mine de rien, se révèlent être des "touches à tout" géniaux. RACHID DJAIDANI est né dans les yvelines en 1974 d'un père Algérien qui était polisseur à Peugeot et d'une mère Soudanaise : "Je suis proche de ma mère qui a beaucoup souffert d'être noire dans un monde arabe". A 15 ans, il obtient un c.a.p de maçon-platrier; de quoi pouvoir aller travailler sur les chantiers. c'est un garçon de la banlieu où la confrontation est quotidienne pour se faire une place parmi les autres surtout quand on a, comme il dit avec humour, une mine "café au lait". Il se lance dans la boxe qui est l'école qui lui apprend la discipline pour garder la verticalité malgrés les coups bas et les blessures (il remportera le championnat d'Iles de France dans sa catégorie). Son idole est le boxeur MARVEN HAGLER: " c'était un vrai taureau sur le ring qui faisait très mal quand il envoyait un uppercut".

A 20 ans, un oncle lui fait avoir un poste de vigile sur les plateaux de cinéma où Mathieu KASSOVITZ tourne "LA HAINE":" quand je l'ai vu recroquevillé, la tête entre ses mains, avec des techniciens tout autour de lui, il n'y avait place que pour le silence. Cette image m'a beaucoup marqué et donné envie de faire du cinéma. ... j'ai écrit un scénario que j'ai envoyé par l'intermédiare d'un ami aux éditions "le seuil" qui ont acceptés de le publier c'était mon premier roman "BOUMKER" (1999) qui raconte la vie quotidienne des habitants d'une citée" ( il sera invité par BERNARD PIVOT à la télé). "Je me suis alimenté par mes blessures". En 2004, il récidivera avec "mon nerf" pour faire taire les rumeurs qu'il ne serait pas le vrai auteur, lui le maçon-boxeur arabe. Puis un 3ième en 2007 avec "Viscéral". L'année suivante, il part à New-york grâce à une bourse qui devait lui permettre de mettre en chantier un quatrième roman. Mais quand il revient c'est le cinéma qui occupe ses pensées. Il se consacre à un documentaire pour la télévision "sur la ligne", puis un documentaire de 26 mn et un autre documentaire Web pour ARTE sur le ramadan (2010) avant de se lancer tout entier dans la réalisation de son  premier Long métrage dont il avait le scénario dans ses cartons depuis 9 ans: "je n'avais aucune technique, je ne savais même pas cadrer un plan. J'avais zéro budget, pas d'équipe technique, des comédiens amateurs (sa femme, des potes et leurs familles) et une petite caméra. Je me suis lancé directement et j'ai appris au fur et à mesure. C'était pour moi comme un voyage médiatique; ce film était mon école du cinéma".

Il reconnait avoir du respect pour Jean luc GODARD: "Je le considère comme un boxeur et comme une sorte de "racaille" dans le sens où c'est quelqu'un qui est toujours capable de mordre même si on a l'impression qu'il est dans les règles de l'art; c'est un rebelle". Il respecte aussi JOHN CASSAVEDES qui tourne en impro en mélant comédiens professionnels et non professionnels. "Quand je parts filmer, je n'ai aucune référence consciente à l'esprit"..." L'écriture c'est une douleur. Plutôt qu'écrire un scénario, je fonctionne en donnant des mots-cles aux acteurs car j'aime la musicalité des mots....Deux acteurs sont professionnels mais il n'y a ni acteur ni réalisateur (il a filmé dans le quartier des ABBESSES à Paris) "le langage est sans pincette, pas d'anesthésie, on ampute à vif"...Si c'était pour faire comme tout le monde, je n'aurais pas mis 9 ans ou alors je serais crétin".

La critique a soulignée que l'esthétique de son film surprend, il joue entre netteté et floue obtenue par le mouvement continu de la caméra. L'un précise : " ce n'est pas un film c'est une peinture avec une esthétique proche de GODARD". Un autre ajoute " il faut accepter de faire le voyage et d'en prendre plein la gueule; d'avoir mal" .

Son film se veut comme un conte avec un Roméo noir (STEPHANE SO MONGO) et une juliette arabe (SABRINA HAMIDA) harcelée par ses frères pour pas qu'elle épouse ce noir avec qui elle vit depuis 3 ans :"je n'ai pas voulu faire les choses à moitié."Rengaine" donne le droit à l'amour. Il faut croire aux histoires d'amour. ... J'estime que même si on est pas tous pareil on est complémentaire; ce sont nos différences qui nous aident à marcher ensemble. Des histoires entre black et rebeu on en a connu et ça s'est souvent fini dans le sang. (Même si les deux sont musulmans une vielle tradition veut qu'il n'y ait pas de mariage entre noir et arabe). Ce racisme interculturel fait, dit DJAIDANI, "qu'à force de frustrations ces types deviennent des bombes à retardement et quand ça explose on connait les conséquences".

Vous l'avez compris c'est un film indépendant original avec un jeune réalisateur plein d'audace qui lance un uppercut contre le racisme multi culturel sans pour autant écarter des moments d'humour et d'amour. Ce film se veut une marche pour libérer la parole. Son message à tous ses potes de banlieu REBEU et RENOI est: servez vous de vos blessures pour rester libre d'aimer qui vous voulez ; imposez-vous; il y a toujours des graines qui demandent qu'a pousser derrière les tours".

Ce film a  eu le prix de la critique internationale à Cannes : "j'ai pleuré et senti que ma mission était accomplie".

Durée du film 75mn.

*

 

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Commentaires
K
tout en étant européen ni arabe ,ni juif ,ni noir ,ni jaune mais blanc j'ai subi du racisme juste parce que je n'étais pas né dans le département . n'y a t il pas du racisme aussi entre les gens de la ville et de la campagne ,les riches et les pauvres etc ...et de plus je suis bi sans m'en cacher ,c'était le bouquet .
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