CINEMA - COUP DE CHAUD : LE MECANISME DE LA RUMEUR DELETERE

7 août 2015

CINEMA - COUP DE CHAUD : LE MECANISME DE LA RUMEUR DELETERE

Jean pierre DAROUSSIN est un acteur qui sur une affiche de film apporte une caution qui n'est pas négligeable. "Coup de Chaud" est le 3 ème film du réalisateur RAPHAEL JACOULOT dont Daroussin dit qu'il a le sens du suspens et qu'il scrute les personnages :"il décortique les glissements qui entraînent un malaise...Il fait penser à CHABROL... Maîtriser le suspens et le film Noir c'est pas si courant dans le cinéma Français" Lui de son côté explique que son film est sombre mais pas totalement noir: "il est pessimiste mais pas dénué d'espoir... J'avais envie de quelque chose de terrien, ancré dans le sol, presque étouffant avec le désir de travailler sur la mythologie du Western:les rues vides, les ombres, la chaleur..." son but comprendre le phénomène de groupe dans une société malade qui se cherche en permanence des coupables qui fait qu'une simple rumeur va peu à peu cristalliser, les peurs, les haines et les rancoeurs d'un petit village isolé. jadis on se soulageait en brûlant les sorcières avec le soutien de l'église des inquisiteurs.

Le film de Jacoulot est inspiré d'un fait divers d'aujourd'hui. Avec la scénariste amie LISE MACHEBOEUF ils ont cherché non pas à exprimer une fatalité mais de conserver une dimension humaine à cette histoire criminelle en remontant, petit à petit jusqu'à la rumeur qui a fait que peu à peu tout un village s'est trouvé soulagé par le crime de ce jeune un peu simple d'esprit et violent alors que jusque là on semblait s'accomoder de son comportement singulier. Avec cette question:"comment on a pu en arriver là?" A travers ce film, le réalisateur ne cache pas qu'il espère pousser le spectateur à une réflexion en se mettant à la place de chacun (e) des habitants de ce village qui, cet été là, devaient subir les méfaits de la sécheresse (la plus parts sont des paysans) et leur isolement.

JOSEPH BOUSOU (KARIM KELOU) était le fils du ferrailleur issu des gens du voyage qui s'est sédentarisé dans ce petit village. On le retrouve mort un matin dans la cour de la maison familiale. Paradoxalement cette nouvelle semble soulager tous les habitants. Seul le maire qui est aussi le vétérinaire est attristé par cette affreuse nouvelle; il semble avoir été dépassé par les évènements et sa fonction de maire humaniste n'a pas suffit à répondre aux inquiétudes, à calmer les esprits avant qu'il ne soit trop tard. Il n'a pas su prendre les bonnes décisions en temps voulu, mais sait-on qu'elles sont les bonnes? qu'elle est la bonne décision quand on a à faire à un jeune qui commet des bêtises sur bêtises du fait de son état mental et dont les parents ne se sont jamais trop occupés (il a grandit livré à lui même) et qui parfois peut avoir un comportement violent envers les autres (il sera arrêté par la police après qu'une plainte et été déposée puis relaché. Quelqu'un demande même pendant la réunion du conseil municipal si on ne peut pas le faire interner de force,mais le Maire explique qu'il y a des règles à respecter pour celà)

L'idée de ce film n'est pas de trouver le ou la coupable à tout prix mais de comprendre ce qui peut pousser tout un village, jadis tranquille et sans histoire, à un tel basculement.

Ce n'est sans doute pas le genre de film que l'on recherche pendant les vacances, mais il serait dommage, entre deux divertissements, de ne pas se pencher sur son cas. C'est un film qui parle de notre vie en société en temps de crise et qui peut aider à méditer sur nos comportements lorsqu'on a un "coup de chaud".

La musique est du compositeur ANDRE DZLEZUK; Saluons aussi la performance du tout nouvel acteur KARIM KELOU qui, comme l'a dit le réalisateur, a su articuler scène et texte dans la gestuelle de ce jeune ado un peu simplet qui n'est jamais là où on l'attend.

Durée du film : 1 h 42