CINEMA - DESIERTO : LE DESERT EST UNE JUNGLE BLANCHE

Cette semaine vous avez droit à deux très bons films qui semblent absolument opposés et qui pourtant parlent de la même chose selon deux approches différentes pour capter l'attention de deux publics différents; on appelle cela la magie du cinéma.

Le premier film s'appelle "DESIERTO" et le second "LE LIVRE DE LA JUNGLE"

"Désierto" est le deuxième film long métrage de JONAS CUARON, le fils d'AFONSO l'auteur de "GRAVITY". Mais à l'inverse du père il n'a pas cherché à avoir recours aux effets spéciaux, ni aucun artifices visuel. Son budget est resté lui aussi dans des proportions modestes de l'ordre de 3 millions de dollars.

Je ne sais pas si on peu parler de "Thriller" ou d'une course dans un labyrinthe désertique pour s'extraire de l'enfer; une sorte de huit clos à ciel ouvert?

L'histoire n'a rien d'imaginaire mais relève d'une actualité tragique qui anticipe ce qui risque de se produire si on est incapable de solutionner, très vite, les problèmes qui font qu'il y a un peu partout dans le monde de plus en plus de pauvres gens qui cherchent à fuir leur pays pour avoir une chance, aussi infime soit-elle, d'éviter la famine et les conditions qui furent celles des camps d'exterminations nazis durant la dernière guerre mondiale.

Jonas CARON a écrit le scénario avec Mates GARCIA.

L'histoire se situe dans la zone désertique qui sépare le Mexique du texas; des kilomètres de fils de fer barbelés servent de frontière entre le mexique dévasté par le chômage, la drogue et la corruption et les Etats Unis qui continuent de faire rêver avec son système capitaliste. Le désert du Texas n'est pas aussi désert, blanc, qu'on le dit; on trouve ici et là une végétation desséchée par le soleil brûlant, et d'autres endroits avec des cactaccées, ces plantes adaptées à la sécheresse avec des tiges qui comportent des feuilles réduites et des aiguillons aussi efficace que le fil de fer barbelé. Il y a aussi, à côté des dunes, des falaises rocheuses  difficilement franchissables.

Pour gagner l'amérique les pauvres migrants mexicains doivent franchir cette zone habitée en autres de serpents et autres espèces venimeuses. Chaque nuit, des dizaines de mexicains sont amenés par des passeurs sans scrupule le long de cette frontière qu'ils franchissent en toute illégalité et sans autre affaire que celles qu'ils portent sur eux.

Comme cela arrive souvent quand on trouve que les politiques font pas grand chose pour assurer la sécurité et la tranquillité des citoyens, il arrive un moment où les plus excités décident de créer des milices plus ou moins armées afin de sécuriser le pays en repoussant celles et ceux qu'ils considèrent être des "envahisseurs" responsables de tous la maux du pays (chômage, pauvreté...).

Ici, c'est un homme solitaire armé d'un fusil longue porté, qui vit avec un chien dressé pour tuer, qui a décidé d'agir pour éradiquer les étrangers hommes, femmes, enfants qui cherchent à le priver de ses privilèges (il mène pourtant une vie que l'on a du mal à qualifier de "belle"); c'est ainsi qu'il entend  assumer son rôle de patriote. Au volant de son pick-up il va sillonner la zone désertique à la recherche de ses proies humaines.

Ce matin là, Moïse (GAEL GARCIA BERNAL) ce clandestin mexicain ne s'imagine pas ce qu'il s'apprète à endurer avec sa  compagne  d'infortune Adéla (ALONDRA HIDALGO)  pour survivre, vivre par dessus tout. En haut d'une dune Sam (JEFFREY DEAN MORGAN) et son chien guettent leurs proies car l'objectif n'est pas de faire fuir ou d'arrêter mais seulement tuer le plus possible. Ils sont sans foi ni loi; qu'importe si en façe ils sont mains nues et qu'ils aient sur eux qu'un bidon d'eau potable...

Pour sa deuxième réalisation après "YEAR OF THE NAIL"(2007) JONAS, tout en faisant une course poursuite effrénée, à fait une mise en scène remarquable qui est tout aussi impitoyable que le sont les actions. Le spectateur est plongé dans une angoisse permanente et un suspens étouffant pendant ce duel à la vie à la mort entre un psychopathe et un désespéré. jONAS dresse l'anti- portrait du rève Américain qui a fait de la statue de la liberté un symbole.

La musique qui l'accompagne n'est autre que le bruit du désert.

Tout dans ce film, sans être totalement parfait, est extra intelligent (Prix special du jury festival de BAUNE)

un film a voir.

Durée du film : 1h 40

*

Comments

[maggie]

Je compte aller le voir ce soir ! Comme je suis en train de lire Extra-pure de Saviano, je nage dans le contexte des narcotraficants mexicains et de l'histoire du mexique...