CINEMA- LA CHAMBRE BLEUE : DES AMANTS FRENETIQUES

 Difficile de cibler d'autres films que les sorties de Cannes. On va donc commencé avec "LA CHAMBRE BLEUE" sortie la semaine passée qui voudrait bien être primé à "un certain regard". Ses ATOUTS c'est qu'il n' a pas coûté cher (guère plus d'un million d''euros) et qu'il est bâti avec une histoire du spécialiste de la littérature polar qu'était GEORGE SIMENON. Il l''avait écrite en Trois mois en juin 1963 depuis la Suisse. Son projet s'intitulait "les amants frénétiques" mais à la publication il a opté pour un titre plus proche du style polar "la chambre bleue" qui n'était pas sans rappeler "le mystère de la chambre Jaune", le vieux polar de GASTON LEROUX (1907) bien plus que la nouvelle que PROSPER MERIMEE avait écrit pour son amie  l'impératrice Eugénie en 1871, qui était qualifiée de littérature de boudoir.

Le producteur avait demandé à Almaric s' il se sentait capable de tourner un film en trois semaines. Mathieu a donc chercher dans sa bibliothèque un livre pas trop épais, ce Siméon faisait partie de ses souvenirs de jeunesse, il s'est laissé séduire:

"je t'ai fait mal? Non.

Tu m'en veux? Non.

Tout était vrai. Il revivait la scène à l'état brut, sans se poser de question, sans essayer de comprendre, sans soupçonner qu'il aurait un jour quelque chose à comprendre...". Mathieu tenait son histoire, le reste se présentait comme un récit à rebours, pas linéaire, avec du suspens, de la passion, des crimes par empoisonnement , amants, policiers, procureur et psychiatres pour comprendre le pourquoi du comment.

Le réalisateur à fait le choix de rester totalement fidèle à l'auteur, à sa façon de raconter, tout en transformant la matière littéraire en image cinématographique; seul changement l'histoire se déroule dans le présent d'aujourd'hui. Comme l'auteur, il s'attache à bien retranscrire les petites notations, les odeurs, les sons, les bruits, les gestes et les attitudes de chaque personnage. Mathieu avait noté que le procès de Julien ressemblait à celui du "rouge et noir" comme un hommage à STHENDAL. L'accusé incarné par Mathieu ne devait pas exprimer de honte rétrospective:"j'aurais pas dû". Il est le fils d'un immigré italien dont la mère est morte de façon violente et qui a été élevé avec son frère par son père. A présent il était marié, avait une femme et une fille de six ans, un travail de réparateur de machines agricoles mais aussi des pulsions sexuelles à satisfaire ce qui l'amène à faire des rencontres qu'il enmène dans l'hôtel que son frère dirige sans engagement à longue durée, sauf que cette fois-là, il tombera sur une copine de jeunesse, mariée à un monsieur qui souffre d'épilepsie; quand, après 8 coucheries, il décide d'arrêter par peur que le mari découvre ce qui se passe. Mais sa petite amie ne cesse de le relancer après que son mari soit décédé et jusqu'au jour où sa femme est assassinée par empoisonnement à la strychnine....

Pour ce film, mathieu s'est entouré de sa femme STEPANIE CLEAN qui tient le rôle de l'amante pour rendre les scènes au lit moins gênantes et Lea DRUCKER pour tenir le rôle de sa malheureuse épouse.

Côté technique, il a refusé le cinémascope et cette façon moderne de tout allonger, pour revenir au format image 1.33 qui était celui de l'époque du muet: "Le cinémascope n'avait pas la sensualité qui convenait pour cette relation. On a privilégié les plans fixes, l'esthétique des choses simples, pas de mise en scène obstenatoire, pas d'harmonie mais plutôt des secousses juste pour pouvoir suivre l'histoire au 1er degré". l'éclairage est lui aussi très soigné:

"Il lui arrivait d'attendre dans le couloir, à la porte du cabinet du juge, assis sur un banc, menottes aux poignets entre 2 gendarmes; il n'en était pas humilié, ne rageait plus, il regardait passer les gens, les prévenus, témoins qui allaient attendre devant d'autres portes. Les avocats en robe agitaient leurs larges manches comme des ailes";

AMALRIC a bien sauté les obstacles, conseiller par la police scientifique pour pouvoir s'appuyer sur une réel dossier judiciaire qui reprenne les mots que la société veut entendre:"la vie est différente quand on la vit  et quand on l'épluche après coup" dit Georges SIMENON.

Durée du film 1h 16

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