CINEMA - 71 :JEUNESSE PERDUE, JEUNESSE FOUTUE.

YANN DEMANGE est un français installé en Angleterre:"J'ai grandi à l'ombre de ce conflit qui était toujours aux infos de la télévision, dans les journaux et les conversations; ni moi ni ma famille ne comprenions vraiment ce qui se passait"...." jeune, j'étais dans la culture pop; au cinéma j'adorais "sTars Wars" et "Rambo", mais quand j'étais avec ma mère je regardais " les 400 coups","L'armée des ombres" et "le Samouraï".Yann a d'abord commencé à travailler pour la télévision britannique pendant 8 ans avec des séries et à 35 ans il a eu l'envie de changer, de faire un premier long métrage qui marque les esprits des spectateurs de cinéma.Il a cherché à travers tous les scénarios qui lui passait entre les mains "le film à faire".C'est le scénario de GREGORY BURKE "71 Belfast" qui a retenu, en fin de compte, son attention. Au delà du conflit politico-religieux en Irlande du Nord entre Catholique et protestants et l'affrontement contre l'occupant anglais "Il y avait matière, dit-il, à se tourner vers quelque chose de plus universel, de plus intemporel. 71 évoque n'importe quel conflit actuel, en Syrie, Afghanistan, au moyen-orient; c'est cela qui me donnait envie de faire ce film...Au début ça faisait un peu peur, comment passer après les bons films qui avaient traités ce sujet?". Il a donc opté pour un jeune soldat inexpérimenté qui se retrouve dans la tourmente d'un attentat à Belfast et que sa compagnie oublie et abandonne accidentellement. Perdu dans une ville qu'il ne connaît pas, il va devoir, au plus fort de l'émeute, par ses propres moyens, essayer, de nuit, de se sortir de cet enfer où le danger est présent à chaque coin de rue. Le réalisateur a fait appel à ses références cinématographiques des films d'actions pour faire une mise en scène qui tienne le spectateur en haleine avec par exemple des scènes sur la collaboration dans toute sa complexité psychologique et de l'autre des actions physiques avec une grande dépense d'énergie et de peur du jeune de 20 ans qui n'a rien d'un héros de film de guerre.

Il fallait pour un tel rôle un acteur qui apparaisse comme très humain, curieux des autres, intélligent et pourvu d'intuition; JACK O'CONNELS a été celui-là dans un rôle à l'opposé de sa personnalité avec ce personnage dur et vulnérable à la fois. Pour les nombreux autres figurants retenus  "tous avaient des histoires qu'un père,une mère ou une grand-mère leurs avaient racontées, un oncle assassiné chez un bookmaker. Cette guerre a touché tout le monde de prés ou de loin; il y a eu beaucoup de mort en 71. Dans mon film, il est aussi question d'une génération foutue en l'air, des mômes d'à peine 20 ans qui se retrouvaient au coeur d'enjeux qui les dépassaient. J'ai voulu essayer de comprendre" (avant son film, il a lu beaucoup d'ouvrages, parlé avec les familles des victimes de l'Ira ou des protestants loyalistes). O'CONNORS lui même est irlandais par son père et Anglais par sa mère.

Par sa façon de traiter l'histoire sans oublier le thème des enfants enfermés dans un milieu hostile, DEMANGE a  réussi a faire autre chose qu'un simple film de guerre avec un vainqueur et la défaite du méchant (Il a gardé quand même l'idée du méchant sous la forme d'une armée secrète). Il a sorti son film du microcosme anglo-Irlandais pour l'élargir au macrocosme de l'humanité souffrante confronté à ses erreurs.

DEMANGE pour son premier film est resté dans le tournage traditionnel de rue (caméra à l'épaule), tournage qui a durée huit semaines. On attendra son prochain film pour juger de la personnalité de ce réalisateur qui déjà offre un beau talent de metteur en scène en mêlant action et suspens.

Durée du film : 1 h 39

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Comments

[dasola]

Bonsoir Alex, je viens de mettre ton billet en lien. C'est un film prenant avec des personnages bien campés. J'espère qu'il va rencontrer son public. Bonne soirée.