CINEMA - LES AMANTS DE CARACAS : DE LA-BAS MEME UNE IDYLLE RESTE MELANCOLIQUE ET CHAOTIQUE

Caracas, la capitale Venezuelienne, est une ville où la violence reste subtile, invisible hors champ des regards indiscrets bien qu'elle évolue dans une complexité sociale où le quartier riche des affaires côtoie le quartier pauvre de CARACAO séparé par la Candélaria, une zone d'habitations de classe moyenne à loyers modérés: "A Cause de la crise économique lourde que le pays a traversé, Caracas et toutes les infrastructures vénézuéliennes ont subies de nombreuses transformations" dit le réalisateur LORENZO VIGAS "on trouve dans mon Caracas toute une énergie que nous n'aurions jamais pu mettre en scène autrement. Je voulais tirer avantage du bouillonnement et filmer avec mon personnage principal Armando tel un fantôme, presque invisible, noyé parmi les habitants, présent dans la rue mais dont les émotions restent prisonnières de son passé."

Le titre original de ce film Vénézuélien et Mexicain était "de la-bas" mais pour la version française on a préféré, afin d'être plus attractif, de le transformer en :"Les amants de Caracas" par ironie car les deux personnages principaux sont loin d'être un couple et ce film annoncé comme romantique va peu a peu devenir cruel après avoir été étonnant et émouvant, sur fond de crise sociale et économique, même si il n'y a aucune violence apparente. Le traumatisme reste personnel, jamais dévoilé au grand jour. La tension est pourtant palpable et on a le sentiment, au fur et à mesure que l'histoire se déroule, qu'à tout moment ça peut exploser ; en fait, le suspens n'est qu'amoureux avec son lot d'espoir et de déceptions, on finit par espérer, en vain, que la relation se transforme vraiment en histoire d'amour romantique.

Pour ce qui est de l'histoire: ARMANDO MARCANO (ALFREDO CASTRO) est un prothésiste dentaire aisé, méticuleux dans son travail; il vit et travaille dans la ville moyenne. Ce célibataire quinquagénaire souffre d'une absence de relation avec le père qui travaille dans une grosse société du quartier des affaires. Même quand il l'apperçoit, il le suit en cachette sans oser l'aborder. Son étrange passe temps se déroule à un arrêt de bus à observer les jeune ados et parfois il va jusqu'en en aborder un qui accepte moyennant de l'argent de venir chez lui. là il lui demande de se déshabiller mais il se contente de  le regarder se déshabiller, pas question d'avoir un contact.Un jour il emmène chez lui  un jeune un petit voyou du quartier pauvre qui va se montrer brutal avec ARMANDO. Il s'agit d'ELDER qui a une petite amie. Armando vit avec sa soeur mais quand elle a le malheur d'évoquer son père, Armando fait tomber volontairement les assiettes et le panier des commissions posé sur la table pour la faire changer de sujet. Elder de son côté n'est pas tendre avec les frères de son amie car il leurs masse le dos et les omoplates avec une barre de fer.

Malgré les coups reçus, Armando part rechercher ELDER afin qu'il continue à venir chez lui; Pendant les rencontres qui se multiplient ARMANDO ne renonce pas à sa froideur habituelle rendant tout rapprochement impossible jusqu'à ce que ce soit soudain ELDER qui franchit le seuil en troquant sa violence et son attrait pour l'argent par une passion nouvelle et une affection pour ce quinquagénaire; la garçonnière se transforme en un petit chez soi  malgré qu'Armando semble garder une distance protectrice pour ne pas céder à la fougue d'Elder. Amour et lutte se mêlent. Ça se traduit par une histoire d'amour singulière qui n'est en rien une idylle exotique entre deux personnes aux contraires extrêmes...

Le réalisateur Vénézuelien avait déjà montré dans un court métrage:" les éléphants n'oublient jamais" son intérêt pour les relation avec le père ;là il parlait de la vengeance d'un fils et de sa soeur contre leur père abusif. Dans son nouveau film, il cadre les personnages afin qu'ils soient toujours au centre de l'image comme pour établir un rapport étouffant avec le spectateur. A plusieurs reprises, il fait un gros plan sur le dentier sur lequel Armando travaille de manière méticuleuse pour, là encore, établir un contexte psychologisant. Le jury du festival de VENISE a noté le gros travail de mise en scène effectué, sa parfaite maîtrise des effets et un savant mélange de non dit où ce sont les bruits, les sons (fraise de dentiste, vaisselle cassée, frottement de la barre de fer...) qui remplacent les images qui seraient impudiques à l'écran voire pornographiques (masturbation) ou anodines (la salière que l'on agite sur les frites).

C'est sans doute pour tout cela réuni que "les amants de CARACAS" a obtenu, en 2015; le "LION D'OR" de la MOSTRA de VENISE et qu'il sort à présent en France.

Un film scénarisé par LORENZO VIGAS et GUILLERMO ARVAGA avec des acteurs peu connus : ALFREDO CASTRO (Armando), LUIS SILVA (Elder) à découvrir comme une forme nouvelle originale du cinéma VENEZUELIEN.

Durée du film : 1h 33

PS : alors que je suis en train de finir ce commentaire de film, les infos nous apprennent que le VENEZUELA traverse une crise économique sans précédent dù à la baisse du prix du pétrole et au El ninio qui contrarie les récoltes; résultat les caisses de l'ETAT sont vides; il y a des queues interminables devant les centre commerciaux, l'électricité est coupée 4 heures par jour, les députés ne sont plus payés et les fonctionnaires sont 2 jours par semaine au chômage. Le gouvernement socialiste est menacé alors que l'opposition est majoritaire au parlement qui réclame sa démission avec une pétition nationale....

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