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29 juillet 2016

CINEMA - SIERANEVADA : 40 jOURS PLUS TARD

LA MERE

Ce film du Réalisateur Roumain CRISTI PUIU a bousculé la tranquillité du dernier festival de Cannes par son titre, sa longueur et son sujet. Si on l'interroge, il dit avoir voulu donner corps à ses propres peurs; les gens qui ont des convictions lui font peur; c'est aux spectateurs qui verront son film à expliquer de quoi il s'agit. Son film est basé sur l'ineffable (ce qui ne peut être expliqué). C'est aussi ce qui ressort du choix du titre qui pourrait donner à penser qu'il s'agit là d'une sorte de Western.

CUISINE

Il a écrit un scénario précis mais s'est laissé la liberté de se contredire en introduisant en cours de tournage des personnages. Il ne s'est jamais posé la question de la durée mais du contenu de son film qui au montage faisait 3 h 30; il n'a laissé aucune place à l'improvisation; celles et ceux qui étaient impliqués dans le tournage ne sont pas des acteurs qui jouent en réfléchissant à ce que va penser le spectateur; "les gens qu'on filme sont tous des morts en sursis" dit Cristi " il faut toujours garder ça en tête". La caméra qui filme occupe la place du mort qui regarde ce qui se passe dans sa famille quarante jours après sa mort ; c'est une âme muette qui se ballade sans chercher à troubler le réel (Dans la tradition orthodoxe de son pays, l'âme du défunt est libre d'aller pendant 40 jours).

INTERNET

Ce film a bien sur un rapport avec l'histoire personnelle du réalisateur, mais à plus grande échelle, on y parle aussi POLITIQUE (on attend à la radio ce qui s'est passé très loin de là 3 jours après la mort du père :l'attentat de "Charlie HEBDO", la dispute autour de l'interprétation de l'attentat du 11 septembre sur internet où sont émis certains doutes conspirationnistes).Toutes les histoires sont des fictions et chacun(e) se construit sa propre fiction de ce qui se passe et retranscrit l'histoire de manière approximative. On ne peut trouver de réponse définitive à Rien. On vit dans un monde  dont on connaît les limites. PUIU raconte dans son film, de manière subjective, son ressenti lors du repas en famille après l'enterrement; c'est au spectateur de jouer avec ce qu'il voit, de se faire sa propre interprétation , de voir où il place ses repères et sa peur personnelle. Mais ce film est le miroir du monde clos à image réduite; c'est comme un appartement en vase clos dont on connaît géographiquement les limites mais dont on ignore tout ce qui se passe vraiment à l'extérieur au même moment; "pour comprendre, dit PUIU, il faudrait pouvoir changer le titre du film pour chaque pays, mais en fait n'importe quel titre convient. Avec la chute du Mur (BERLIN) par exemple une histoire a disparue, une autre a aussitôt surgie avec une version des faits différentes, moi qui aime l'Histoire ça m'a bouleversé."

FILLE

PUIU

Cristi PUIU est un réalisateur du cinéma Roumain qui éprouve beaucoup de difficulté à trouver des producteurs car en Roumanie il y a de moins en moins de salles de cinéma (une centaine dans tout le pays) il est donc heureux de trouver une protection dans les festivals comme Cannes (il a déjà obtenu plusieurs distinctions à "un certain regard") et le fait qu'il fait souvent des films à sketchs avec de longs plans séquences n'est pas la raison qui explique les réticences pour ce cinéma d'auteur. Diplômé des arts visuels de Genève après avoir étudié la peinture et le cinéma il s'est fait remarqué avec son premier court métrage (1995) puis a décroché plusieurs prix avec son premier long métrage en réalisant des films sur sa banlieue . Le cinéma devient alors pour lui "un médicament pour extraire de son corps le caillou qui lui fait mal".

LES MECS

Sieranevada (en un seul mot) se situe à BUCAREST; un médecin de 40 ans LARY (MIMI BRANESCU) passe après l'enterrement de son père un samedi en famille pour commémorer autour d'un repas le défunt. Les conversations vont vite tourner en débat vif et divergent. Cela le contraint de reconsidérer sa place à l'intérieur de la famille où chacun(e) exprime ce qu'il pense être sa part de vérité. Ça vire à des moments d'intensité d'une famille qui est au bord de la crise de nerfs et pas du tout à celle du recueillement. PUIU ne cherche pas à enjoliver la banalité du décor et se contente de refaire une retranscription en temps réel de là où se situe le drame. Comme l'a dit un critique "la vie est fait de hauts et de bas, celui-ci est en bas". Les personnes présentes (fils, filles, cousins, voisins) doivent attendre les popes qui doivent bénir les lieux et les présents avant de pouvoir passer à table. Et dans la tradition ancienne un fils du défunt doit revêtir un de ses habits pour affirmer sa présence; sauf qu'en la circonstance le costume est bien trop grand et qu'il faut faire des retouches qui retardent encore le repas. Alors on attend , on boit et on fini par se disputer parce qu'une fille ne veut plus entendre parler des mérites du Communisme, alors qu'un autre conteste les thèses mensongères du pouvoir en place; une autre femme qui est ivre accuse son mari d'agresser sexuellement sa voisine et pour clore le tout Lary finit par se disputer avec sa femme pour la voiture mal garée et quand il s'installe à l'arriere il fond en larmes en évoquant un souvenir d'enfance... Drôle de Samedi!

RIRES

C'est pas ce que l'on appelle un film de divertissement, mais c'est du vrai cinéma de fiction avec un thème universel pour adultes consentants. L'avoir sorti pendant les vacances (où on ressent aussi avec l'actualité la peur) est une bonne chose qui évite qu'il soit mis en concurrence avec des films primés qui ne veulent rien dire.

Durée du Film : 2 h 53

POP

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