CINEMA- 9 MOIS FERME: PALAIS D'INJUSTICE
ALBERT DUPONTEL m'a toujours angoissé en tant qu'acteur et aussi comme réalisateur, sans doute du fait que son Humour était aussi déjanté que lui qui présentait une névrose personnelle, mégalomane, difficile à supporter même en film. Son HUMOUR noir sur noir s'accompagnait toujours de séquences trash, glauques, que même un lecteur d'HARAKIRI aurait du mal à déglutir. Aussi son 5 ième film en tant que REALISATEUR- ACTEUR: "9 mois Ferme" est-il pour moi une agréable découverte. Ça reste de l'humour noir mais aussi avec un côté comédie qui va rehausser le niveau des films de comédie à la Française que l'on voit ces dernières années.
La présence de SANDRINE KIBERLAIN avait quelque chose de rassurant, plus douce dans le décor du Palais de Justice de Paris qui est, comme le souligne DUPONTEL:" Un décor unique, ancien et prestigieux du système judiciaire qui offre un paradoxe entre la beauté des lieux et les tragédies qui s'y déroulent au quotidien".
Pour son histoire, il s'est inspiré du documentaire de RAYMOND DEPARDON " 10ème chambre : instants d'audience (2003):"J'ai pris beaucoup de notes, de morceaux de dialogues, de résumés du système judiciaire, un mélange de services et de possibilités que je me suis efforcé de mettre bout à bout". IL a pris comme réalisateur TONY GILLIAM , metteur en scène de "enfermés dehors" (2005) à qui il a aussi confié un rôle, ainsi qu' à d'autres réalisateurs comme GASPAR NOE et JEAN KOUNEN (derrière les barreaux avec Dupontel). Pour la musique, c'est CAMILLE qui lui a écrit une chanson " 9 mois ferme".
DUPONTEL est un réalisateur qui soigne l'image, le cadrage, même quand ça parait biscornu avec des déformations optiques pour faire ressortir la folie des personnages. Il agrémente le tout avec quelques séquences sanguinolentes qui sont enrobées d'humour qui les rendent digérables. Certe, il caricature la justice à travers les membres qui la représentent mais sans chercher à se rapprocher de la réalité qu'il tient à distance par l'humour. 17 ans après le lugubre "BERNIE", DUPONTEL semble avoir réussi à se renouveler sans rien perdre de ce qui fait sa singularité. L'humour a adoucie ce réalisateur de 49 ans, intransigeant et explosif qui, trop souvent, se délecte avec des personnages affreux, bêtes, cruels et méchants. Il a réussi avec une sorte de huit clos à deux personnages.
SANDRINE KIBERLAIN se découvre être une très bonne Comique avec qui on rit sans se forcer dans un rôle de Juge d'instruction intègre,psychorigide, enfermée dans un célibat et mariée avec le travail des dossiers en cours qui se découvre soudain être enceinte de 5 mois et ALBERT DUPONTEL accusé d'être un odieux criminel qui aurait mangé les yeux de sa victime, mais qui n'est pas aussi insensible qu'il parait et qui va tout mettre en oeuvre pour éviter que la magistrate qu'il séquestre ne tue le bébé qui grandit dans son ventre: "Ce qui m'interresse dans tous mes films c'est de faire se rencontrer des gens. Nous sommes tous victimes d'une posture sociale. Dans mon film je me suis attaché à démontrer que derrière la robe de la juge se cachait une femme sensuelle". Son personnage de repris de justice n'est pas dépourvu de sens moral. iL a condensé son film au maximum pour lui garder toute sa dynamique: "Mon personnage est un décalé social, intuitif et génial. Ilest resté profondément humain en dépit de sa mise à l'écart de la société depuis son enfance...C'est lui qui révèlera à la juge sa propre humanité."
Le tournage a pris 7 mois et le montage pareil:" Après le vilain et sa fantaisie "métaphysique", je souhaitais revenir à une référence plus réaliste et faire ce que j'avais auto-baptisé une comédie de moeurs déviante"
Durée du Film : 1h 22
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