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24 juillet 2013

CINEMA- LA CINQUIEME SAISON:URGENCE ENVIRONNEMENTALE

5ieme S

Je commençais à douter de pouvoir trouver un film à commenter cette semaine, malgré les 14 sorties dont celle d'un homme qui passe son temps à griffer pour le plaisir de tuer. Et puis mon salut est venu de BELGIQUE; mais malgré que la critique se focalise sur le tour alcoolisé d'une fanfare, j'ai opté sans réserve sur un film qui explore tous les champs sonores de la musique de Bach en passant par Chostakovich jusqu'a GEORGES GURDJIEFF à travers MICHEL SCHÖPPING "LA CINQUIÈME SAISON" de PETER BROSENS et JESSICA HOPE-WOOD WORTH :

"Nous aimerions que nos films soient reçus et ressentis comme s'ils étaient de la musique (on ne se demande jamais de quoi parle la mélodie). Nous travaillons la musique très tôt, avant même de commencer le tournage" (Jessica H WW).

LA 5ième saison est un film cinéma - musique (et pas musical), une fiction? à peine futuriste? qui interpelle l'audacieux spectateur sur ce que risque de devenir notre environnement nature si nous continuons à l'embarassé avec nos cochonneries de déchets toxiques qui polluent la terre et l'air: "Qu'avons nous fait de nos paysages?" demande WEINER HERZOG cité par les auteurs "nous les avons embarrassés".

Comme son titre l'indique l'histoire tourne autour d'une saison qui a mis fin au cycle habituel des quatre saisons. La nature est en train de rendre l'âme, de perdre même ses couleurs, mais les hommes qui vivent sur cette terre ne se résignent pas à mourir avec elle et cherchent par tous les moyens à vaincre le mauvais sort, y compris, comme aux temps ancestraux, par le sacrifice humain; voilà en gros l'histoire mais les auteurs ne sont pas du genre donneurs de leçons en faisait du cinéma pédagogique. Leur démarche est pragmatique et comme tout bon belge qui se respecte empreint de cet humour à l'humanisme grinçant (faut pas qu'on les prenne pour la queue d'une poire, comme ils disent).

Leur film est une fiction surréaliste comme cette scène de barbecue, en été, dans la neige. Surréalisme qui pousse du malaise à la fascination; un peu à la manière des peintures de JEROME BOSCH. Ils ne donnent pas d'explication à ce qui se passe (c'est peut être déjà trop tard?). Les images parlent pour eux. Et disons que pour cela ils n'ont pas hésité à faire un choix judicieux en la personne de HANS BRUSH Jr et du décorateur IGOR GABRIEL qui a déjà sévi avec les frères DARDENNES (Rosetta, le silence de loma...).

Ils ont fixé leurs caméra dans un vrai village du fin fond des Ardennes (Veirlen), en plein hiver avec des campagnes et une forêt sombre en fond de décor. Pour garder cet aspect de la réalité et basculer l'histoire dans le fantastique ils ont d'abord cherché dans les archives et les souvenirs des anciens ce qu'étaient les fêtes d'antan et le folklore qui entrecoupaient le quotidien misérable des paysans. Les gens, la lumière, les vieilles maisons, les fermes, les cavernes sont venus compléter le tableau.

Il faut un plan séquences des plus pointus pour arriver à faire voir quelque chose d'invisible comme les saisons qui passent sans que rien ne change au point que ça en devient désespérant, déprimant, angoissant et que ça vire dans le cauchemar. Montrer que la terre est en train de mourir lentement mais sûrement.

Afin d'éviter que le spectateur sombre dans la mélancolie suicidaire, les réalisateurs ont émaillés leurs séquences de Gags (l'omme qui parle à un coq en buvant le café), de silhouettes excentriques (celle qui est censée souhaiter la bienvenue à l'hivers), pathétiques(les masques que les médecins portaient au moyen-âge lorsqu'il y avait la peste). Ca reste du fantastique poétique où il n'y a pas besoin de beaucoup parler pour se comprendre.

Le côté poétique du film est insufflé par les deux adolescents Alice et Thomas qui se battent, eux, pour donner du sens au Bonheur qu'il pense encore possible, au contraire des adultes qui vouent les enfants au bûcher pour conjurer le mauvais sort dont ils sont en totalité responsables.

Quand on lui demande si cette nouvelle expérience cinématographique avait été plus facile que les précédente BROSENS répond: "Quelque soit son expérience vous avez toujours à vous confronter aux réalités du moments (comme par exemple changer 27 fois de plan de travail en 31 jours de tournage et faire cela avec un budget très serré, dépendre encore des conditions atmosphériques,etc) nos films sont des extensions de nous même, ils contiennent nos doutes, nos espoirs, nos douleurs et notre respect...Nous avons tenu compte des réalités du moment avec humilité conviction et courage".

Ce film cloture une trilogie: le premier "Khadak" se situait en mongolie c'était sur la fin de nomades, le second volet "Altiplano" se situait au Pérou; des gens d'un village intoxiqués au mercure par une mine locale s'en prennent aux médecins (2008).

 Ce troisième volet peut être vu sans avoir regardé les deux précédents.

La 5ième saison a été présentée à la Mostra de Venise en 2012. Les producteurs Belges disent privilégier l'été pour la sortie des films d'auteurs qui méritent d'être découvert à l'étranger,malgré la sortie de films  de divertissements à gros budget.

Ne boudez pas votre plaisir si vous êtes un spectateur curieux.

Durée : 1 h 33

5ieme saison

 

*

 

 

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Commentaires
D
Bonjour Alex, je vais essayer d'aller le voir car le sujet m'intéresse (cela n'a rien à voir avec Frances Ha et je suis une spectatrice curieuse en général) mais en ce moment, je suis province jusqu'au 8 août dans une région où le film ne se donne pas encore. Bon dimanche.
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