CINEMA - LES HERITIERS : LA CONFIANE POUR CONSTRUIRE ENSEMBLE !

Ce film est une belle leçon d'optimisme de l'intelligence basée sur la confiance entre un adulte et des ados pour sortir des préjugés, du défaitisme et du "A quoi bon?". "Ce titre " les héritiers" s'est imposé une fois le film terminé. J'ai beaucoup de plaisir à ce que ce mot soit associé à la jeunesse d'aujourd'hui multi communautaire, multi confessionnelle. Ce ne sont pas sur ces visages qu'on a l'habitude de mettre ce terme et pourtant il me semble que le film est tendu par la question de l'héritage. De quoi hérite-t-on? Que laisses t-on à nos "héritiers"? Qu'est-ce qu'on fait de son histoire? Est-il possible de l'ignorer, et de comprendre l'Héritage des autres?. Qu'est ce qu'on garde?" Demande la réalisatrice MARIE CASTILLE MENTION SCHAAR qui aime bien traiter dans ses films des gens qui prennent leur destin en main ("BOWLING"). L'idée lui a été soufflé par un jeune scénariste, acteur AHMED DRAME alors qu'il avait à peine 17 ans et qui pour son premier scénario voulait raconter l'histoire vraie à la quelle il avait été mêlé en Classe de seconde dans son nouveau lycée LEON BLUM de sa ville cosmopolite de Creteil qui est une des rares à savoir cultiver le vivre ensemble dans le respect des différences multi-confessionnelles avec ses ados multi - communautaires. Ce jeune Français musulman après avoir écrit une soixantaine de pages pour son scénario, ne s'est pas laissé découragé par les premières réponses négatives. Il avait envie de faire quelque chose de sa nouvelle vie d'adulte après avoir décroché son bac et il voulait que ça passe par le cinéma. Marie Castille a été pour lui comme sa "seconde mère".Elle a lu,l'a rencontré, a discuté et ils ont travaillé ensemble le scénario avec le personnage principal de cette histoire  la prof d'histoire (incarnée au cinéma par ARIANE ASCARIDE) ANNE ANGLES.

Pour faire ce film la réalisatrice a demandé à AHMED de jouer tout en gardant une distance entre lui et son personnage Malik.Les autres lycéens étaient composés pour moitié de comédiens et pour l'autre d'amateurs qui tous on dû s'accepter et se fondre dans un vrai groupe d'élèves qui au départ  sont considérés comme des "brèles" irrécupérables, dissipés et turbulents: " 'J'ai vécu avec ces gamins une belle leçon d'humilité. Être enseignante est un métier qui exige beaucoup de courage et c'est aussi le plus extraordinaire qui soit à condition, bien sur,de pouvoir l'exercer. Rien n'est donné à l'avance, rien n'est évident. Une comédienne qui joue un Prof doit aussi créer cette relation de confiance où chacun apporte à l'autre. On doit être très observatrice et se laisser regarder. Après le premier jour,il a fallu tout recommencer. On a lâché les armes, eux et moi, et on a parlé ensemble. La vérité des ados m'épate, c'est devenue la vérité de cette classe." dit Ariane ASCARIDE. Pour certaines scènes Marie Castille les a laissé un peu improviser en tout filmant avec trois caméra :" on s'est retrouvé avec des kilomètres de Rushes. Ça a été un défit de construire le film au montage.Il ne fallait pas lâcher la classe". De l'avis de tous c'est la scène de la rencontre avec LEON ZYGEL qui avait produit un changement chez les ados. Les yeux dans les yeux, Leon leurs a expliqué comment à leur âge il s'est retrouvé déporté dans un camp de concentration nazi avec des Juifs, des tsiganes et des homosexuels adultes et ados et pourquoi il n'a jamais baissé les bras :"j'avais envie de crâner auprès de mes copains de Ménilmontant le jour où je serai libéré; j'avais envie de leurs raconter ce que je venais de vivre... Ne dites jamais sale juif, sale nègre, sale arable car alors tout ce que j'aurai vécu n'aura servi à rien".

Cette histoire vraie qui s'est déroulée en 2009 relate de quelle façon une prof d'histoire réputée pour être "dure" a su convaincre toute une classe de seconde qui avait fait craquer sa remplaçante et que le proviseur disait qu'il ne servait à rien de vouloir en tirer quelque chose de se lancer dans un travail collectif pour le concours national d'histoire sur la résistance et et la déportation ayant comme sujet: "les enfants et adolescents dans le système de concentration nazi". Convaincre les ados d'aujourd'hui qui avaient peur de ne pas être à la hauteur qu'on ne peut pas vivre uniquement dans le présent; qu'ignorer le passé c'est vivre avec légèreté, que tous on est les héritiers d'une histoire faite de bonheur et aussi de tragédies. Elle a réussi à tellement les convaincre, qu'ils devaient s'emparer de l'histoire et s'approprier leur  propre histoire pour aller au bout de ce concours , à les passionner en les mettant au coeur de son procéssus pédagogique qu'au final ils se sont tous impliqué dans ce travail collectif en faisant des recherches, en  écoutant des témoignages comme celui de Léon ZYGUEL :"on lui devait la participation à ce concours, il fallait qu'elle soit fière de nous". Résultat ils ont remporté le prix national de réalisation d'un travail collectif" alors qu'il y avait des centaines de classes qui concouraient!.Cerise sur le gâteau l'année suivante les 23 élèves ont eu leur bac et beaucoup avec mention.

cet exemple vérifie, une fois de plus, que nous sommes tous des "intellectuels" quelques soient nos origines, nos confessions, nos différences lorsqu'on a des professeurs de l'école laïque qui exercent une autorité bienveillante qui invite au respect réciproque et à une participation active qui développe, de façon critique, une activité intellectuelle qui aide au développement de chacun (e) en joignant la pratique à la théorie: "L'adolescence est une période de questionnement nécessaire à la construction de la personnalité. C'est important d'avoir en face de soi des adultes solides, qui, comme cette  prof, défendent des valeurs. Avec ce film je voulais dire qu'il n'y a pas de fatalité".

Un film à Voir !

Durée du film : 1 h 45

Comments

[dasola]

Bonjour Alex, je vais aller voir ce film en fin d'après-midi. Pour l'anecdote, à titre individuel, j'ai participé deux fois au concours pendant mes années lycées, en 3ème et en terminale. J'ai chaque fois gagné un prix et à Paris, on était reçus à la Mairie de Paris. Bonne après-midi.