CINEMA- LE GRAND HOMME : LA MORT A LA VIE DURE

10 août 2014

CINEMA- LE GRAND HOMME : LA MORT A LA VIE DURE

C'est lors de la disparition du jeune comédien GUILLAUME DEPARDIEU que SARAH LEONOR qui avait réalisée son premier long métrage avec lui ("au Voleur")s'est interrogée sur la mort.Le hasard? a mis entre ses mains l'histoire semi-légendaire du roi sumérien de la mésopotamie:GILGAMESH.Ce Roi, immortalisé par l'histoire écrite sur lui sur des plaques d'argiles, a passé une grand partie de sa longue vie en étant obsédé par la mort.Né vers la fin de l'ère du taureau (-2650 av JC)Gilgamesh était devenu le roi de la cité d'Uruk.Beau et fort, il fut pendant les premières années de règne un Roi guerrier et sanguinaire qui exerçait sa tyrannie sur son peuple (on dit même qu'il exigeait de coucher avec toutes les femmes vierges qui allaient se marier). Il était sorti vainqueur de tous ceux qui avaient voulu prendre sa place, jusqu'au jour où il avait eu un opposant aussi fort que lui.Il en avait conclu qu'ils étaient complémentaires et a partir de ce jour ce guerrier sauvage est devenu son ami avec qui il a partagé le pouvoir sur Uruk; il s'appelait ENKIDU. Lorsque ce frère d'arme est mort, GILGAMESH fut inconsolable.C'est alors qu'il a lancé sur la mer des bateaux dans tous les sens pour découvrir s'il existait un endroit où les hommes étaient immortels?. Lui même, dit-on, se mis à la tête d'une expédition qui arriva jusqu'à l'Atlantide où il bu du sang du taureau dans une coupe d'or. Est-ce là qu'il rencontra un grand sage qui avait survécu au "DELUGE"?; toujours est-il qu'il revint dans son royaume en ayant compris que les hommes immortels n'existaient pas et que la vie éternelle est dans ce qu'on fait de bien pendant sa vie. A partir de ce jour, GILGAMESH est devenu un grand HOMME qui protégeait et prenait soin de son peuple. Il fit construire une muraille d'argile de 11 km de long et 9 m de haut pour protéger URUK et fit construire un temple sans égal en hommage à la déesse de la vie protectrice de sa citée INAONNA/ISHTAR.

C'est avec talent que SARAH LEONOR a décidée, avec l'aide d'EMMANUELLE JACOB pour le scénario, de porter à l'écran une version moderne de cette histoire:" Je me suis demandé ce que pouvait donner la confrontation du texte à la réalité d'aujourd'hui. Uruk serait la France et l'action serait centrée sur Paris. Enkidu serait un homme venu d'ailleurs, au delà des frontières de Schengen".

L'histoire du film est en trois parties et met en scène 3 personnages principaux :Hamilton (Gilgamesh) interprété par JEREMIE RENIER ; son frère d'arme c'est Markov (ENKIDU) joué par SURHO SUGAÏPOV avec un fils Khadji (RAMZAN IDIEV):"il symbolise la contestation et la colère face à l'absurdité du monde. Il incarne cette destinée hmaine; on lui transmet des choses du passé pour qu'il se projette dans le futur". En fait, il n'y a pas UN mais TROIS grands hommes".

La première partie relate le passé de ces deux engagés dans la légion étrangère. Il sont des éclaireurs en Afghanistan mais un jour il sont pris en embuscade et Hamilton est blessé. C'est l'autre éclaireur d'origine TCHETCHENE qui le sauve en l'emportant sur son dos sous les balles ennemis.Depuis HAMILTON et MARKOV sont devenu comme des frères. Mais Markov quitte la légion sans papiers et sans honneur et rejoint sa famille qui vit à Paris dans la clandestinité alors que le Français Hamilton qui veut rester dans la légion est en convalescence.

Deuxième partie:Le héros est devenu un sans papier avec un fils qui le connait peu.Il mène la vie des étrangers en situation irrégulière qui cherche à s'en sortir. Hamilton ne réussit pas à le convaincre de repartir avec lui dans la légion étrangère car il ne veut pas abandonner encore une fois son fils.Pour l'aider à s'en sortir, Hamilton lui donne ses papiers d'identités;

Troisième partie Markov meurt subitement et Hamilton se retrouve avec son fils orphelin. Dans un premier temps il pense à l'abandonner à son triste sort car il veut toujours retourner dans la légion. Il finira par comprendre qu'il ne sera jamais heureux s'il abandonne cet enfant alors que son père avait risqué sa vie pour le sauver sans que rien ne l'oblige. Il se résout à affronter sa solitude et a porter un autre regard sur la vie.

Ce film démontre qu'il est toujours possible de tirer des enseignements utiles de l'histoire même lorsqu'elle relève de la mythologie antique et que le cinéma peut être un outil qui a sa raison d'être. N'est pas grand homme qui veut; il ne suffit pas d'imposer aux autres une gouvernance sans partage.

Sarah LEONOR a évité le pastiche du super héros. Elle a fait un travail de réflexion en profondeur.Son casting est très judicieux avec Jérémie Renier qui est en train de faire sa place comme vrai grand acteur et deux acteurs amateurs tout aussi excellents.

Son film est une création qui mérite d'être vue par un large public sensible au sens des choses

Durée du Film: 1H 47