"Le monde dans lequel on vit est devenu beaucoup trop exigeant; il ne tient plus compte de nos désirs.On fait le dos rond en permanence. On perd des heures dans les bouchons, on fait la queue pendant des heures pour remplir des formulaires alambiqués qui sert d'excuses aux bureaucrates pour nous faire taire en évitant de reconnaître leurs tord, on change de portables tous les ans parce que c'est comme ça. La plus part du temps on réprime nos pulsions et on se conforme aux règles de la société. On a l'intelligence et la capacité d'anticiper les conséquences de nos débordements à la différence des animaux; jusqu'au point de non retour.
Le passage à l'acte est viscéral, instinctif; la raison et le sentiment n'entrent pas en jeu mais perdre le contrôle, même momentanément apporte du plaisir et une certaine jubilation; ça défoule même si le retour à la réalité est douloureux.
Un jour,en dînant tranquille avec ma femme, j'ai failli en venir aux mains avec le garçon pressé de débarrasser notre table. A ce moment, j'ai compris qu'il suffisait de pas grand chose pour exploser.
Au cinéma, il me fallait trouver un sujet fédérateur, être concis et direct. Quoi de plus inspirant que des gens surmenés, maltraités, au bord de la crise de nerf?
Mon goût pour la multiplicité et la diversité remonte à l'époque où j'ai appris à lire. J'ai toujours aimé les histoires courtes de GUY DE MAUPASSANT à EDGAR POE en passant par BORGES, THOMAS CHATTERTON, HITCHCOCK et SALINGER. Tant que le dénominateur commun était le crime, le mystère, la terreur, j'étais client".
Les "NOUVEAU SAUVAGES" sont toutes celles et ceux que les inégalités et les injustices poussent à bout au point de se faire justice eux-même avec le sentiment de faire plaisir à beaucoup d'autres.
Ce film du réalisateur Argentin présenté à Cannes est inspiré de faits réels, d'évènements arrivés ou d'actes relatés dans les journaux.Ce sont six histoires sur l'argentine d'aujour'hui comme ils s'en produit un peu partout dans les autres pays. Chacun des personnages est confronté à une situation qui va lui faire "péter les plombs":violence du quotidien,trahison de l'amour... C'est une servante qui dans un restaurant reconnaît un courtier usurier qui a causé la ruine et le suicide de son père, c'est un gosse de riche qui a écrasé avec la voiture de ses parents une femme enceinte,c'est encore deux automobilistes qui se défient sur la route, etc
C'est un film d'humour noir qui ne fait pas dans la dentelle, sponsorisé par un grand du cinéma PEDROS ALMODOVAR. Les dialogues sont aiguisés comme des lames de couteaux, la mise en scène est tout autant énergique comme la musique de GUSTAVO SANTOLALLA. Le tout donne à voir une chronique sociale féroce qui fait rire jaune.
Il faut remonter aux années soixante pour retrouver ce genre de films séquences à l'Italienne d'aussi bonne facture. C'était évident qu'au festival de Cannes le Jury domestique n'aurait pas le culot de décerner une quelconque récompense à DAMIAN SZIFRON qui a osé dénoncer la bêtise, la corruption,l'incivisme de ceux qui se croient tout permis parce qu'ils sont nantis. Reste a espérer que dans la réalité on ne se résoudra jamais à se faire justice soi même; ce qui ne veut pas dire se soumettre mais bien se battre pour faire que les choses changent dansle bon sens.
Durée du Film: 2 h O2
*