CINEMA- ICI BAS : QUESTION DE CONSCIENCE

JEAN PIERRE DENIS est un cinéaste autodidacte de 65 ans qui a fait ses classes en tournant y compris en Occitan avant d'obtenir en 1980 la caméra d'or de Cannes pour son film "Histoire D'ADRIEN". C'est  aussi un cinéaste qui continue d'encourager la production de film d'art et d'essai. Il a travaillé 5 ans à la préparation de son film "ICI BAS": " suite à ma rencontre avec des résistants en vu d'un documentaire sur les maquis en Périgord, j'ai découvert cette histoire qui m'a frappé par sa dramaturgie, par la richesse des questions existentielles, morale, politique, religieuse qu'elle soulève....Je ne reconstitue pas un fait divers, je m'inspire seulement du personnage pour comprendre comment on passe de l'amour de Dieu à celui des hommes et comment, abandonnée on plonge dans la désespérance?... c'est une fiction qui s'inspire de faits réels sans vouloir retracer l'affaire de la Soeur (Philomène) à l'origine du drame (34 résistants du Périgords executés)".

Ce film tourne autour de deux personnages qui ont été des religieux au service de Dieu, elle en tant que soeur infirmière dans un hôpital et lui prêtre dans une paroisse. Avec les èvenements de la guerre il décide de se mettre au service des hommes en rentrant dans la résistance qui est une autre façon de faire preuve d'humanité (comme elle qui soigne les blessés);deux façons d'honnorer Dieu. En se rapprochant de l'humain ils se font rattraper par la vie avec ses forces et ses faiblesses car c'est plus compliqué que l'amour pour Dieu seul. Si lui continue à être cohérent avec lui même, sa façon d'aimer cette religieuse au point de lui faire quitter le voile puis de l'abandonner pour une autre infirmière va conduire la soeur à l'irréparable. Dans la réalité sa dénonciation l'a conduite à être executée en 1944 (A-t-elle refusée une idée d'arrangement?).

Même s'il n'avait pas un budget extra ordinaire pour tourner un film d'époque, Denis a bénéficié de quelques aides avec la productrice M. C ARBAUDIE qui est rédactrice en chef du"film français" et chargée du cinéma au ministère de la culture. Il y a eu aussi les aides de la Region, du Conseil Général et de la ville de Périgueux. L' Eveché a apporté son concours pour la partie religieuse ainsi que le musée militaire de Perigueux et une association qui a fourni les camions militaires allemand de la seconde guerre. Autant dire que cela contribue à la diversification du Cinéma français de la meilleure façon,comme la musique bien dans le tempo avec clarinette, piano et violoncelle.

L'apport des comédiens est aussi précieux pour la crédibilité, ERIC CARAVACA et la Toute nouvelle CELINE SELLETTE (quoi que on l'a vue dans "Marie-ANTOINETTE" de sofia COPPOLA) entourés de comédiens de théâtre pour les seconds roles, le tout appuyé par des techniciens chevronnés, font que ce film est un long métrage de 1H 40 intérressant pour ce début d'année, qui se démarque des succés faciles.

Jean Pierre Denis a joué la carte de la sobriété  pour la mise en scène en évitant les passages qui auraient pu entraver le questionnement du spectateur. Rien n'est jamais tout noir ou tout blanc; c'est un film dense, pesant, avec ses forces et ses faiblesses. ICI BAS reste un drame qui montre que l'histoire reste l'affaire des hommes qui la font.

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