CINEMA - LAYLA IN THE SKY : ETRE VULNERABLE et ENCEINTE N'EST PAS COMPATIBLE

MICAH MAGEE est une jeune réalisatrice qui pour son premier film ne veut pas oublier qui on est vraiment quand on est une jeune fille ado enceinte :"Ado on fait l'amour avant que la sexualité ait un sens pour soi. On commence tout juste à s'approprier son corps, on se retrouve obsédé par le sexe car c'est une nouveauté que l'on voit partout autour de soi. Alors trop souvent on culpabilise autant qu'on nous culpabilise en nous disant que c'est mal; qu'il faut en avoir peur. La conséquence souvent tragique c'est qu'il y a aucune vraie éducation sexuelle, ni accompagnement dans la découverte."

Micah est une américaine dont des membres de sa famille vivent encore au TEXAS. Elle a quitté le Texas pour étudier la réalisation de films à BERLIN; son film de fin d'étude "Coming Home" est remarqué pour sa fluidité. Mariée au Danois JOHAN CARLSON qui a une petite société de production qui sert de coopérative pour des réalisateurs Berlinois, elle réalise plusieurs court métrages "Heimkomman","Success" et ""HEAT" tout en étant programmatrice d'une radio pirate puis journaliste dans la presse écrite. En 2014, elle franchit le pas pour tourner son premier long métrage "LAYLA dans le ciel". Son mari assurera la production. Pour palier au manque de moyen, on réunit une petite équipe de technicien amis et comme l'histoire se déroule à San Francisco le casting est fait d'habitants du Texas qui acceptent de vivre en internat pendant le tournage sauf pour la jeune adolescente de 16 ans DEVON KELLER qu'elle a choisi parmi un millier de candidates car ses parents ont été longtemps réticents sur sa capacité à jouer un premier rôle alors qu'elle n'a jamais fait de cinéma mais aussi parce que le tournage va perturber sa scolarité.

Forcement que ses origines facilitaient le choix des lieux du tournage. San Antonio est la deuxième ville où il y a le plus d'adolescentes enceintes dans l'année. Là bas on trouve, comme elle dit, des lycées que les architectes ont conçus comme les prisons qu'ils bâtissaient, on trouve beaucoup de caravanes d'habitations et de bars où on écoute du rock. Alentour, il y a des chantiers à l'abandon et des parcs d'activité au milieu des champs. Tourner dans ce milieu c'est aussi s'exposer aux serpents à sonnettes, aux piqûres de fourmis, aux insolations dans les barres rocheuses : "Parfois on a quelque chose à exprimer et peu importe que l'on n'ait pas tous les moyens pour le faire, on trouve toujours le moyen de l'exprimer...Mon film est en grande partie autobiographique mais ça reste une fiction construite à partir d'éléments d'histoire et de personnages imaginaires pris n'importe où... Je m'intéresse au langage cinéma plus qu'à la dramaturgie. La structure est proche de la ballade... J'ai essayé  d'explorer l'écart qu'il y a entre l'ambition que l'on peut avoir pour soi et le moment où tout cela n'a plus d'importance parce qu'on est coincé et obligé de capituler. C'est ce sentiment d'accablement et de conscience qui fait que la vie nous pousse dans des directions que l'on aurait pas toujours choisi."

Côté histoire: Layla est une jeune étudiante de 17 ans brillante que son ami, un drogué DAMMY, a mis enceinte. Quand elle l'explique à ses parents, ses derniers qui font parti d'une communauté qui refuse l'IVG lui refusent d'avorter . Elle se fâche et part habiter chez sa grand mère mais renonce à perdre son enfant. Le problème c'est que cela remet en cause son entrée à l'université où elle était inscrite. Comme elle n'est pas une fille à capituler, elle décide de travailler dans des petits boulots, un église, téléphoniste puis serveuse et en dehors elle s'occupe de sa mamie. Elle essaie de garder la vie normale d'une ado de son âge : sorties en boites avec les copines et trouve même un copain Aaron qui est différents des autres jeunes et surtout plus mature que le père biologique de son bébé, jusqu'à ce qu'un évènement dramatique vienne encore tout bousculer sans mettre fin à sa volonté de toujours rebondir et d'avancer...

"La honte liée à son "erreur", ou le poids qu'elle porte dans la société ne m'intéressais pas; c'est déjà assez compliqué d'être une jeune fille. Avec la grossesse le corps se modifie sans arrêt. J'ai essayé de filmer de sorte que le corps de Layla devienne celui du spectateur, j'ai voulu aussi souligné la lucidité accrue de Layla dans cet environnement ou personne n'a le droit d'être vulnérable".

Durée du film 1 h 33.

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