CINEMA- Un PEU, BEAUCOUP, AVEUGLEMENT: "ON SE VOIT MIEUX SANS SE VOIR"

1 mai 2015

CINEMA- Un PEU, BEAUCOUP, AVEUGLEMENT: "ON SE VOIT MIEUX SANS SE VOIR"

Quand un comédien que l'on apprécie se lance dans la réalisation d'un film, forcement que cela suscite de la curiosité. CLOVIS CORNILLAC, aidé par sa femme LILIAN FOGLI, a pu, après quatre ans d'hésitation, faire son premier long métrage en tant que Réalisateur/Acteur. Sa femme avait en tête un souvenir d'étudiante où elle avait habité un appartement dans lequel on entendait tout ce que faisait et disait son voisin; au final elle faisait presque tout en même temps que lui. Clovis lui a laissé un an pour peaufiner son scénario; intéressé , il n'y avait plus de place pour le doute, ils ont décidés de l'améliorer ensemble pendant un an encore puis de le finir avec l'aide d'un autre scénariste: LUSTAN SCHULMANN: "je voulais faire un film qui soit quelque chose de nécessaire, qui corresponde à mon besoin artistique... je me suis jamais considéré comme un Artiste avec un grand A mais comme un artisan avec 30 ans de métier de comédien. Avec ce scénario j'ai pu jouer et mettre en scène. Quand je mettais en scène , je ne lui donnait pas moi même la réplique. L'idée d'ailleurs de ne pas donner la réplique était d'abord égoïste car cela me permettait de me concentrer sur la mise en scène, mais cela n'était pas inintéressant dans le résultat... Faire un film c'est assumer tous les recoins, tu te surprends à te passionner pour une petite cuiller; c'est ça qui est fabuleux, tout est important, le sol, les objets, la lumière...alors que je n'y prête aucun intérêt dans la vie. Là tout prend un sens. Ce sont des choix permanents, les tiens... C'est un film anti cynique, on se marre ce qui est le propre du cinéma. Je voulais que les acteurs connaissent leur texte sur le bout des doigts mais qu'une fois sur le tournage il faut que le spectateur ne sente pas venir la phrase qui suit; on doit jouer dans le présent ; mes sequences où je joue, je les tournaient à la fin de la journée".

L'Idée de faire un film avec les acteurs principaux qui parlent à un mur est pour le moins originale:" Ce que j'aime bien au cinéma c'est de voir des choses que je n'ai pas vu auparavant. L'idée de départ de ce film je ne l'avais vu nulle part encore. Dans les comédies où les gens qui n'ont rien à faire ensemble et qui évidemment doivent tout faire ensemble c'est un régal parce que forcément il y a du chemin; c'est ce cheminement et cette évolution qui m'intéressait; prendre en considération les idées des personnages et les sortir du chemin balisé m'a beaucoup plu".

L'Histoire est celle de Machin et machine qui habitent deux immeubles séparés par un mur de briques qui n'est pas du tout insonorisé. Dans le premier appartement au confort approximatif Machin (CLOVIS CORNOUILLAC) vit reclus depuis des années. Il passe son temps à inventer des jeux qui sont des "casse-têtes". Il a besoin de beaucoup de silence pour travailler à ses inventions. La seule personne qui lui rend encore visite est son ami qu'il surnomme "Gros naze" (PHILIPPE DUSQUESNE);"trou duc" et "gros naze aiement bien faire de temps en temps un bon repas confectionné par Machin lui même. De l'autre côté une jeune femme vient d'aménager. Machine (MELANIE BERNIER) rêve de devenir Pianiste, vivre de la musique et changer de vie. Elle met beaucoup d'ardeur pour répéter dans la journée. De temps en temps c'est sa soeur (LILIAN FOGGLI) qui lui rend visite. Machine est très mauvaise cuisinière. Forcément que ce voisinage forcé démarre très mal, puis, petit à petit ils s'habituent, échangent et s'entraident ...sans se voir et finissent par mieux se voir sans se voir, par parler de choses vraies. Le râleur, agressif se fait plus gentil. Et comme aucun ne sait à quoi ressemble l'autre (machine se décrit sous les traits de sa soeur) chacun(e) se fait son idée à partir de la voix de l'autre.

Quinze ans après ses début au cinéma, la jeune Melanie décroche avec "un peu, Beaucoup, Aveuglement" son premier rôle principal dans ce qui est une Comédie romantique. Comme tout les premiers longs métrages on a pas un film irréprochable (répétition de la scène des pieds, la fin manque de ce peps qui surprend et fait que l'on ressort de la salle ému et content d'avoir rigolé et pas en se disant que c'était écrit d'avance).