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y a quoi à chercher ?
13 mars 2013

CINEMA- LE MUR INVISIBLE & CAMILLE CLAUDEL : LA SOLITUDE FORCEE

Parfois, on se dit que le hasard du calendrier de sortie des films fait bien les choses. Cette semaine sort sur les écrans deux films différents  qui pourtant semblent complémentaires et qui serait bien de voir ensemble. Le premier est Autrichien " le Mur invisible", le second est Français: "Camille CLAUDEL". Tous deux traitent du renfermement forcé dans la solitude.

mir invisibleLE MUR INVISIBLE:

C'est le premier long métrage de l'Autrichien JULIAN ROMAN POLSLER. Comme il dit, il avait lu, il y a 25 ans, un livre de MARLEN HAUSHOOFER qui était devenu son "livre - frère comme il y a des âmes soeurs". Depuis ce livre ne le quittait plus. En 1991, il a commencé à tourner des téléfilms, puis il a mis en scène des opéras. Et en 2003 il a pu enfin racheter les droits du livre. Le scénario pour l'adapter au cinéma lui aura pris 7 ans. "ADAPTER cela peut être enlever des éléments mais jamais en ajouter". Le tournage lui a pris 14 mois.

Une femme (MARTINA GEDECK) en vacance dans un chalet de montagne des Alpes Autrichienne se retrouve un jour, sans savoir pourquoi, isolée du reste du monde qui est comme pétrifier de l'autre côté d'un mur invisible infranchissable. Elle a pour tout compagnon son chien  lynx et va devoir passer de longues années en commençant par s'adapter à sa vie nouvelle où les seuls être vivants sont des animaux, chat, vache, cerf.... Ce retour à la vie dans la nature sauvage ne sera pas de tout repos pour cette citadine plus habituée à écrire qu' à satisfaire ses besoins pour survivre. Pour tromper son isolement elle choisit d'écrire ses souvenirs de cette étrange aventure qui risque de se terminer quand elle n'aura plus le moindre bout de papier encore blanc. Rien n'indique qu'il y aura un jour un retour possible à la vraie vie du passé. Et même si cela se produisait, serait elle certaine de le vouloir encore?

Polsler a tenu à mettre beaucoup de voix off pour mettre des passages du livre qu'il n'a pas pu adapter en images et qui apparaissent -là comme les pensées de cette femme qui n'a personne avec qui avoir une relation humaine pour tromper le silence absolu de ce fabuleux paysage alpin. Son chien avec lequel il y a un attachement réciproque où chacun prend soin de l'autre ne parvient pas à faire oublier le monde extérieur des humains. Elle a appris à chasser et même à tuer par besoin ou nécessité quand elle n'écrit pas pour se souvenir de cette étrange aventure en plein air des montagnes. La vie est-elle absurde, est ce que ça vaut le coup de s'accrocher? Y a t il une autre vie possible que celle de notre monde réel ?

Le mur impossible n'est pas qu'une fable poétique sur le fantastique et l'envirronnement calme, silencieux où le temps qui s'écoule au fil des saisons et des années ne détresse pas tant que ça .

Martina GEDECK assure comme une grande actrice qu'elle est pour que le spectateur partage ses émotions, son angoisse, ses peurs, ses joies....

On ne demande pas à un premier film d'être parfait, on se réjouit de constater que parmi les nouvelles générations de réalisateurs il y a encore des créateurs pour nous intéresser à des sujets sans faire de la redite.

DUREE du film:  1h 48

*

 

camille

CAMILLE CLAUDEL 1915:

 L'autre film est signé du Français BRUNO DUMONT.

Lui s'est basé sur l'histoire vrai d'une grande artiste sculptrice qui a travaillé et inspiré Rodin jusqu'à faire des scluptures aussi éclatantes de nus que les siennes. A l'époque déjà, sculpter des hommes nus pour une femme n'était pas bien vu dans cette société, surtout si on était issu d'une famille bourgeoise. Lorsque vers 1910 après avoir quitté Rodin elle s'enferme dans son atelier pour continuer de faire ce qu'elle sait le mieux, la famille l'ignore et la laisse dans la misère car malgré que son talent a franchi les frontières la France refuse de lui passer la moindre commande. Et en  1913 la "belle" famille des CLAUDEL décide de demander son internement sous prétexte que la manie de persécution dont elle souffre ne lui permet plus de mener une vie indépendante, c'est aussi un moyen d'empêcher cette femme artiste de continuer à sculpter des choses que le beau monde qualifie d'obscène et qui porte atteinte au nom des Claudel. CAMILLE a 50 ans; elle a sans doute du mal à croire que c'est sa famille qui lui en veut. Elle ne désespère pas de voir son Frère Paul, renommé dans la grande littérature, converti au catholicisme, venir la tirer de ce mauvais pas très vite. Aussi sa manière de protester se limite à ne plus sculpter mais elle reste très docile vis à vis de ses gardiennes. Les asiles de psychiatrie, comme les hôpitaux, manquent de moyens financiers pour subvenir à toute cette misère. Aussi lorsque la guerre éclate on s'empresse de récupérer les grands bâtiment pour acceuillir les blessés. Camille, comme beaucoup d'autres, se retrouve envoyé dans l'arrière pays. Pour Camille ce sera le vaucluse dans une maison de fous qui est devenu aujourd'hui l'Hôpital de MONTFAVET. La partie réservée aux femmes est sous le commandement des Nonnes. Elle va y passer  28 ans ! ne recevant que 12 visites de son frère; souffrant de la faim, du manque de vêtement et d'une surveillance qui n'a rien de bien chrétien (dans certains hôpitaux psy les fous considérés comme dangereux étaient enfermés dans des cellules et dormaient nus sur la paille été comme hivers; d'autres devaient rester des heures dans la cour qu'il pleuve ou neige. On comprend qu'il y ait plus de 40 000 morts dans les asiles pendant les guerres).  Quand elle mourra à 78 ans on l'enterrera dans la fosse commune accompagnée seulement du personnel. Paul devenu consul puis académicien restera un être pitoyable jusqu'au bout comme toute sa famille après avoir encensé Pétain et les Allemands puis avoir essayé de se racheter une conduite avec De Gaulle.

claudel c

Ici aussi Camille est confrontée à une autre sorte de mur invisible. Les folles qu'on y rencontre vivent le même renfermement. La nuit les cris incessants sont insupportables pour Camille mais elle essaie de garder un peu de tendresse et d'espoir, elle continue à entretenir la curiosité qui l'anime malgré les gardiennes qui ne lui laissent que peu de liberté. Ici vous êtes condamné à ne rien faire, à l'ennui au milieu d'une agitation contrôlée qui n'autorise pas la solitude. Comme dira Paul "le génie se paie" dans se monde dépourvu d'amitié. Celles et ceux qui ont cherché à lui porter secours ont parlé de cet en fermement forcé comme un "crime clérical".

Bruno Dumont a choisi de ne traiter que des 3 premiers jours à Mont de vergues, en 1915, pour bien se différencier du film précèdent qui relatait les amours tumultueux avec le vieux Rodin. Il a su utiliser au mieux JULIETTE BINOCHE "il n'y a pas mieux qu'une artiste pour incarner une autre artiste". Les autres personnages sont surtout de vrais malades entourés par les infirmières habillées en Nonnes et les médecins; ce qui est en soi une façon de montrer la réalité quoiqu'à l'époque ça ne devait pas être aussi propre et soigné. On mourrait aussi bien de la tuberculose que du froid et de la famine.

Ces deux films sur l'enfermenent involontaire montrent qu'il y a de quoi être étonné et inquiet quand ça vous arrive sans que vous  soyez ni malade, ni volontaire; ça donne à réflèchir. C'est le but de ces deux films Camille est une femme ordinaire dont on a oublié le génie.

Durée du Film : 1h37

*

 

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Commentaires
M
les quelques extraits que j'ai pu voir m'ont semblé assez forts, mais je vais plutôt m'empresser de trouver le livre, De cette façon je pense mieux apprécier cette aventure intérieure
A
merci pour ce judicieux conseil d'une lectrice avisée c'est vrai que le parti pris pour adapter un livre au cinéma n'est pas évident à comprendre; là je pense que c'est dû en grande partie parce que c'est un premier film et qu'il n'est pas évident de tout faire rentrer mais c'est sur qu'avec l'aide d'un metteur en scène il aurait pu faire sauter quelques redites pour y inclure les oassages dont tu parles et pour tout te dire moi même avant de commenter ce film j'ignorais le nom de l'auteur du Roman.
V
RE. Je viens d'aller voir le film Le mur invisible, et bien sûr, comme toujours lorsqu'on lit un roman qu'on adore, j'ai été déçue. Le réalisateur enlève des passages importants qui enlèvent beaucoup de substance à l'histoire : quand l'héroïne sans nom tombe gravement malade, par exemple, quand elle perd un autre chat qu'elle adore au bord d'un ruisseau, quelques passages qui n'ont l'air de rien mais qui auraient grandi le film s'ils avaient été évoqués...<br /> <br /> Mais dans l'ensemble, c'est quand même fort beau, prenant, superbes images, l'actrice est très émouvante, j'ai beaucoup aimé sa belle voix off au contraire, son accent (l'accent allemand est plus beau que le français), son regard, son jeu intense, je me suis mise à sa place et j'ai bien essuyé quelques larmes.<br /> <br /> Seulement, j'ai été étonnée de m'apercevoir que dans la salle, peu de personnes savaient que ce film était tiré du roman de Marlen Haushoffer, qui est un vrai chef d'oeuvre, le réalisateur ne réussit effectivement que partiellement à en rendre toute la teneur.<br /> <br /> Alors un conseil : pour vous donner une idée, allez au cinéma, mais aussitot après, si c'est possible, courez acheter le livre !<br /> <br /> Cordialement,<br /> <br /> Véronique<br /> <br /> v
V
Je voulais dire bien sûr je n'ai pas encore vu ce film, vous aurez corrigé de vous même, je suis un peu fatiguée '(journée éprouvante); Merci
V
Je n'ai pas encore lu ce livre, mais je peux vous affirmer que le roman de Marlen Haushoffer m'a moi aussi bouleversée : je l'ai relu trois fois en pleurant, et j'y pensais tout le temps ! Et comme les autrichiens sont décidément les plus forts...<br /> <br /> Véronique
y a quoi à chercher ?
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