CINEMA - LES INNOCENTES : LA FOI NE SUFFIT PAS TOUJOURS

Quand des filles rentrent au couvent en quête de l'amour de Dieu, elles renoncent à l'idée de maternité pour se plier à la vie communautaire, en gardant une partie de leur personnalité dissimulée sous une tenue religieuse sans que pour autant la foi soit tout de suite une évidence et ne le sera peut-être même jamais. Pour autant, elle ne croient pas avoir renoncé à être heureuse dans cette vie là. Aussi quand s'abat sur elles un acte criminel comme l'est le viol avec ses conséquences et qu'elles ne trouvent pas sur place le secours et l'assistance dont elles ont besoin et que celle qui les commande refuse toute aide extérieure, les conséquences peuvent en être désastreuse lorsque cela se transforme en maternité...

Le Film d'ANNE FONTAINE : "LES INNOCENTES" est certes une histoire de religieuses mais pas que:" La maternité, le questionnement sur la foi étaient des thèmes que j'avais envie d'explorer. Je voulais aller au plus près de ce qui se passe à l'intérieur des êtres; raconter l'indicible. La spiritualité est au coeur de mon film. Le couvent n'est pas un monde unidimensionnel, figé. La fragilité de la foi demeure; la foi ne cimente pas forcement ceux qui en sont animés. Je voulais imprimer un temps particulier, contemplatif au couvent tout en préservant la dramaturgie du sujet. C'est un équilibre complexe à trouver tant au niveau du scénario qu'à celui du tournage. J'ai aussi restitué le fait que les soeurs s'accordent aussi des moments de paix où chacune donne libre cours à ses intérêts: lecture, musique, couture, conversation... Avec CAROLINE CHAMPETIER, chef opérateur, on a collaboré de manière très proche et très en amont nous avons effectués beaucoup de recherches iconographiques et beaucoup de travail sur les couleurs. On devait avoir l'impression d'être dans un tableau; nous pensions bien sur aux Madones à l'enfant du quattrocento, tout en insufflant du mouvement à la mise en scène, l'air devant circuler. j'ai fait un mois et demi de répétition, comme au théâtre, pour que les actrices s'approprient le sujet et le lieu."

Ce film est inspiré des notes du médecin de la croix rouge MADELEINE POULIAC qui a exercé en Pologne à la fin de la seconde guerre Mondiale. Le scénario a été réalisé par SABRINA B KARINE et ALICE VIAL.

1945: Dans un hôpital sous l'égide de la croix rouge, on accueille les rescapés Français des camps avant de les rapatrier. Il y a là une jeune interne fraîchement nommée; MATHILDE BEAULIEU (lou de l'AAGE):"Elle devait être mièvre, ne serait-ce que par le métier qu'elle exerce et il fallait une certaine visibilité de caractère, ne pas trop s'attendrir et faire ressentir le questionnement métaphysique qui va modifier le personnage". Elle travaille avec un médecin juif qui a perdu toute sa famille dans les camps ; SAMUEL (VINCENT MACAIGNE) facilement sarcastique qui sous une sécheresse apparente dissimule son humanité.

C'est l'hiver, il neige et à des kilomètres de là, séparé par la foret et par une division de l'armée rouge qui campe après la victoire, Un couvent polonais dans lequel vivent reclus une trentaine de religieuses bénédictines sous la direction d'une Mère supérieure (AGATA KULESZA) qui veille à ce que les règles internes soient respectées et que rien ni personne ne sorte ou rentre. Un jour pourtant Soeur MARIA (AGATA BUZET) qui parle quelques mots de français enfreint la règle et traverse la forêt pour aller demander de l'aide à la croix rouge. Elle rencontre Mathilde qui sur le coup refuse elle aussi d'enfreindre les règles de l'hôpital:Ne soigner que des français. Puis voyant la détresse de cette soeur part avec elle au couvent. En route, elle apprend qu'un officier de l'armée rouge qui a libérée la Pologne des nazis allemands a autorisé ses soldats à violer les soeurs du couvent en récompense de leur bravoure. 7 depuis sont tombées enceinte et sont sur le point d'accoucher, d'autres ont été tuées. Maria n'a jamais procédé à un accouchement et si cela se complique elle n'est pas trop sure de savoir pratiquer une césarienne. Certaines soeurs sont heureuses de la venue de Mathilde, d'autre plus réticentes préfèrent à la limite accoucher seule dans leur chambre à même le sol. Maria va devoir rentrer le matin à l'hôpital après avoir traversée la forêt de nuit dans la neige en évitant de se faire prendre par une patrouille de soldats et revenir après son service...

MARIA et MATHILDE Sont des femmes de culture différente;Maria croit en Dieu et Mathide est rationaliste; ses convictions sont celles des communistes et quand le médecin l'interroge sur ses convictions politiques elle répond:"il faut bien croire en quelque chose". Cette intervention extérieure va non seulement rapprocher Maria et mathilde mais aussi bouleverser l'attitude des soeurs qui vont passer outre l'attitude verrouillée de la mère supérieure qui dit :"je me suis perdu pour vous sauver" , ce ne sera plus une qui décide pour tout le monde mais toutes ensembles et à la fin de cette histoire elles comprendront qu'il y a dehors des innocents qui ont aussi besoin d'être secouru. Même quand on vit une époque troublée l'amour doit triompher pour que la vie puisse continuer "Les innocentes" est un film grave qui montre qu'à chaque conflit les adversaires ne se contentent toujours pas, hélas, de tuer des innocents civils et c'est aussi valable pour les pays dit démocratiques.

Anne FONTAINE, comme l'a dit quelqu'un," a cherchée le sens et la vérités des choses. l'essentiel n'est-il pas en fin de compte l'Amour,la clé de l'existence même dans les pires circonstances?

Durée du film : 1 h 55

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Comments

[dasola]

Bonjour Alex, j'ai aimé ce film pour l'atmosphère et la lumière. En revanche, je m'attendais à être peut-être plus remuée mais la fin m'a plu. Bonne après-midi.

[Valérie]

J'ai très envie de voir ce film.