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14 novembre 2011

CINEMA- L'ORDRE ET LA MORALE: DENIS DE JUSTICE

ouveaMATHIEU KASSOVITZ revient avec un film qu'il a mis dix ans à cogiter. "L'ORDRE ET LA MORALE" est tiré de ce qui s'est passé en mai 1988 en Nouvelle-Calédonie. Un moment d'histoire qui rappelle que lorsque les politiques d'un gouvernement font appel à l'armée pour résoudre un problème politique, la Démocratie vole en éclat.

Éviter de traiter cette histoire comme un fait divers et respecter la vérité pour essayer de donner à comprendre comment on en est arrivé à de telles extrémités. C'était le leitmotiv de ce réalisateur qui n'a pas pour habitude de faire des films spectacles qui caresse le spectateur dans le sens du poil.

Il s'est servi d'une enquête publiée par les droits de l'homme pour son scénario, sans aborder les comptes rendus des médias de l'époque régentés par l'Elysée qui pour justifier le déploiement des forces armées sont allées jusqu'à parler de Décapitations et de viols menés par les preneurs d'otages (une tribu d'indépendantistes Kanack). Son but était de garder à son film le caractère de document le plus précis possible en dressant la psychologie des personnages confrontés à leur propre conscience.

KASSOVITZ est un cinéaste de conviction, pas un reporter caméramen qui reste contemplatif sur ce qui se passe. Comme il dit, il va au bout de ses idées en essayant de rester lucide et de garder la tête froide pour amener la discussion afin que les gens se posent les bonnes questions. Il a pris le role principal de PHILIPPE LEGORGUS, commandant du GIGN, pour "authentifier sa démarche", mais ajoute-il "en respectant le point de vue du commandant".

En mélangeant des acteurs confirmés avec des débutants, des habitants locaux et des militaires qui ont été directement impliqués, il a voulu mettre "tout le monde en danger" IAPACAS qui tient le rôle du meneur KANACK ALPHONSE DIANOU rappelle que Mathieu est un réalisateur qui n'a pas forcement une mise en scène préparée à l'avance "il peut réécrire toutes les scènes et refaire le scénario...mais il laisse les gens prendre leur temps et la mesure de leur travail".

Kassovitz n'est pas non plus du genre à se servir de la musique pour amener l'émotion et faire pleurer. Malgré un budget conséquent (15 Millions d'€) il a du se passer de l'appui logistique de l'armée qui redoute d'avoir à cautionner des faits qui ne donnent pas une image de defenseur de la Nation.

Il a dû aussi renoncer à tourner sur place pour ménager les susceptibilités d'une frange d'anti indépedantistes.

C'est CHIRAC alors premier Ministre du gouvernement de  coalition qui avait pris la décision, avec Bernard PONS comme ministre DOM/TOM, de faire intervenir l'armée avec le GIGN pour cette mission qui avait été avalisée par MITTERAND. Après la réélection de ce dernier ROCARD avait été nommé premier Ministre. Une Négociation s'était menée à Matignon qui avait aboutit à un accord avec l'amnistie pour les Kanacks du FLNKS. 

 Dans un interview ("le Journal du Dimanche") Rocard donne son ressenti: "il y a toujours une forfaiture de la part des politiques à demander à l'armée des missions pour lesquelles elle n'est pas faite et qui ne peuvent réussir.....C'est un peu une tache pour l'honneur de l'armée, mais elle était coincée..... L'accord de Matignon marque un cessez-le-feu, accompagné de modifications institutionnelles pour rendre la situation plus compatible avec la cohabitation de deux communautés qui se méfient et se rejettent ...Sans l'amnistie il n'y aurait pas eu d'accord".

Ce film ne fera sans doute pas l'unanimité même s'il a été récompensé par un jury de jeunes dans un festival (SARLAT) mais c'est toujours mieux que de garder le silence sur ce qui déplait dans notre Histoire.

*

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Commentaires
M
il faut percer l'abcès et rappeler l'Histoire. Ca n'est jamais mauvais. Les cinéastes français ont bien souvent du mal avec ces sujets guerriers, mais ça commence à venir. A+
G
C'est le film dont tu parlais sur mon bloug, n'est-ce pas ? <br /> Je ne l'ai pas vu, mais effectivement, je pense que ça me plairait.<br /> Et puis Kassovitz met ses tripes dans ce qu'il fait en essayant de ne pas tomber dans la facilité et le travestissement de la réalité qui peut en découler. Il a l'audace d'autre part de mettre le doigt sur des faits que beaucoup préféreraient voir rester dans l'ombre de la mémoire.<br /> Tout ça est toujours risqué, mais ça vaut le coup.
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