CINEMA - JULIETA : SENTIMENTS DE FEMME

On est en plein Cannes et puisque il sort sur nos écrans des films même en compétition, pas la peine de se géner pour nous transformer en Jury et on verra au final si on aurait fait aussi bien qu'eux.

ALICE MUNRO est une auteur canadienne de nouvelles ."FUGITIVES" est un recueil de trois courtes nouvelles séparées dont les titres  annoncent bien la couleur: "HASARD" - "BIENTÔT" - "SILENCE", et qui a retenu, en 2011, toute l'attention du bouillant Espagnol PEDRO ALMODOVAR. L'Espagne et le Canada ce sont deux cultures totalement différentes sans doute liées aux climat. Aussi on comprend que le réalisateur ait eu du mal à songer  dans un premier temps à l'adaptation au cinéma de "Fugitives": "le style de l'écrivaine canadienne dans cette discipline est carrément à l'opposé de la littérature du cinéma. transcrire cette histoire comme une histoire espagnole relevait de l'impossible. Je me suis contenter de faire ma "julieta" en hommage à la nouvelliste canadienne . j'ai fait un scénario avec les trois histoires ensemble intitulé dans un premier temps "SILENCIO"... j'ai inventé ce qui manquait" et d'ordinaire ça marche car Pedro est un adaptateur astucieux. Il a quand même cherché à rester fidèles avec les points importants de ces trois nouvelles. Au début de son film "JULIETA" le personnage central de son histoire s'apprète, à 50 ans, à quitter Madrid et son logement luxueux pour aller définitivement vivre au Portugal. Le hasard veut qu'elle rencontre Bea qui lui apprend qu'elle a revue sa fille ANTIA avec qui elle avait été amie d'enfance une semaine avant alors que juliéta ne l'a plus revue depuis une Douzaine d'années et n'a plus de ses nouvelles depuis alors qu'elle vit toujours en Espagne. Cette nouvelle va lui faire changer ses projet ; elle revient à Madrid mais s'installe dans un appartement moins luxueux

 

Elle décide d'écrire une lettre à sa fille pour lui expliquer où et quand elle est née car elle pense la revoir BIENTÔT. Pour cela elle se projète 20 ans en arrière. Ça a commencé dans un train (la passion d'ALMODOVAR); dans le wagon où elle lit pour passer le temps, un homme assis en face d'elle essaie d'entâmer la conversation, ce qu'elle refuse. Fatigué par cet homme, elle part se détendre au comptoir du vagon restaurant. C'est- là quelle rencontre Xoan (DANIEL GRAO) un pêcheur de galice dont la femme est dans le coma. Elle décide de passer le reste du voyage et toute la nuit avec lui et cède à un amour torride d'où est née 9 mois plus tard ANTIA. Quand la femme de Xoan décède, elle vient habiter dans sa belle demeure mais ce quelle ignore c'est que Xoan est un amoureux passionné qui n'a pas totalement rompu avec son autre maîtresse AVA (INMA GUESTA) qui fait de la sculpture locale. Je vous passe les relations difficiles avec les parents. Antia grandit et a avec sa mère une relation de passion. A 18 ans soudain cette fille qui papillonne décide soudain de partir faire une retraite religieuse dans la montagne. Lorsque sa mère constatera sa disparition, elle essaiera de la retrouver, y compris en engageant un détective privé, en vain. Et depuis c'est le silence. la fin de ce film ne peut relever que du drame "pas du mélodrame" prévient Pédro ,"un drame avec un parfum de mystère".

L'auteur spécialiste de films baroque kitsch, après une coupure de trois ans, le temps de digérer l'échec commercial de son dernier film, a semble-t-il voulu faire un film plus classique pour son retour; oubliés les gags surréalistes, les scénarios extravagants,place au langage hyper stylisé. Sa passion pour les trains lui a quand même fait découvrir que les trains de 20 ans en arrière, même avec 2 classes, n'étaient pas si spacieux que cela, surtout pour faire des galipettes.

Les critiques les plus basiques ont trouvé le film froid, complexe dépourvu d'émotions, décousu avec pas grand chose questions émotions.  Même si le dénouement reste violent c'est pour eux dans l'ensemble trop sobre et très loin des chefs d'oeuvres du PEDRO ALMODOVAR d'antant.

Les fans, eux, ont surtout insisté sur le parfum de mystère qui se dégage. Son film traite de la douleur que provoque la disparition brutale d'un être cher sans que l'on ait jamais l'ombre d'une explication et s'il est pas mort, ce qui est devenu, pourquoi? même si c'est courant chez les humains, ce silence et cette incertitude restent inacceptables pour les proches. Pour eux, la longue scène dans le train est une scène métaphorique où Julieta rencontre les 2 pôles de l'existence humaine: la MORT et la vie avec pour répondre à la mort un amour physique torride d'où  naîtra ANTIA une jeune mère de famille qui a coupé avec le passer pour mener sa vie. C'est différent que de faire une satire de la société espagnole à une époque de grande crise.

A vous de vous faire votre opinion sur ce film, mais vu les réticences du public espagnol depuis le 5 avril, il est peu probable que ce film remporte une palme ; les deux actrices espagnoles EMMA SUAREZ (julieta à 50 ans) et ADRIANA UGARTE (julieta à 30 ans) n'auront pourtant pas démérité (Almodovar avait des craintes sur le travail des maquilleuses pour vieillir une seule actrice.).

Certains diront que la déception du public espagnol est surtout dû à la trahison du réalisateur Espagnol, homme de gauche que l'on pensait intègre, et qui de 91 à 94 (alors qu'il connaissait un extraordinaire succès avec ses films) avait, avec son frère Augustin ouvert des comptes olfshore gérés par une firme Panaméene (Mossack Fonséca) des îles vierges britannique; scandale aujourd'hui connu sous "la panama papers"?

Durée du  film : 1 h 39

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Comments

[dasola]

Bonjour Alex, et bien je ne suis pas espagnole et j'ai trouvé le film magnifique tant sur le fond que sur la forme. La séquence du train où Julieta rencontre Xoan pour la première fois est un modèle du genre. Bonne journée.

[dasola]

Bonjour Alex, j'ai vu la BA qui m'a plu et j'irai donc voir ce film malgré les "bémols" et la polémique sur les "Panama papers" et peut-être le reste. En tout cas, c'est un film qui ne laisse pas indifférent semble-t-il. Bon lundi.