CINEMA - DEUX JOURS, UNE NUIT: UN PRINCIPE MORAL
Pour la 7ième fois un film de LUC et Jean pierre DARDENNE a été présenté à CANNES. Deux ont reçu la palme d'or. "Deux jours et une nuit" a toutes les chances de ne pas être le troisième. Ce film est trop engagé à dire la vérité sur la société qui régente le monde, la vie de tout les jours,notre quotidien.Comment voulez-vous que le jury de Cannes décide de rentrer dans la lutte de classe contre cette force capitaliste qui n'est pas épuisée historiquement et dont il profite?: "qu'en penseraient les autres ?".
Comme l'expliquait un philosophe marxiste: "Pour agir l'homme a besoin en partie de prévoir, d'avoir un but et que cette volonté soit collective". Les frères Dardennes,diront les iconoclastes du capitalisme ambiant, reprennent un fait singulier énoncé par PIERRE BOURDIEU sur "la misère du monde", ça ne peut être qu'une idée, pas quelque chose d'absolu. Difficile pour ces fatalistes nés de ne pas rester des "indifférents", de ne pas refuser ce qui est, pour eux, une "fatalité". Il faut être "partisan" comme les frères Dardennes pour accepter de lutter avec une arme qui s'apelle le Cinéma afin de, sinon réveiller les conscience, déjà se poser les bonnes questions sur notre société actuelle et son monde du travail:" Nous avons préféré faire réfléchir le spectateur en soulevant des questions. Au début cette femme a peur de vivre, de s'affirmer, d'exister, de demander (elle sort d'une dépression)....Elle peut se considérer comme une incapable et se dire que, finalement, elle n'est pas guérie. C'est son mari qui se permet de la bousculer "Va, avance! Va chercher ce foutu travail!". Il connait et sait qu'il ne faut pas entrer dans son jeu et la voir rechuter. Parfois pour aider quelqu'un, il faut cesser de le caresser, d'être gentil...il nous semblait important qu'elle ne soit plus dans l'entreprise et prenne connaissance du choix de ses collègues de travail avant de vouloir revenir travailler. Nous pensons que la meilleure façon de filmer ce qui se passe à l'intérieur des êtres est de filmer ce qui se passe à l'extérieur...."
Ca faisait des années que ces Belges voulaient faire ce genre de film, mais sans doute qu'ils avaient compris qu'il leurs faudrait d'abord convaincre que leur talent de réalisateur n'était pas usurpé pour pouvoir se permettre pareille liberté sans se soucier de ce qu'en penseraient les autres. Ils ont écrit le script en 6 mois. Mise à part la vedette MARION COTILLARD, tous les autres acteurs sont Belge comme son habitué FABRIZIO RONGIONE; il y a OLIVIER GOURMET, CHRISTELLE CORNIL, CATHERINE SALEE.Impossible à classer avec des riches qui mènent la lutte:"Ce qui nous intéresse c'est pas de savoir comment l'acteur va parler, dire son texte mais comment le personnage va marcher ou se laisser tomber? On a travaillé plusieurs jours sur les silences et la respiration. Marion Cotillard est une personne très malléable, elle a un ressenti extraordinaire...Très vite elle est tombée dans l'oubli".
Quand Sandra retrouve l'envie de ne pas se laisser faire, elle entend profiter de ce week-end pour aller chez chacun(e) de ses collègues qui ont votés pour son licenciement afin de toucher la prime de 1000 euros pour leur demander que lundi ils votent majoritairement pour sa reprise. Elle n'est pas pour autant devenue une battatante convaincue, ça se voit à son regard et ça se sent à son mode d'argumentation répétitif, ses mots, ses gestes qui sont toujours les mêmes quelque soit la personne qu'elle a en face d'elle. Elle ne se rend pas bien compte que même au repos, en famille, chez eux, en dehors de l'usine, la plupart de ces collègues de travail continuent d'avoir peur, de redouter plus que la réaction des autres s'ils votent différemment, la réaction du contremaître qui les terrorise au travail avec un bâton invisible bien plus que le patron qui leurs a fait le chantage de la carotte pour prime:"ils en pensent quoi les autres?".
Pour certains, hormis le fait qu'avant cela ils se contentaient de la paie qu'ils avaient sans rien réclamer de plus, là? avec cette prime inespérée, les uns pensent aux travaux dans la maison qu'ils vont pouvoir faire, d'autres que cet argent tombe bien car ils ont un emploi précaire ou parce qu'il sont les seul à travailler dans la famille et d'autres aussi, plus jeune, qui n'ont aucun état d'âme et qui entendent bien s'acheter toutes sortes de choses.Tout le monde pense avoir une bonne raison et personne ne pense qu'il serait bien que tous se concertent ensemble, sans le patron et le cadre, avant de voter (dans cette entreprise il n'y a pas de syndicat). Mauvaise foi, égoïsme, opportunisme?
MARX revient! on a les même aujourd'hui encore!
Dans ce film qui n'est pas un drame social mais une approche de la lutte des classe d'aujourd'hui avec le patron et sa prime qui incarne le Capital et le monde du travail dans sa diversité et se contradictions, les frères Dardenne font ressortir que c'est l'individualisme qui prime sur le partage et la solidarité et qu'il sera difficile de s'en sortir si on est pas convaincu de la nécessité du "Tous ensemble!".
Fidèles à eux même les frères continuent leur traque du réel; peu leurs importe ce qu'en pensent les autres, le jury, Cannes....
C'est sur que celles et ceux qui ne veulent que se divertir au cinéma vont être déçus.
Durée du FILM :1heure 35
On va vite savoir si je me suis planté:envoyez les PALMES!
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