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11 avril 2015

CINEMA- UNE BELLE FIN : LA SOLITUDE N'EFFACE PAS TOUT

 

fonctionnaire

 

JOHN PASSOS avait inventé une méthode pour écrire sa trilogie "USA" qui en établissant l'ordre social visait à rétablir l'ordre des choses. Le Russe SOLJENITSYNE avait élargie cette méthode en combinant le document historique avec la fiction pour écrire un récit (pas un roman) en y mettant des tracts, des correspondances, des titres d'annonces publicitaires, des extraits de presse et journaux officiels et même des scénarios de film à faire afin de restituer l'ordre des choses. WALTER BENJAMIN préférait quand à lui être comme un homme qui creuse pour se rapprocher du passé enfoui; il disait qu'il fallait fouiller comme on fouille un terrain, couche par couche pour en extraire des objets précieux et ne pas se contenter d'en dresser l'inventaire. Ainsi la recherche même infructueuse procure autant de satisfaction que celle qui a abouti.

 

visconti

Le réalisateur Anglo-Italien UBERTO PASOLINI nous livre à travers son film "UNE BELLE FIN"une façon non de rétablir l'ordre des choses mais de déjouer la solitude et l'oublie à partir de ce que nous appelons la mort d'un inconnu: "il faut accorder de l'importance à la mémoire des individus oubliés et reconnaître ce qu'on leur doit. Je voulais évoquer l'isolement des personnes âgées qui terminent leurs jours dans la misère, abandonnées par la société dans la vie comme dans la mort...nous sommes trop individualistes et égoïstes, nous devons nous ouvrir aux autres".

 

Une-belle-fin-OK

 

J'avoue que j'ignorais qu'en Angleterre existait un service privé qui s'occupait de retrouver les familles des personnes décédées ignorées de tous (c'est un peu ce que devraient faire les sociétés d'assurance vie en France) afin qu'il y ait au moins un peu de monde à leurs enterrement: "Un jour, j'ai lu dans un article qui racontait le quotidien peu ordinaire, à la mairie de WESTMINSTER, d'une femme chargée de retrouver les familles des gens décédés dans l'indifférence générale. Je l'ai suivie ainsi que deux de ses collègues pendant six à sept mois. J'ai étendu mon enquête à la ville de Londres et je me suis entretenu avec 36  fonctionnaires qui font un travail de fourmi, à la recherche d'informations et de contacts, en épluchant les papiers et les photographies des défunts. J'ai visité les appartements et pénétré leur intimité,assisté à leurs funérailles. Parfois, il n'y avait que le prêtre, le cercueil et moi...Pour des raisons de rentabilité, j'ai vu aussi des bureaucrates pas motivés et sans scrupule qui bouclaient des dossiers à l'emporte pièce, qui dispersaient les cendres que personne ne réclamait n'importe comment. Dans 70% des cas, ils ne retrouvent aucun proche et les 30% qui restent ont rompu toute relation et ne veulent surtout pas s'en mêler".

 

belle vie

 

 

189895

UBERTO PASOLINI est un réalisateur qui a un parcours singuliers; issu d'une famille aisé, neveu du grand LUCHINO VISCONTI, il a d'abord été un grand banquier avec bureau et secrétaire avant de décider de changer complètement pour devenir producteur de cinéma: " je voulais essayé de faire quelque chose où je ne devais rien aux contact de ma famille et je me suis retrouvé à servir le thé sur des tournages de film, ce que je n'ai jamais regretté". Il a produit "the full monty" en 97 qui a été un des plus gros succès du cinéma anglais. "Après des expériences plus ou moins heureuses et un gros projet inabouti, je ne voulais plus exercer le contrôle de films écrit et réalisé par d'autres car ça amoindrie la "voix autoriale". J'avais besoin de me sentir proche du sujet". En 2007, il réalise son premier film d'auteur à partir de la dispersion dans la nature des joueurs de handball Sirlankais venus en Allemagne pour un coupe du monde. Après son divorce avec RACHEL PORTMAN la mère de ses 3 enfants, il réalise STILL LIFE et reçoit la récompense de meilleur réalisateur à Venise (2013): "Je réalise toujours le même genre d'histoire de gens modestes confrontés entre le rève et la réalité. Les destins exceptionnels ne me parlent pas du tout. Ce qui m'intéresse c'est de trouver l'extraordinaire dans le quotidien. C'est trop facile de faire des films en poussant le volume à fond en jouant sur l'action, le drame, la musique; ça ne touche pas longtemps les gens. Par contre je m'inspire d'un maître du cinéma comme YAIYTIRO OZU, sa grammaire est très simple.Ses films apparemment pas très excitants et parlant son très émouvant et universel.... On doit faire un film pour soi même sans préjuger du public. J'ai réalisé "Une belle fin" qui tout en parlant bien sur de la mort, questionne surtout sur la vie, ça n'a rien d'un film déprimant. Ça va plus loin que les morts solitaires. Quand on jette les cendres d'un défunt n'importe comment ça en dit long sur la manière dont notre société traite les plus faibles. Aujourd'hui, on tend à considérer la personne à charge comme un profiteur et donc on laisse les gens disparaître seuls, éloignés de leur famille ; on en arrive au point où on ne connaît même plus ses voisins alors que c'est dans la mort de l'autre que la vie devient intéressante et une chance pour devenir une meilleure personne. J'ai peu d'imagination, je part donc du réel. EDDIE MARSAN qui joue le personnage central du film n'est pas une star mais à travers lui on peut voir dans la réalité du personnage, son job, sa générosité, son inconscience qui est propre à sa solitude".

 

une belle

 

Pour capter avec maestria cette solitude et parler de cette recherche sur l'entourage du défunt et reconstituer des moments de sa vie, Pasolini n'a nul besoin de montrer le mort, il creuse dans ce qu'il a laissé comme objets souvenirs, photos, bijoux, vêtements, etc . Il agit comme un archéologue qui sacralise les objets trouvés, les ossements d'inconnus, avant de les exposer pour faire revivre le passé que l'on croyait enfoui et perdu à tout jamais, pour reconstituer ce qu'à été  un instant de vie à une période déterminée dans le temps. Pour lui tout est sacré et tout est éternel, rien ne doit se perdre. C'est un réalisateur qui a des choses à dire et qui les filme d'une manière  remarquable avec une grande maîtrise et beaucoup d'efficacité, sans le moindre temps mort.

 

famille

 

L'histoire est en fait celle de son voisin disparu que ce fonctionnaire appliqué, maniaque, méthodique et solitaire qui mange toujours pareil, s'habille toujours pareil, va devoir retrouver les proches pour qu'il ne soit pas seul à son enterrement. C'est sa derniére recherche car il a été licencié par son patron qui le trouve trop lent et trop appliqué. Il va découvrir en cherchant que son voisin n'était pas à propement parlé quelqu'un d'irréprochable: Mari violent, il a délaissé son rôle de père pour sa fille unique comme il a délaissé tous les emplois  pour se laisser aller et finir seul. Quand ce fonctionnaire finit par retrouver sa fille on comprend les réticences à pardonner à ce père biologique...

Ce film  plein de délicatesse et sans à priori a déjà conquis un public qui a déjoué les méfiances du sujet périlleux par le "bouche à oreille"

Durée du Film 1h 22.

 

regarde

  AVIS du cinéphile: LIRE LE COMMENTAIRE DE CE FILM DE DASOLA qui a aimée http://dasola.canalblog.com/

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Commentaires
D
Bonjour Alex, merci pour le lien. J'ai été agréablement surprise que dans la salle où j'ai vu le film hier soir, il y a du monde: tout public et je pense que le film a beaucoup touché. J'ai entendu des gens qui se mouchaient à la fin. Bonne journée.
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