CINEMA- LE SAC DE FARINE : ETRE FEMME ET CHOISIR SA VIE

Quand on jette un coup d'oeil au synopsis, on se dit que ce sujet a été plusieurs fois traité récemment. Cette première impression vient sans doute du fait que la réalisatrice est d'origine marocaine et qu'une grande partie du film se passe au Maroc. En fait il faut prendre le temps d'en savoir un peu plus sur cette jeune réalisatrice dont c'est le premier film pour comprendre qu'elle traite son sujet avec un point de vue différent:celui d'une maroxelloise, et surtout pour comprendre pourquoi il a été très mal reçu par le marocaines et dans les pays du magreb où il a été présenté.

kADJA SAIDI LECLERE a fait des études au conservatoire royal d'art dramatique de Bruxelles. en 97 elle devient comédienne au théâtre puis se tourne vers le cinéma, devient directrice de casting et tourne trois courts métrages ("Camille", "Sarah", "la pelote de laine"), "Sarah" étant celui qui a été le plus remarqué par la critique. En 2010, elle ressort un scénario qu'elle avait commencée d'écrire il y a longtemps et décide d'en faire son premier long métrage. Comme pour beaucoup de premier film "le sac de farine" repose pour partie sur de l'autobiographie: " J'ai été enlevé et enfermé pendant deux ans , quatre mois et dix jours au Maroc et je suis très heureuse d'être en Belgique aujourd'hui. J'ai comme un privilège d'avoir pu retourner à l'école, de savoir lire, écrire, d'avoir découvert la littérature. Ensuite le monde du théâtre et des années après celui du cinéma qui m'ont ouvert leurs portes pour y travailler; ce qui e permet de gagner ma vie....Je veux raconter cette histoire pour toutes les femmes qui n'ont pas eu la chance de revenir au pays". Il lui a fallu cinq ans pour aller au bout de son idée. D'abord trouver un budget minimum (2millions d'€uos).

L'histoire est celle d'une petite fille Sarah (RANIA MELLOUI) élevée dans une maison d'accueil de religieuses catholiques en belgique. A 10 ans, c'est une enfant sur qui la solitude pèse (absence de vie familiale) qui éprouve le besoin toutes les semaines d'aller se confesser au point de mettre le curé en colère. Et puis un jour son père biologique débarque et dit qu'il va enmener sarah passer un dimanche à Paris, sauf qu'en route il la drogue et qu'elle se réveille au Maroc dans le village natal de sa famille. Le père la confie à sa tante et à sa grand mère, promet d'envoyer de l'argent et disparaît non sans avoir dit à sarah que c'était pour son bien. Il lui dit qu'elle n'est pas catholique mais Musulmane. Ne parlant pas la langue, elle se rend compte que tout est différent ici de ce qu'elle a connue (quand elle demandera à aller à l'école tout ce qu'on lui propose c'est celle du tricot) et même si sa tante Yasmine (HIAM HALBAS) est une personne courageuse qui l'élève comme sa fille, la nuit Sarah continue à prier Jésus pour qu'il l'aide à retrouver la Soeur Louise et la Belgique. 7ans passent, Sarah est devenue une jeune fille marocaine (HAFSIA HEIZI) sauvage qui rêve toujours de s'enfuir vers la Belgique. Elle assiste à la révolte de AWBACH (révolte de la faim 1984) réprimée par la police et rencontre Nari un étudiant engagé, son premier amour. Mais dans sa famille adoptive on pense plutôt à lui trouver un mari...au final on la vera quitter le village à l'arrière d'une camionnette: "C'est l'histoire d'un rapt, dit elle, ce n'est pas l'abandon du père dont il est question en premier car c'est la famille élargie qui élève Sarah. Ce qui importe c'est la double culture, les différences sociales en milieu rural mais c'est pas un film militant"

"J'avais envie de raconter la différence, la confrontation de deux cultures très différentes....J'avais envie que les gens apprennent des choses encore méconnues mais le tout dans une légéreté  assumée. Je ne voulais pas d'un film dur, déprimant mais rendre les choses plus accessible.... Je ne suis pas une spécialiste du Maroc d'aujourd'hui, je ne le connais pas .J'ai du retourner 2ans et demi au Maroc" (elle n'a pas été autorisée à filmer pendant la révolte du printemps arabe de 2011). Un autre partie des difficultés rencontrées pendant le tournage a été dû à la nécessité de tourner vite, vu le peu de moyens budgétaire (elle a dû remplacer au pied levé son chef opérateur qui avait fait les repérages et confier le travail à GILLES PORTE). Heureusement que le Casting ne lui a pas posé autant de problèmes. Même SMAIN qui n'avait plus fait de film depuis longtemps a accepté de jouer dans le rôle du père de Sarah.

Reste maintenant à comprendre pourquoi ce film fait l'objet de reproches de la part des marocaines. Les moins dures lui reprochent d'avoir méconnu la réalité du maroc des années 75 où le premier travail des femmes étaient la corvée d'eau, d'autre part elle ne montre pas les élevages de moutons mais seulement des femmes qui font du cardage de la laine, mais elle montre des femmes voilées alors que les Berbères ne se voilent pas. Les plus critiques  expliquent que les conditions des filles marocaines ne sont pas celles décrites dans le film (les enfants vont à l'école apprendre l'alphabet); c'est pas un tableau complet du Maroc des années 80, la plus part des marocaines sont heureuses de la culture qui est la leur (mariage, religion, etc) Elle reproche à la réalisatrice de parler des mariages arrangés entre parents. Ce à quoi Leclère répond que le Maroc a une tradition du NON DIT "j'avais besoin de m'alléger de ce poids mais d'une manière positive.... j'ai dit la vérité... même si la vérité n'est pas toute la réalité, mais je ne voulais pas faire un documentaire ".

 Ce film a comme bon côté de provoquer le dialogue, de donner envie de s'exprimer, de critiquer ou de positiver l'important, comme l'a dit un critique, est qu'il y ait "DIALOGUE"et que ce dialogue soit constructif.

A vous de vous faire votre idée sur ce premier film, en espérant que la nouvelle réalisatrice ne reste pas cantonnée dans l'autobiographie pour nous apporter d'autres occasions de dialoguer, de commenter.

Durée du Film: 1h 32.

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