CINEMA - DANS LA COUR : LE MORAL EN SUCETTE
Pour son 9 ième film PIERRE SALVADORI , par "manque de stimulation", dit-il, a renoncé (provisoirement?) à réaliser une comédie qui est le genre qu'il connaît le mieux, pour écrire avec DAVID LEOTARD un scénario pour CATHERINE DENEUVE qui, comme elle dit à 70 balais, continue à vivre sa vie de comédienne de cinéma tant qu'on lui offrira des rôle intéressants comme celui de MATHIDE "dans la cour":"L'idée n'est pas de rester jeune à tout prix mais d'entretenir sa curiosité, ses facultés mentales et physiques".
A sortir des sentiers battus, autant s'entourer de visages dont on a pas l'habitude de voir plein cadre comme GUSTAVE KERVEM que ceux qui sont des inconditionnels de GROSLAND (Canal+) connaissent avec de courtes incursions en journaliste local qui interviewe des personnes un peu alcoolisées comme lui (il est aussi un scénariste et comédien "AVIDA" festival Cannes 2006).
"J'ai voulu garder le ton poétique de la fable et une mise en scène imagée en abandonnant la farce pour la chronique...Il y a une part d'ombre au fond de moi, alors j'angoisse facilement;avec le cinéma je suis entré en résistance contre la déprime ambiante. Ici, je voulais abordé le problème de la dépression sans porter de jugement ni faire la morale; je pensais que ce serait plus simple si je renonçais à une intrigue basée sur les mensonges et les quiproquos...".
Ce couple d'amis inattendu va nous emmener dans les méandres d'une souffrance morale qui fait des dégats qui se voient tout autant qu'une fissure sur un mur après un tremblement de terre imprévisible, à moins que ça ne soit que les signes avant coureur de la folie ou, comme dit FRANZ KAFKA qui a donné l'idée du film à SALVADORI :"...Cette souffrance morale mais c'est peut être la seule que vous auriez pu éviter". Une chose est certaine, on a pas le temps de s'ennuyer d'autant que le voisinage est rempli de personnages à problèmes (FEODOR ATKINO, MICHELE MORETTE, PIO MARMAI....) qui ne font rien pour que les choses s'arrangent (voisin râleur, squatter mystique, activiste de quartier, fainéant...); la seule solution envisagée par le mari de mathilde c'est l'enfermement en psychiatrie pour qu'elle arrête de se prendre la tête avec sa fissure sur le mur du salon. Faut dire aussi que le nouveau concierge est un ancien musicien qui a abandonné son métier pour atterrir dans une cour d'immeuble à "nettoyer, dormir et ne plus penser" alors qu'il pourrait tuer pour cela. Au final c'est peut être lui qui va faire que mathilde, cette femme, retraitée active, qui passe ses loisirs à aider les autres, se sente moins seule :" y a que vous qui me comprenez!".
Ce film montre au spectateur que la dépression et la solitude ne sont pas des maladies incurables; il faut juste mélanger la tendresse avec la solidarité et une pointe d'humour absurde pour reboucher les fissures.Mais c'est jamais simple car le monde est quotidiennenemnt rempli de mauvaises nouvelles qui peuvent vous submerger et vous rendre comme Mathide Folle d'inquiétude si vous n'avez pas un caractère à vous battre plutôt qu'à subir:" la fonction du cinéma est d'aider le spectateur à trouver des armes pour continuer de vivre, à garder une certaine joie à exister. Avec ce film, j'ai voulu rappeler qu'il fallait absolument revenir aux autres".
Un bon film de vacances si le moral est dans les chaussettes.
Durée du film 1 h 37
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