CINEMA : ARRETES-MOI LA: LE COUPABLE IDEAL

2 janvier 2016

CINEMA : ARRETES-MOI LA: LE COUPABLE IDEAL

Commencer la nouvelle année en allant voir un film Français c'est comme faire un voeux de qualité pour toute l'année.

GILLES BANNIER est surtout connu pour son excellente série pour la télévision :"Engrenage" (saison 2). il a été aussi premier assistant d'Yves ROBERT et Georges LAUTNER. Pour son long métrage, il a d'abord plongé dans la lecture du roman de l'américain LAIN LEVISON (Editions LIANA LEVI 2011) qui s'était inspiré d'un fait divers de 2002 qui avait fait les gros titres des Médias américains car la petite fille de 14 ans, supposée enlevée, était blanche et le principal suspect Noir, un chauffeur de taxi. L'accusé pas très riche et solitaire se contentait de l'amitié de son chat mais n'avait pas les moyens d'engager un avocat pour le défendre. Il avait écopé de la peine de mort; dix mois après on avait retrouvé, en bonne santé, la jeune fille mais l'innocent était mort peu avant en prison suite à une étrange hémorragie.

Bannier, qui avait déjà du creuser les problèmes des lois françaises en matière de justice pour sa série télévisée, avait été aussi convaincu par des juristes qu'avec quelques révisions on pouvait produire un film policier Français adapté de ce roman policier américain en suivant un cadre juridique pénal irréprochable. Il ne voulait pas non plus faire un film sur la prison mais montrer la souffrance de son personnage avec l'extérieur. Pour son coupable idéal, il a fait appel à un acteur qui avait joué dans la saison 2 d'engrenage : REDA KATEB.

Cette personne, à qui la police n'avait rien trouvé à lui reprocher jusqu'alors, était un homme proche de la trentaine qui avait une relation avec une jeune femme mais qui vouait une grosse amitié pour son chat roux. Il faisait le chauffeur de taxi dans Nice et savait se contenter du confort de son taxi; jamais râleur avec les clients. Un après midi, il fait une course avec une femme prénommée Louise (LEA DRUCKER) avec qui il sympathise et à qui il explique qu'il aime conduire le taxi parce que ça lui laisse du temps pour réfléchir à ce qu'il voudra faire plus tard. Arrivé devant chez elle, comme elle n'a pas d'argent pour payer, elle l'invite à son appartement pour lui régler la course. Pendant quelle cherche la monnaie, il lui demande si il peut utiliser sa salle d'eau; là, après s'être lavé les mains il voit la fenêtre entre ouverte et il va la caresser car ça lui rappelle son ancien métier. Le lendemain matin, la police frappe à sa porte et lui demande de le suivre au commissariat. Au cours de l'interrogatoire il apprend que la fille de Louise a disparue et que c'est lui qu'on soupçonne de l'avoir enlevé....

Le drame de ce suspect c'est de ne pas dire exactement ce qui s'est passé la veille avec le détail de toutes les courses et ses mensonges par omission ou parce qu'il ne voyait pas l'importance de tout raconté, vont lui coûter son incarcération et une lourde condamnation car il n'a pas les moyens de se payer un avocat capable de le défendre et de faire admettre aux jurés de son innocence. Aussi, quand on se retrouve condamné à une longue peine pour quelquechose que l'on n'a pas commis, on peut comprendre que la police qui a trouvé son coupable idéal ne veuille plus perdre son temps à vérifier si elle n'a pas commis une erreur. Il n'y a que le jour où on retrouve la victime qu'on saura qui disait la vérité mais ne sera-t-il pas trop tard?

Avec un budget de seulement 2, 85 millions d'€, Gilles Bannier fait un film policier sans verser le sang qui montre que personne n'est à l'abri d'une erreur judiciaire, surtout si votre physique et vos origines ne sont pas au niveau du luxe de la croisette avec ses palaces et sa mer turquoise. Il a adapté son scénario à la française avec l'aide de NATHALIE HERTSBERG. La mise en scène lui a été facilité par son expérience des séries télévisées. Le déroulement des séquences ne souffre d'aucune erreur de détail (l'assistant qu'il a été lui a aussi servi).

Rien n'est jamais évident pour personne, il faut surtout se garder d'avoir des certitudes quand on est appelé à enquêter ou à juger une autre personne sans vraiment la connaitre, ni sans savoir de quoi elle est capable. Il ne suffit pas de modifier les lois pour se rassurer.

Duréedu film: 1h 34