CINEMA DOCUMENTAIRE -DIOR ET MOI: LE SECRET DE LA REUSSITE

Il y a comme ça des histoires de films qui vous renvoie à vos expériences de jeunesse. Pour ma part le documentaire de FREDERIC TCHENG m'a fait me souvenir que dans les années 50 un vietnamien avait ouvert sa petite boutique de tailleur dans ma rue. Ma mère venait lui faire faire aussi bien les pantalons de travail de son maçon de mari que, lorsque les moyens financiers le permettaient (Une fois tous les deux ou trois ans), un costume du dimanche pour ses enfants. Depuis tout petit j'adorai me retrouver dans cet atelier - magasin qui avait une senteur particulière de rouleaux de tissus et où on entendait le bruit d'une machine à coudre. L'amitié que j'avais noué avec la fille du tailleur était pour moi l'ocasion de passer de longs moments dans le magasin (quand il n'y avait pas de client qui nous obligeaient à sortir). On avait droit d'utiliser toutes les petites chutes de tissus pour habiller poupées et soldats ; seuls les énormes ciseaux et la vieilles machine à coudre nous étaient interdit. Autant dire que j'ai garder de ces trois ou quatre années des souvenirs merveilleux qui me faisaient oublier que nous ne partions jamais en vacances comme beaucoup d'autres.

Le réalisateur TCHENG avait d'abord fait des études d'ingénieur avant de se lancer dans l'étude du cinéma à l'école américaine. Comme il tardait à trouver sa voie dans le cinéma de fiction, un ami a eu la bonne idée de le faire travailler sur un documentaire. Depuis il s'est pleinement affirmé dans le genre "documentaire". C'est pour célébrer la venue du belge RAF SIMONS le styliste de chez jd Sander comme Directeur artistique (et aussi pour effacer l'image laissée par GALLIANO licencié pour avoir tenu des propos  antisémites, malgré qu'il avait contribué à faire multiplier par quatre le chiffre d'affaire pendant sa présence) que la SOCIETE "CHRISTIAN DIOR" a invitée Tcheng à tourner un documentaire sur l'intérieur de l'énorme industrie de la mode dans sa partie "haute couture" depuis l'arrivée de Raf Simons juqu'au défilé de mode 8 semaines pus tard. CHRISTIAN DIOR est une holding côté en bourse qui dépasse les 900 millions  d'euros de chiffre d'affaires avec plus de 250 boutiques dans le monde qui fait  aussi bien dans la haute couture que dans le prêt à porter, les chaussures, les parfums, la joaillerie,  l'horlogerie et même les vins et spiritueux" (elle est actionnaire pour 40%,de LVMH).

 Sidney TOLEDANO pdg

C'est en 1946 que le jeune Christian DIOR avait obtenu une avance de 60 MILLIONS de frs de MARCEL BOUSSAC et qu'il avait pu ouvrir sa boutique et son atelier dans un hôtel particulier au 30 rue MONTAIGNE, puis l'année suivante, le succés aidant (le tailleur "BAR" cintré à la taille,, la poitrine haute ronde, les épaules étroites et les jambes dégagées jusqu'à 40 cm du sol), se lancer dans la parfumerie: " A mon avis, il est aussi important pour une femme d'avoir un parfum subtil que des tenues élégantes". Son premier et fidèle tailleur s'appelait PIERRE CARDIN. A sa mort en 1957 la maison DIOR était devenu une institution de la haute couture. Yves St Laurent allait la faire fructifier pendant 20 ans avec SIDNEY TOLEDANO pour trésorier (aujourd'hui Président de DIOR COUTURE).

La grande chance du réalisateur a été d'avoir carte blanche pour filmer à sa convenance:" Pour mon premier scénario  je voulais faire un film humain, sur l'humain avec les "petites mains" de  chez Dior . Un artiste est un humain et aussi un artiste et vice versa. Les "petites mains sont des esprits créatifs. Il fallait arriver à montrer le travail collectif qu'il y a derrière le créateur. Habituellement, on ne met pas en avant, en image ces personnes; j'ai voulu faire l'inverse, montrer le rapport avec l'artiste, montrer son travail avec celles et ceux qui l'entourent" .

TCHENG avait en mémoire le livre écrit par Christian Dior et qu'il avait titré "CHRISTIAN DIOR ET MOI" dans lequel il avait écrit en préambule :" le moment me semble venu d'une confrontation avec ce frère siamois qui me précède partout" . Deux "Moi", un le "je"intime , l'homme-artiste et l'autre la personne publique qui veille à toujours aller plus loin dans les affaires. Il est normal que dans son documentaire cela figure en entête (Voix off et citations de Christian Dior) pour, ne serait- ce,  rappeler que rien n'a vraiment changé dans la façon de faire marcher la maison Dior; que l'héritage se perpétue avec les idées premières où il s'apuyait sur des stars comme MARLENE DIETRICH, LIZ TAYLOR AIVA GARDNER, MARYLYN MONROE et à présent sur MARION COTILLARD, JENNIFER LAURENCE, SHARON STONE;.. afin de retenir l'attention du consommateur :" je voulais faire un document tendu comme un thriller et non un film d'investigation...C'est le film et non le passé qui doit être romantique";

Pendant ces 8 semaines le réalisateur nous enmène dans les coulisses, les salles d'essayages, les bureaux, les couloirs et ascenceurs interdit au public. Raf SIMONS, alors que Galiano était parti un an plus tôt, se retrouve à devoir faire la nouvelle collection DIOR en sa qualité de Directeur artistique. Il dispose pour cela de quelques semaines alors qu'en temps normal une collection se prépare sur plusieurs mois. Il ne peut compter que sur l'aide des "petites mains" dont certaines ont plus de 30 ans d'expérience. Le premier jour l'inquiétude est palpable dans l'atelier. SIMONS débarque avec un passé de Designer "minimaliste" dans un endroit où on respire le poids de la tradition. La pression est d'autant plus perceptible que le PDG SIDNEY TOLEDANO veille à la bonne marche des affaires en matière de haute couture. On découvre ce styliste de 44 ans et  cet atelier où tout le monde doit apprendre à se connaître, à se respecter pour créer la collection. Apprendre, y compris à gérer l'ambition artistique du créateur et les nécessaires impératifs commerciaux et économiques; forcément que cela est émaillé par des peines, des espoirs, des engueulades, des doutes.....

RAF SIMONS

TCHENG a bien fait ressortir tout ce processus de création qui débouche sur le Défilé, un travail forcément collectif mis en valeur par un mannequin l'espace d'un instant face à une pléiade de critiques et de personnalités du monde des affaires. Qu'importe si au final les réactions sont mitigées; l'esprit de Christian DIOR est bien vivant.

Musique : HA Y ANG KIM

Voilà un Documentaire qui est plus instructif que les biopic paillettes.

Durée: 1 h 26

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Comments

[maggie 76]

J'ai vu plein de docu de Prigent sur la mode ( mais je pense que celui-là est différent avec les citations, il a l'air plus documenté que ceux de Prigent qui fait plutôt témoigner de proches), j'adore. J'espère que je pourrais voir celui-là car je vais bientôt avoir une carte illimitée pour aller au ciné :-)