CINEMA- MANGE TES MORTS : LE PRIX DE LA RENOMMEE

C'est pas avec ce film que les préjugés contre les gitans cesseront, mais déjà on comprend que la réalité n'est pas uniforme et qu'il faut arrêter d'émettre à leur encontre des jugements simplistes.

Le peuple des nomades gitans est composé de deux grandes communautés: les TZIGANES originaires de l'Inde et les YENIDES de l'Europe du Nord.Ces derniers sont réputés pour leur force physique et leur capacité à résister à la douleur. Aujourd'hui, pour sortir de la délinquance comme mode de vie ancestral, la religion des chrétiens évangélistes sert d'alternative de vie, mais tous les problèmes internes ne sont pas résolus pour autant et le nomadisme est la seule solution aux expulsions et au manque de lieu de vie qui leur permettrait de se sédentariser en continuant d'entretenir leur culture gitane qui est la meilleure façon pour eux de continuer de marquer leur attachement à la mémoire des anciens.

JEAN CHARLES HUE est jeune dans la réalisation et "MANGES TES MORTS" est sont second long métrage après "LA BM DU SEIGNEUR"(2010).Après une carrière de styliste de mode, il est retourné à l'école nationale supérieure du cinéma de Cergy-pontoise en 1990; c'est au cours de ces années de formation qu'il s'est rapproché de la communauté des YENIDES. Ayant,lui même, un ancêtre de cette communauté, il avait assez vite été intégré à cette famille et s'était lié d'amitié avec les Dorkels. Son premier long métrage qui était pour partie un documentaire avec des Dorkels pour personnages : "ce qui m'intéresse c'est que la fiction et la réalité se mélangent". Pour se faire il a donc opté pour que tous les personnages de son film soient des YENIDES et non des acteurs professionnels en dehors de cascadeurs ce qui a mis les Yénides qui conduisent des voitures dès leur plus jeune âge très en colère et a failli,à plusieurs reprises, interrompre le tournage. Le réalisateur a eu aussi beaucoup de mal à faire comprendre aux acteurs que le cinéma c'est pas la réalité et que pas tout le monde doit prendre la parole en même temps, qu'il y a des personnages qui doivent rester en retrait: "je leurs lisais les répliques à chacun, mais le plus souvent ils réinventaient; ce ne sont pas des acteurs dociles même quand ils devaient prendre part à des bagarres. Pour eux le plus important était d'être crédible, que la situation soit cohérente psychologiquement et que les cascades ne leurs fassent pas honte".

Son choix du titre qui est une injure pour dire à l'autre qu'il aille renier ses ancêtres, Hue l'a conservé en disant qu'il s'adresse aux gens qui veulent forcer les gitans à se sédentariser pour les faire disparaître :"Les gitans vivent pour beaucoup au jour le jour, mais leur attachement aux parents et ancêtres est fondamental; c'est le socle de leur communauté. Celui qui mange sa parole ou la mémoire des ancêtres n'est plus un homme. C'est leur façon de rester attacher à leurs racines".Hue a accompagné le titre du sous-titre:"tu ne diras point" 

L'histoire a été conçue comme un polar western (le co-scénariste est SALVATORE LISTA). Le jeune Jason vient d'avoir 18 ans et doit donc célébrer ça par le baptème des évangélistes chrétiens. Mais la veille son demi frère fred qui vient de purger 15 ans de prison pour avoir tué un "chmidts" (policier)revient au camp bien qu'on lui dise ouvertement qu'il n'est pas le bienvenu. La veille du baptême fred convainc Jason qu'il doit pour devenir un vrai Yéniche et faire honneur à ses ancêtres et a son père qui a été un "TCHOR"(voleur)venir avec lui voler un camion de cuivre chez les "Gadjos" (non gitans). Le dernier frère MICHAEL qui est impulsif et violent se joint à eux avec son cousin. Mais cette virée ne se déroulera pas aussi facilement qu'ils le pensent...Jason finira par se soumettre au rite religieux de sa communauté et Fred devra quitter seul la communauté en emportant sa rage avec lui.

La composition musicale a été confié à VINCENT MARIE BOUVAT.

Le public non aguerri au langage des Yéniches aurait sans doute aimé qu'on leurs traduisent en sous titre certains passages de leur conversation.

Quand un film est sélectionné à la quinzaine des réalisateurs et qu'il obtient ensuite le Prix JEAN VIGO pour sa réalisation et son indépendance d'esprit, c'est qu'il a des qualités suffisantes pour être vu du grand public.Il pose aussi quelques questions: comment vivre libre quand le nomadisme devient impossible? S'adapter à vivre en société et en respectant ses codes est-ce trahir la mémoire de ses ancêtres? et la religion est-elle la bouée de survie?

Durée du Film: 1h 34

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