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8 octobre 2013

HOMMAGE A PATRICE CHEREAU

CHEREAU 1

Le cigare aura eu raison de ses poumons. PATRICE CHEREAU aura tenu bon jusqu'au bout. Cet homme de conviction a toujours fait de l'avant, il n'a jamais reculé devant les difficultés, Il est resté un touche à tout perfectionniste pour trouver des choses nouvelles qui pousseront encore plus loin l'art vers le public en donnant à voir le monde et les relations entre les êtres.

Fils de parents artistes (son père était peintre et sa mère dessinatrice) , son éducation artistique s'est faite au cinéma: "Enfant, je n'allais jamais au théâtre toujours au cinéma. C'est la forme de spectacle que j'ai toujours privilégié". Pourtant des 16 ans c'est vers le théâtre qui se tourne d'abord avec le théâtre du lycée Louis le Grand. Puis dans les années 60, il versera dans le théâtre engagé. Il est devenu ainsi le metteur en scène de Théâtre qui ne laisse personne indifférents, même si parfois ses oeuvres étaient pour certains déconcertantes. C'était comme il disait :" un solitaire, je pense que je suis avec bonheur, la somme de toutes les personnes que j'ai rencontré" (la dernière de ces personnes a été RICHARD STRAUSS en mettant en scène son "ELECTRA" en 2012 au festival lyrique d'Aix en Provence). Il a passé de nombreuses années à essayer de sortir le théâtre de la boite où on le tenait enfermé en déracinant des textes classiques pour les réactualiser. Il est devenu un incontournable du théâtre moderne, un metteur en scène exigeant mais qui savait diriger les acteurs comme les techniciens. Il travaillait en déployant une grande énergie avec une intelligence de l'oeuvre qu'il mettait en scène. Il était parfois sifflé ou adulé pour  son audace . Il lui est arrivé de faire lui même l'acteur pour des metteurs en scènne comme WAJDA ou HANEKE qu'il admirait. Il aimait aussi se mouler à l'intérieur d'hommes célèbres comme Camille des Moulins, Bonaparte ou le général Montcalm ( dans "le dernier des mohicans") ou encore les mettre en scène:ex Mozart. Forcement il a touché aussi à l'OPERA, là encore avec beaucoup de convictions. La plus spectaculaire restera le "PETER GYNT" d'HENRIK IBSEN  7 heures trente de spectacle en deux soirées pour la réouverture du théâtre de la ville. Autre expérience qu'il a tenté a été celle de Directeur de Théâtre (1982-1990).

C'était impossible qu'un homme pareil échappe au cinéma. Il est devenu en 1974 un metteur en scène de théâtre célèbre qui explore le cinéma ("La chair de l'Orchidée"). Il a appris sous l'influence de WELLES, FASSBINDER, BERMAN... avant de s'affranchir de ces références à partir du "temps et la chambre" (en Noir et blanc) : " j'ai compris , à partir de là, que je voyais le plan à faire, le cadre, la transposition a effectuer".. ..Je savais raconter une histoire avec une caméra sur l'épaule, le montage est devenu plus harmonieux, moins complaisant, je n'avais plus peur de couper. Il avait réussi à percer le mystère du cinéma. Comme au théâtre et à l'Opéra il a soigné les décors pour faire un théâtre d'images parfois sombre, sauvage mais toujours libre et humain. "L'homme blessé" en 1984 a été récompensé comme meilleur scénario. A partir de là, il a, comme il disait, "suivi les images comme elle lui viennent" car son cinéma est avant tout un théâtre d'images; il n'avait pas peur pour cela d'aller  à l'encontre du grand public pour lui faire découvrir la fragilité de l'âme humaine ; sa maîtrise artistique fut cependant sa force  car la mise en scène du cinéma réclame une autre énergie que celle du théâtre qui est un milieu clos. Il parvient à faire goûter à toute sa panoplie d'émotions fortes à travers un cinéma qualifié de "baroque". Avec "la Reine MARGOT" (Isabelle ADJANI); le succès public s'accompagne de multiples récompenses suivi quatre ans plus tard d'un film lui aussi récompensé:"Ceux qui m'aiment prendront le train" pour se clôturer par le film qu'il voulait faire coûte que coûte "Intimité" en 2000 (prix Louis DELLUC et Ours d'or de Berlin).

 

patrice-chereau-

 

Il restera comme un maître de la création et de la mise en scène dans tous les domaines des arts de l'image et du son. Il a su ,parfaitement, ne pas opposer Théâtre et cinéma, ne pas brusquer un ou l'autre. Et, entre les deux, il a intercaler des LECTURES "Lire c'est faire parcourir une pensée, un souvenir, un raisonnement, c'est le plaisir de faire du théâtre sans y penser, dans une sorte de solitude légère, aider le public à se souvenir d'un texte oublié. Garder la mémoire du passé c'est faire un acte de résistance.".

L'ensemble de sa pratique artistique n'est pas prête de s'éteindre dans le choeur des publics.

 

CHEREAU 2

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Commentaires
D
Bonsoir Alex, merci pour cet hommage, je suis émue. C'est étonnant mais j'ai du mal à me remettre et pourtant je ne lui avais jamais parlé, j'aurais pu mais il m'intimidait. Je le remercie pour les moments marquants que j'ai vécu grâce à lui (surtout au théâtre et à l'opéra). Bonne soirée.
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