CINEMA - LA RESISTANCE DE L'AIR: TIRER C'EST PAS TUER.

Ce n'est pas parce qu'on est tombé dans le chaudron cinéma à 11 ans, que l'on a fait des études de cinéma, que l'on a travaillé pour la télévision et la pub télé, que l'on s'est formé au court métrage; même parce qu'on a été le premier assistant réalisateur de JACQUES AUDIARD (un prophète et de la rouille et d'os) que pour son premier long métrage on est à l'abrit des maladresses. FRED GRIVOIS avait eu l'idée d'un film en regardant avec THOMAS BEDEGAIN un documentaire de 1964 sur les Olympiades de Tokyo  et en relisant, après coup, la "méditation dans l'art chevaleresque du tir à l'arc" du philosophe allemand EUGEN HERRIGEL. THOMAS BEDEGAIN s'est chargé d'écrire un scénario de polar psychologique.

Réalisateur Franco-canadien,Grivois ne cache pas ses références pour le cinéma américain et sa culture Anglo-saxone. Le scénario repose sur l'histoire d'un sportif, plusieurs fois récompensé pour le tir au fusil à 300 mètres, dont la vie de famille est perturbé par des soucis financiers et un père malade et pas facile qui vient s'installer à la maison. Malgré que sa femme fait son possible pour que la vie de couple ne bascule dans la déchirure (ils ont une fille)Vincent éprouve le besoin d'aller se réfugier au stand de tir. Malheureusement un sombre recruteur est-là qui, après une approche bienveillante ne va pas tarder à flairer le pigeon. Autant il est adroit au TIR à la carabine, autant Vincent est dépourvu de "jugeotte" pour éviter les solutions qui n'en sont pas; "embobiné" par cet intermédiaire qui lui promet un gros paquet d'argent facile sans risque, Vincent oublie la beauté du sport qu'il pratique et accepte un contrat de tueur à gage. Les rapports de Vincent et RENAUD vont devenir des rapports de dominant - dominé dans les quels Renaud dit se contenter de désigner la cible. La spirale de la violence  mafieuse est enclenchée....Comme l'a remarqué un critique, Vincent fait office de marionnette manipulée par Le marionnettiste RENAUD.

GRIVOIS s'est appliqué sur la mise en scène avec l'expérience de son travail auprès d'AUDIARD. Son film ne manque pas de qualité esthétique grâce à la maîtrise du cinéma scope et du steadicam (système de stabilisation de caméra pour de prises de vue en travelling plus fluides avec un bras articulé et une visée hors caméra). Pour le son et la musique il a confié le travail aux frères EVQUERI et SACHA GALEPERINE en insistant sur l'aspect silencieux au moment de mettre les bouchons dans les oreilles.

Et-ce son côté Canadien qui lui a fait opter pour une certaine mollesse dans le déroulé du film ?toujours est-il qu'à ce petit jeu JOHAN HELDENBERG semble en faire trop et l'introduction de la mafia Russe ne fait pas très original alors que REDA KATEB et LUDIVINE SAGNIER tiennent bien leur rôle ( c'est Sagnier qui a insisté pour donner plus d'épaisseur aux problèmes du couple; et KATEB est allé s'entrainer avec le GIGN pour acquérir la maîtrise du geste et les rapports différents entre cible carton et cible humaine).

Il serait étonnant que Fred Grivois en reste sur ce premier film qui est loin d'être catastrophique même si ce n'est pas une totale réussite.

Durée du Film :1h 38

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