Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
y a quoi à chercher ?
15 mars 2015

CINEMA - LE PRESIDENT & GENTE DE BIEN: LA VERITE SORT DE LA BOUCHE DES ENFANTS

 Il y a des semaines où on a pas envie de choisir entre deux films à commenter car bien que différents, ils paraissent complémentaires dans les réflexions à mener. C'est le cas cette semaine avec le film d'un Iranien en exil et le premier long métrage d'un Colombien. Chacun a son intérêt artistique et dans le contenu. Tous les deux mettent en avant un enfant. J'ai donc choisi de les commenter sans ordre de préférence, il vous appartiendra ensuite de décider.

 

lagloire

 

LE PRESIDENT:

MOHSEN MAKHMALBAL est un cinéaste Iranien en exil depuis 2005 qui a réalisé plusieurs longs métrages dans divers pays. Pour celui-ci, il est allé installer sa caméra  en Géorgie tout en se sachant qu'il n'est nulle par en sécurité:"je tourne à l'étranger pour tenter de faire changer les choses en IRAN où ils sont vus malgré la censure. Le plus dur c'est que là-bas,à défaut de la liberté, j'avais l'amour. Ailleurs je peux m'exprimer mais les gens vont-ils m'apprécier?" (il réside actuellement à Londres)...."Le Président se passe dans un Etat  imaginaire car les mésaventures de ce dictateur balayé par une insurrection citoyenne, contraint à la cavale, pourraient se dérouler n'importe où".

 

enfant du dictateur

 

Mohsen fait parti des cinéastes qui ne se contentent pas de faire des films pour le divertissement mais qui donnent aussi à réfléchir: "Mes films se veulent le miroir du monde et de la société afin de susciter une prise de conscience chez le spectateur, sans pour autant sombrer dans le drame. Je veux raconter l'Espoir, dire qu'il est encore possible d'être heureux; c'est aux gens à décider de leur avenir....faire du cinéma c'est aussi une façon de résister".

Pour mener à bien son projet, il s'est fait aider par sa femme pour le script, sa fille pour le montage et son fils comme assistant producteur ce qui lui a permis de travailler avec un petit budget d'autant que la Géorgie lui a bien facilité les choses :"J'avais besoin d'un décor inédit, un terrain cinématographique presque vierge sur lequel le spectateur pourrait projeter son imaginaire. Les paysages magnifiques de Géorgie s'y prêtaient parfaitement. Il y a des espaces désertiques et escarpés  et un urbanisme "clinquant" de "nouveau riche". J'ai pu ainsi bénéficier des moyens d'un grand avec mon petit budget".

 

velo

 

L'histoire est celle d'un vieux dictateur qui veut éduquer son petit fils qui sera appelé à lui succéder. Il pense que son règne ne sera pas remis en cause par personne et surtout pas par ce peuple qu'il a mis dans la misère et qu'il traite d'"abrutis". Sauf qu'un soir les lumières de la ville s'éteignent et ce sont les quartiers qui s'embrasent. Contraint de se mettre en sécurité il pensent partir avec son petit fils dans sa luxueuse voiture. Ses portraits qui pavoisaient les rues de la ville s'embrasent, le peuple jette des pierres sur la voiture et il finit par devoir s'enfuir avec son petit fils pour échapper à la violence qu'il a engendré et à la haine qu'il suscite. Dachi, le petit fils, découvre, alors qu'il croyait pouvoir tout faire, qu'il n'a plus aucun pouvoir comme celui qu'il persiste à appeler "sa majesté". L'ex Président lui explique qu'ils vont devoir se faire passer pour un musicien et lui pour un danseur qui fait l'aumône. Dachi va beaucoup le questionner pour comprendre ce qui a entraîné cette haine à leurs égard, y compris des amis. Pourquoi des atrocités sont-elles commises?

 

poupee de cire

 

Ce film bien évidement évoque en sous entendu la fuite du CHAH d'Iran. Il dénonce les abus de pouvoir du Dictateur président et de sa famille pour qui rien n'était assez beau, luxueux. Mais il interroge aussi sur la violence qui s'en est suivi comme lors du printemps arabe. La violence pour se venger est-elle toujours justifiée pour instaurer la liberté?

 

voiture

 

je souviens avoir lu, il y a longtemps, dans une revue ("Europe") une réflexion sur les "communards" "Furent-ils "trop honnêtes"? La voici:

"Ils auraient dû "marcher sur Versailles". Ils auraient dû "mettre la main sur la banque de France". Mon ami bernard Rousste signalait dans une belle conclusion à notre série de conférences débats sur la Commune, à l'université d'AMIENS, les formules qui reviennent si souvent à propos des communards: "ils auraient dû...""ils auraient pas dû...".L'impression diffuse sous-jacents à ce genre de réaction, c'est qu'ils furent scrupuleux, respectueux de la morale, au point de manquer leur but. Et l'on sous entendent par-là qu'il existe une contradiction regrettable sans doute, mais indéniable- entre la pureté des intentions morales et l'efficacité des réalisations politiques. Le philosophe se sent très concerné par ce genre de problème. Il sait bien que l'homme devient humain en privilégiant la raison sur la violence; il sait que la morale résulte d'un choix de valeurs régissant les rapports des hommes entre-eux de telle manière qu'ils ne soient pas des loups les uns pour les autres. Mais il sait aussi que l'homme le mieux intentionné est parfois contraint à la violence. La philosophie des lumières, et singulièrement la philosophie  Kantienne, rêvaient de changer l'ordre politique par la seule persuasion. La discussion, la critique, l'objection manifestent la toute puissance des "lumières", auraient éclairé les despotes, auraient conduit les princes à respecter les peuples. Kant et ses successeurs furent brutalement tirés de leurs illusions par la terreur. Cette dernière devint la plaque tournante de la pensée philosophique à partir de 93. Est-il possible d'admettre que le règne de la raison se réalise par son contraire la violence? Faut-il appeler morale l'exigence d'une fin rationnelle et politique, l'usage de la violence comme moyen?...Ainsi l'idéalisme éthique serait pour la morale qu'on renvoie à un modèle Kantien caricatural (les moyens commandent). Nous affirmons que l'influence morale se veut efficace et se doit de l'être; et nous affirmons que le politique ne se conçoit pas sans une option pour le régime " le meilleur", donc sans intention valorisante.

Il semblerait alors que s'efface la différence entre la morale et la politique. Je pense qu'elle existe, si l'on regarde aux notions, mais une action concrète est toujours ethico-politique. Celui qui croit agir en ayant égard aux seules valeurs morales a, qu'il le veuille ou non, une certaine incidence sur la collectivité, sur la société. On ne fait pas son salut individuel, fût-ce par le "bon usage des maladies"; le moraliste ne peut explorer indéfiniment et circulairement l'univers de l'intériorité pure. Il y a toujours une politique de l'action morale et une morale sous-jacente, implicite à l'action politique. Ceci étant dit, on ne peut nier qu'un des pôles de l'action soit l'affrontement à un choix de ce qui est "bien" ou "bon", de ce qui est "mal" ou "mauvais"; que l'autre pôle soit le travail de la réalisation dans les institutions, les lois, les structures collectives. Mais on ne peut jamais comprendre l'un des pôles si on oublie l'"autre".

Durée du film : 1 h 58.

*

 

gt 1

 

GENTE DE BIEN :

 

franco_lolli

FRANCO LOLLI est né à BOGOTA puis avec son bac en poche, il est venu en France  pour étudier le cinéma à Montpellier puis à la Frémi à Paris dans le département de la réalisation. A partir de 2008, il a commencé à faire des courts métrages en Colombie. En parcourant les festivals il a fini par se faire remarquer du grand jury. Après des voyages au Cambodge , des documentaires, son court métrage de fiction attire l'attention au 15 ième festival des réalisateurs. En 2013, il se lance dans son premier long métrage :"GENTE DE BIEN": "Réaliser un premier film est très difficile à toutes les étapes, depuis l'écriture du scénario à la post production en passant par le financement". Il a écrit son scénario avec CATHERINE PAILLE et l'apport d'EUGENIE LEGAY. " j'ai joué sur la confusion entre les personnes qui font le bien et les gens riches de bonne famille ( c'est le double sens du titre) D'un côté la personne riche pense faire une bonne action en enlevant le fils à son père et de l'autre ce fils qui intègre le temps d'un été une classe sociale supérieure à la sienne. Je voulais montrer la lutte des classes sous l'angle intime. A mes yeux c'est avant tout un film sur la famille, mais je me suis rendu compte en l'écrivant que je faisais une connexion étrange, inconsciente, entre les rapports de famille et ceux de l'argent. La question de l'abandon est pour moi lié à celle de basculer d'une classe à une autre.Gente de bien est imprégné par l'idée d'une fable morale. Ca tient au conte de noël mais c'est un film pour adultes. Il est beaucoup construit sur les impressions qui me restent de mes souvenirs d'enfance et renoue avec les contes que l'on me racontait quand j'étais tout petit... Je n'aime pas les films où les réalisateurs n'aiment pas leurs personnages, même s'ils ne sont pas toujours à leur avantage; je tiens à les filmer avec amour. Dans mon film il n'y a ni victime ni bourreau mais des gens qui font ce qu'ils peuvent ...C'est très difficile de montrer une réconciliation entre riches et pauvres. Ce film était comme une psychanalyse car mon père est mort avant ma naissance. C'est le rapport à l'émotion que je veux montrer au cinéma. Je suis issu d'un milieu aisé mais chez les riches nous restions des pauvres et on nous regardait comme tels. Les classes sociales en Colombie, sont des castes et il est presque impossible d'en changer".

 

GT 3

 

L'histoire est celle d'un garçon d'une dizaine d'années, intelligent mais caractériel qui a grandi dans la banlieue pauvre de Bogota et que sa mère envoie vivre chez son père qu'il connaît très peu avec son chien sous prétexte quelle doit partir chercher du travail. Le père est un menuisier qui travaille pour faire des  meubles pour une femme riche afin de l'aider.Le garçon trouve un père distant, fragile et pauvre. La riche maria isabella pense que pour aider ces gens pauvres il faut qu'elle les invite à venir travailler pour l'entretien dans sa résidence secondaire. Elle présente son fils au garçon pour qu'ils s'amusent ensemble mais le fils du menuisier qui n'a pas un caractère facile fait des difficultés à s'intégrer dans ce milieu qui n'est pas le sien et quand Maria essaie de le raisonner il lui répond qu'elle n'est pas sa mère. Le père réussit à mieux communiquer avec son fils qui réagit comme un animal sauvage quand on l'humilie en lui faisant sentir qu'il n'est pas du milieu des riches...

 

GT 2

 

Ce film a été tourné en 2 mois, dans une colombie qui s'est débarrassée de la junte militaire mais où l'oppression politique à pris la forme d'une oppression économique. Lolli a fait un film latino sud américain en montrant le fossé qui existe dans un pays où la caste sociale des gens bien exerce son hégémonie sur la majorité  des pauvres sans comprendre pourquoi ces derniers sont "ingrats" alors qu'elle essaie de les aider ? Pour LOLLI cette aide sincère ou irresponsable est perçue comme une sorte de charité faite aux pauvres et pas une aide concrète pour changer leur vie de pauvres.

 

GT6

 

Durée du film : 1h 27

 

GT 4

 

Publicité
Publicité
Commentaires
y a quoi à chercher ?
Publicité
Publicité