CINEMA - GALVARY : COMMENT FAIRE SON PROPRE DEUIL ?
Les Irlandais ont toujours un peu de mal à sortir définitivement de la vie ancienne sur leur Ile à l'ouest de l'Europe et à forte identité Celtique dans l'atlantique nord. Même devenu catholiques, les prêtres des communes des 26 comtés, ressemblent toujours un peu aux DRUIDES de l'ancien temps qui étaient investis de la religion, de la justice, de la divination et du sacrifice. Le catholique St PATRIK avait, parait-il, chassé les serpents de l'ile, mais cela n'avait pas suffit à apaiser les consciences et a éviter les dérives morales de certains serviteurs de Dieu.
Le film que nous présente l'Irlandais MICHAEL Mc DONAGH a pour titre en Français "le CALVAIRE" en référence moins à la crucifixion du Christ qu'à la période de questionnement intense qu'un prêtre peut éprouver après que dans le cadre de la confession quelqu'un lui ait confié qu'il allait le tuer dans une semaine parce qu'enfant il avait été violé par son prédécesseur, en précisant que le délais de 7 jours était pour lui permettre de mettre ses affaires en ordres. Par cette confession cet habitant entend retrouver sa pureté et son geste prémédité ne semble pas être désavoué par le reste de la population. Il a donné rendez-vous au prêtre sur la plage le dimanche suivant.
Le réalisateur n'a pas choisi pour son second long métrage le cheminement classique qui mène au meurtre annoncé mais d'en faire une enquête du condamné qui veut faire son devoir de prêtre alors que d'un autre côté il est tiraillé par l'idée de s'en remettre à la fatalité compte tenu de la réticence des habitants à l'aider ce qui le plonge de plus en plus dans une solitude forcée. Il s'est inspiré pour ce faire du film d'HITCHCOCK "la loi du silence" et de la psychiatre ELISABETH KUBLES qui avait élaborée sa théorie des 5 étapes du Deuil que sont : le doute - la colère - la non chalance - la dépression - l'acceptation. Ces cinq étapes ont fournis au réalisateur autant de thèmes de lecture qu'il a essayé de développer dans son film sans toute fois délivrer sa conclusion à la fin, laissant le spectateur à son tour dans le doute.Les belles photos du paysage Irlandais sont du Directeur LARRY SMITH et la musique du compositeur PATRICK CASSIDY pour illustrer la fatalité et la mélancolie.
Le père JAMES LAVELLE interprété superbement par BRENDAN GLEESON va prendre son courage pour sortir de son église et aller à la rencontre des gens du village au lieu d'accueillir certains d'entre eux pour la messe. C'est en quelque sorte son chemin de croix à lui avec des stations où il va devoir faire face aux railleries des gens, avoir des dialogues comiques avec d'autres et même faire le point avec sa fille Fiona (KELLY REILY) avec qui il a eu des relations plus que compliquées de père avant de se réfugier dans la religion, tout en découvrant le monde moderne qui laisse de moins en moins de place pour tout ce qui touche à la foi.
La mort peut-elle alors être vécue comme un sacrifice nécessaire pour aider à tirer un trait sur son passé d'innocent? Il sait qu'en interrogeant systématiquement tous les habitants il sera à un moment ou a un autre face à celui qui a décidé de le tuer pour un crime qu'il n'a pas commis, et il ne désespère pas qu'ainsi il parviendra à ramener cette brebis, qui risque de s'égarer, sur le chemin du pardon. Mais si cela se réalise, le fait qu'il ne sache pas qui était son tueur cela ne va-il pas faire qu'il risque de continuer d'être hanté pendant le restant de sa vie. Tout au long de cette enquête, le prêtre ne pourra compter que sur le soutien d'une touriste française Térésa (MARIE JOSE CROZE). Le réalisateur n'est pas très tendre ni avec cette population névrosée par son passé tourmenté, ni avec l'église secouée par les scandales de la pédophilie qui ne semble pas avoir su rentrer par le bon chemin dans l'Eire du temps.
Michael McDONAGH avait commencé à écrire son scénario en 2012 et le tournage, l'année suivante, a pris un peu plus de cinq semaines. Au final ça donne un film complexe où se mêle le polar, le drame et la comédie avec une dose d'humour noir, caustique comme le Scotch irlandais.
Durée du Film : 1 h 54
(LIRE SUR LE BLOG DE DASOLA SA DECEPTION SUR CE FILM: http://dasola.canalblog.com/)
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