CINEMA - LE DERNIER COUP DE MARTEAU : COUP DU SORT

Lorsqu'on a réalisé un premier long métrage qui a obtenu plusieurs distinctions (César 1er film, prix de la presse du cinéma...) on redoute toujours d'aussi bien réussir le deuxième. ALIX DELAPORTE n'a pas cherché pour son nouveau scénario à séduire par des scènes spectaculaires avec des rebondissements ou des longs dialogues pour dresser les portraits psychologiques des personnages en remontant loin dans leur passé. "le dernier coup de marteau" lui est venu de sa connaissance et de l'intérêt qu'elle porte à la vie du musicien MALHER qui vers la fin de sa vie avec connu quelques malheurs comme la mort de sa fille ainée (scarlatine), son éviction de la direction de l'opéra de Vienne et qu'il était  malade du coeur. Aussi, lorsqu'il acheva l'écriture de sa 6 ième symphonie il décida de terminer son oeuvre en supprimant du final le dernier coup de marteau pour essayer de conjurer le mauvais sort qui frappait son héros pour le précipiter dans le gouffre du désespoir (Gustav MAHLER est mort à 50 ans, en 1911 à Vienne, d'une endocardite aggravée par une infection généralisée en Amérique).

L'histoire de ce film est un moment de vie d'une famille en difficulté. Le mari SAMUEL ROVINSKI (GREGORY GADEBAIS) est un musicien chef d'orchestre de renom de passage à Montpellier pour diriger les symphonies de Gustav Malher à l'opéra. Il est séparé de sa compagne depuis plus de douze ans. Celle-ci , mère célibataire (CLOTILDE HESME), vit avec son fils dans une caravane sur le bord de mer. Ce dernier (ROMAIN PAUL), âgé de 13 ans a ignoré jusque là qui était son père. C'est un enfant intelligent qui travaille bien à l'école et qui passe ses loisirs dans un club de foot où on le pousse pour qu'il devienne un professionnel. Chez lui, il s'occupe du mieux qu'il peut pour aider sa mère qui est malade et qui ne peut plus continuer à travailler. Cela ne l'empêche pas d'aider son petit voisin à  apprendre à lire le français et il éprouve plus que de la sympathie pour sa petite voisine Espagnole LUNA.  Ne voulant pas que son petit Victor se retrouve sans personne si sa maladie s'aggrave sa mère lui révèle qui est son père pour qu'il aille faire sa connaissance à Montpellier mais à la condition qu'il ne le ramène pas à la maison. Victor accepte de prendre son destin en main.....

DELAPORTE s'est fait aider par ALAIN LE HENNY pour adapter son histoire au cinéma. Pour ce qui est des acteurs, elle a fait à nouveau confiance aux acteurs de son premier film. Romain Paul est le seul nouveau choisi pour sa façon de ne jamais baisser les yeux et sa façon de jouer d'une manière naturelle à sa façon. Il ne connaissait rien à la grande musique et l'a découverte avec ce film ce qui ajoute à sa façon naturelle de jouer. Ainsi la réalisatrice a pu aller à l'essentiel, elle joue avec les profondeurs de champ en s'appuyant sur des dialogues directs, sans sous-entendu et de la grande musique pour envelopper le tout sans que ça déborde trop dans l'émotion. Les regards de l'enfant se passent de parole. Ce film s'inscrit dans la mouvance du cinéma social humaniste qui touche par son côté sensible à fleur de peau. Il est suffisamment rare pour qu'on prenne le temps d'aller le voir.

"Ce qui m'intéressais surtout, c'était de partir de situations pour faire apparaître les endroits de luminosité. Montrer les obstacles et voir la lumière émerger comme naturellement. Et cela j'y arrive que grace aux comédiens. Il n'y a pas beaucoup de dialogues, les corps font des choses qui remplacent les mots" dit la réalisatrice.

" j'aime sa façon de faire vivre et réagir ses personnages" (Grégory GABELAIS)

"Ce film montre comment on se construit, comment on va vers son avenir et comment on laisse partir nos enfants, comment on parvient à les rendre indépendant et libres" (Clotilde HESME)

Durée du Film:1 H 23.

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